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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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tout [464]  ». Jusqu’où
iront-ils ?
    Staline et Zinoviev ont, en outre, sur le bouleversement
révolutionnaire qui s’annonce en Allemagne des idées bien différentes, où
Zinoviev semble n’apercevoir que des divergences tactiques. Pour lui, « la
crise en Allemagne mûrit très vite. Un nouveau chapitre de la révolution
allemande s’ouvre. Cela posera très vite devant nous des tâches grandioses… [465]   ».
Staline n’est pas du tout de cet avis. Le 31 juillet, Zinoviev écrit à
Kamenev : « Pour Staline, la révolution n’est pas du tout à l’ordre
du jour. » En effet, il affirme : « Si aujourd’hui en Allemagne
le pouvoir, pour ainsi dire, s’effondrait et que les communistes le saisissent,
ils s’effondreraient avec fracas […]. Il nous est plus avantageux que les
fascistes attaquent les premiers, cela unira toute la classe ouvrière autour
des communistes […]. À mon avis, il faut retenir les Allemands et non les
stimuler [466] . »
Il esquisse ainsi la tactique qu’il imposera au Parti communiste allemand entre
1929 et 1933. Les « fascistes », en 1923, étaient pourtant bien moins
forts que les communistes. Mais Staline cherche toujours à temporiser. À l’inverse
de Napoléon qui disait : « On s’engage et puis on voit »,
Staline dirait : « On voit et on ne s’engage pas… », sauf si les
événements lui mettent l’épée dans les reins. Il passe alors du louvoiement à l’agression,
en un brutal zigzag.
    Il se préoccupe d’abord des intrigues de sommet. Le 9 août,
le Bureau politique, où il présente un bref rapport sur l’Allemagne, vote son
départ en congé. Mais le 12 août, la grève générale en Allemagne renverse
le gouvernement de l’homme d’affaires Cuno, remplacé par un gouvernement
Stresemann comprenant quatre ministres sociaux-démocrates, qui ne parvient pas
à enrayer l’effondrement du mark. Le 17 août, Staline descend finalement à
Kislovodsk. À son retour à Moscou, feignant la conciliation, il fait décider
par le Bureau politique d’introduire au Bureau d’organisation Boukharine,
Zinoviev et Trotsky, peu rompus à ce type d’organisme administratif. Le 25 septembre 1923,
le Comité central élit au Bureau d’organisation Zinoviev et Trotsky, plus deux
suppléants dont Boukharine. Aucun ne s’y rendra jamais. Le Secrétariat reste l’épicentre
du pouvoir. Le Bureau politique discourt, le Secrétariat décide.
    Cette première querelle de famille conforte Staline qui
marque son territoire : alors qu’il n’a encore jamais participé à l’activité
du Comintern, il fait donner son nom à l’université communiste des travailleurs
de l’Orient, qui forme des cadres communistes de Chine, d’Inde, du Japon, etc.
C’est la première université Joseph-Staline du monde. Le choix manifeste un
certain flair politique : Staline sent qu’il se prépare quelque chose dans
cette partie du monde.
    La fronde de Kislovodsk est un moment-clé : Staline y
fera allusion au XIV e  congrès du Parti, en décembre 1925,
lorsqu’il prétendra avoir alors déclaré que « si les camarades
insistaient, il était prêt à libérer la place sans faire de bruit, sans
discussion, publique ou interne, sans exiger de garantie des droits de la
minorité ». Il déformera le contenu des lettres de 1923, en prêtant aux « comploteurs »
de Kislovodsk la volonté imaginaire d’écarter de la direction du Parti
Kalinine, Rykov, Tomski, Molotov et Boukharine, sans qui, dit-il, « il
était impossible à ce moment-là de diriger le Parti [467]  ».
    L’appareil, pourtant rétif aux débats, va trouver par deux
fois en un an un motif à se rassembler contre Trotsky derrière Staline. À l’automne 1923,
l’Allemagne semble bien au bord de la révolution attendue. Le secrétaire du PC
allemand Brandler demande aux Russes de leur envoyer Trotsky pour diriger l’insurrection
dans leur pays, fixée à la date anniversaire de la révolution russe, le 25 octobre.
Staline a d’autres soucis : au Comité central du début octobre, il propose
d’élargir le Comité militaire de la République en y faisant entrer, outre lui-même,
Vorochilov, Ordjonikidzé et Lachevitch, un ami de Zinoviev. Trotsky, furieux,
propose de démissionner et de partir en Allemagne. Dans une déclaration
enflammée, Zinoviev, jaloux par anticipation des lauriers que le succès
vaudrait à Trotsky, s’offre aussitôt à l’accompagner comme

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