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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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le
Guépéou, demeure une figure énigmatique. De sa province natale affluent contre
lui des dénonciations qui aboutissent à son départ en 1926. Il disparaît
ensuite de l’horizon et sombre dans l’oubli. Le cinquième assistant de Staline,
Grasskine, n’a guère laissé de traces dans l’histoire. Venu de la Tcheka où il
est entré en 1918, il est recruté en octobre 1922 et mourra paisiblement
en 1972.
    Tovstoukha et Mekhlis sont entourés de secrétaires :
Boris Bajanov, monarchiste sceptique, qui s’enfuira d’URSS en 1929 et publiera
des souvenirs douteux sur ses prétendues fonctions de « secrétaire de
Staline [408]  » ;
à côté de lui Makhover, qui en 1924, couchant un soir avec la secrétaire de
Litvinov, l’informera de la date du soulèvement secret en Estonie ;
Staline lui dédiera ses Questions du léninisme avec cette dédicace
ironique : « À un grand diplomate dans les petites affaires. »
Le jeune ouvrier bolchevik Alexis Balachov qui la cite, complète l’équipe.
Devenu secrétaire de Tovstoukha, c’est un fidèle de Staline qu’il respecte « pour
sa persévérance, sa capacité de travail et son exigence ». Au journaliste
qui l’interviewera quelques semaines avant sa mort, à l’âge de 90 ans, et
qui lui reprochera d’avoir aidé à l’instauration d’une « dictature
effrayante, inhumaine », Balachov rétorquera : « Qu’est-ce que
vous croyez ? Que nous avons voulu cela, que nous sommes allés
consciemment dans cette voie ? Croyez-vous que Staline savait à l’avance,
avait calculé, mais se taisait un certain temps ? Nous voulions autre
chose, nous avions d’autres idées. Nous avons sombré dans cette fosse petit à
petit, de façon quasiment insensible. » Pour lui, ce sont les événements
et l’appareil qui ont façonné Staline et non l’inverse. Mais Balachov souligne
en même temps : « Staline était un bureaucrate [409] . Tout devait
être décidé comme il l’avait établi. Mekhlis aussi était un bureaucrate, et
nous sommes tous devenus des bureaucrates. » Ce groupe des secrétaires et
de leurs adjoints s’attire vite dans les milieux politiques le sobriquet de « la
bande à Staline ». Dans une lettre à Ordjonikidzé, datée de la mi-août 1922,
Nazaretian s’en plaint déjà comme de « la dernière expression à la mode à
Moscou [410]  ».
    Le soir du 7 novembre 1937, Staline, en mal de
confidence, expliquera au secrétaire général du Comintern, Dimitrov, les
raisons de son succès : « Trotsky était, après Lénine, l’homme le
plus populaire dans notre pays. […] On nous connaissait alors peu, moi,
Molotov, Vorochilov, Kalinine. Du temps de Lénine nous étions des praticiens,
nous étions ses collaborateurs. Mais les cadres moyens, qui expliquaient nos
positions aux masses, nous soutenaient. Et Trotsky n’accordait aucune attention
à ces cadres [411] . »
Leur soutien avait des fondements matériels dont l’importance ne cessa de
croître au détriment de l’idéologie, réduite à n’être plus qu’un vernis.
    Trotsky répond aussi mal aux besoins de cet appareil que
Staline y satisfait à merveille. Pendant l’hiver 1920, nommé à la tête des
Transports, Trotsky cherche à « secouer » l’appareil, qui, routinier
par essence, a horreur des secousses. Trotsky lui apparaît, en outre, comme le
fauteur de discussions par excellence, l’empoisonneur public, qui, pendant le
terrible hiver 1920 et l’insurrection de Tambov, a lancé le fameux débat
sur les syndicats. Or, la querelle, dit-on, a mobilisé les énergies du Parti,
traversé par une « mauvaise fièvre », et débouché sur
Cronstadt !
    Revenant aux affaires en septembre 1922, diminué mais
lucide, Lénine découvre peu à peu que le Secrétaire général n’est plus le même
homme que six mois auparavant ou, plus exactement, n’occupe plus la même place
et joue un autre rôle. Il a quitté un exécutant, il retrouve un rival qui
affirme sa politique et son emprise, prudemment certes, mais fermement. Il
constate en même temps le développement exponentiel d’une bureaucratie dont il
avait cherché à traquer la routine et l’incompétence. Désireux de faire du
Conseil des commissaires du peuple, dont il était jusqu’alors le véritable
maître, un contrepoids à l’appareil du Parti, il demande le 11 septembre,
par lettre à Staline, de soumettre aux membres du Bureau politique le projet de
nommer Trotsky et

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