Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
soldat de la
révolution allemande. Staline affirme d’un air doucereux : le Parti ne
peut envoyer au feu ses « chefs bien-aimés », qu’il ne veut en fait
pas voir se couvrir de gloire. La révolution allemande exacerbe les jalousies.
    Un regain d’espoir soulève les militants. Staline l’exprime
dans un message enthousiaste au dirigeant communiste Talheimer, publié dans le
quotidien du PC allemand, Die Rote Fahne : « La révolution qui
approche en Allemagne est l’événement mondial le plus important de notre temps.
La victoire de la révolution allemande aura plus d’importance encore pour le
prolétariat d’Europe et d’Amérique que la victoire de la révolution russe il y
a six ans. » Elle « fera passer de Moscou à Berlin le centre de la révolution
mondiale [468]  ».
Faut-il ne voir que phrases creuses dans cette reprise de vieilles déclarations
de Lénine ? Sans doute pas. Staline n’a pas encore inventé le « socialisme
dans un seul pays ».
    Trotsky y puise une raison d’engager le combat qui n’a
finalement pas eu lieu six mois plus tôt. Le 8 octobre, dans une lettre au
Comité central, il affirme la nécessité d’un « cours nouveau » pour
démocratiser la vie du Parti. Il dénonce le remplacement massif de l’élection
des responsables du Parti à tous les niveaux par leur nomination, et la
formation d’une vaste couche de permanents qui, une fois membres de l’appareil
dirigeant, « renoncent complètement à leurs opinions politiques
personnelles ou du moins à leur expression ouverte [469]  ». Une
déclaration de 46 vieux bolcheviks reprend ce thème : les militants
critiques, ou en désaccord, ne font leurs remarques qu’en privé, et encore à
condition d’être sûrs de la discrétion de leur interlocuteur. L’appareil
bureaucratique étouffe toute discussion, mais sera inapte à faire face à une
crise.
    En Allemagne, au dernier moment, la direction du parti
communiste, lâchée par les sociaux-démocrates de gauche dans les deux länder qu’ils
gouvernent ensemble, annule l’insurrection prévue. L’espoir de la révolution s’éteint
dans un fiasco. Le désarroi gagne les militants russes, depuis six ans dans l’attente
d’une révolution, au moment même où les ouvriers, en URSS, protestent contre
les retards de salaires et les hausses de prix. En octobre, le Guépéou recense
217 grèves qui ont mobilisé 165 000 travailleurs…
    Staline fait d’abord condamner, fin octobre, la démarche de
Trotsky et des « 46 » comme fractionnelle, puis, par un apparent
revirement, fait décider l’ouverture d’un débat public. Le 5 décembre,
après une âpre discussion dans la chambre de Trotsky, malade et fiévreux, où se
déroulent à cette époque les réunions, le Bureau politique adopte un texte
affirmant, avec mille circonlocutions, la nécessité de démocratiser la vie du
Parti. Mais Staline, au cours d’une réunion à Moscou trois jours plus tôt, s’est
fait menaçant : « Dépasser une certaine limite dans la discussion c’est
constituer une fraction, et donc diviser le gouvernement. Or, diviser le
gouvernement c’est détruire l’Union soviétique [470] . » Le
Bureau politique du 8 explique : Staline n’a violé l’accord passé fin
octobre sur le refus d’évoquer les textes de Trotsky et des « 46 »
que pour purifier à Moscou le climat du Parti, pollué par une discussion dont
les premiers échos ont plongé les triumvirs dans l’angoisse et les ont poussés
à ressouder leur unité mise à mal l’été dernier. Pendant la réunion, Zinoviev
remet à ses alliés une note : « Si nous ne construisons pas immédiatement notre véritable fraction archisecrète, tout est perdu. » Et il propose aux
intéressés de se réunir le lendemain en banlieue, chez lui ou chez Staline,
pour constituer cette fraction secrète contre Trotsky. « L’attente
équivaut à la mort [471] . »
    Ce même jour, Trotsky, refusant de se laisser ligoter par un
accord bafoué par ses adversaires, rédige un long article, intitulé « Cours
nouveau », que Boukharine bloque deux jours à la Pravda, puis finit
par publier le 11. Il y dénonce le danger d’une dégénérescence de la vieille
garde bolchevique à l’image de celle de la social-démocratie et affirme : « Le
Parti doit se subordonner son propre appareil, sans cesser d’être une
organisation centralisée [472] . »
Cette exigence dressera inéluctablement

Weitere Kostenlose Bücher