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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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et de
nominations autoritaires et solitaires de Staline. Il décide pour le Comintern
à la place de son président ; il a modifié le comité de rédaction de la Pravda sans avoir ni consulté ni averti Boukharine, son rédacteur en chef et membre
suppléant du Bureau politique. Staline avait pris cette décision à la suite de
l’indiscipline dudit comité. Le Bureau politique voulait renflouer les caisses
en rétablissant le monopole de la vente par l’État de la vodka, supprimé depuis
décembre 1919, lorsque le gouvernement avait interdit la fabrication et la
vente de toute boisson alcoolisée dépassant 12 degrés. Au début de janvier 1921,
la tolérance était montée à 14 degrés et, en décembre, à 20. On était
encore loin de la vodka. Trotsky, opposé au projet, avait ébranlé Ordjonikidzé
et Boukharine. Le 12 juillet, Staline avait fait décider par le Bureau
politique l’interdiction de publier le moindre article de discussion sur cette
question dans la Pravda, qui, le 15 juillet, publia un article de
Preobrajenski contre le projet. Furieux de ce défi à son autorité, Staline
avait démis le comité de rédaction et en avait nommé un autre.
    Zinoviev commente ces coups de force avec rage : « Nous n’allons plus supporter cela », puis, ne prenant pas la mesure de
la situation, conclut : « Si le Parti doit passer par une période
(vraisemblablement) très courte de pouvoir personnel de Staline, qu’il en soit
ainsi. Mais moi, du moins en ce qui me concerne, je ne suis pas décidé à
couvrir toutes ces cochonneries. » Et il ajoute : « En fait il n’y
a pas de troïka, il y a la dictature de Staline [460] . »
Vorochilov, Frounzé et Ordjonikidzé, dit-il, partagent en gros son avis. Ces
velléités d’indépendance seront éphémères.
    Le 3 août, Staline répond à Zinoviev et à Boukharine
par un billet moqueur et menaçant, où il affirme ne pas comprendre pourquoi ses
interlocuteurs « rouspètent ». Il aurait souhaité recevoir une petite
note claire et précise ; il est prêt à discuter si ses alliés pensent qu’il
est possible de continuer à travailler ensemble, mais il croit comprendre qu’ils
jugent la rupture inévitable ; qu’ils fassent ce qu’ils veulent, après tout !
Il se sent en position de force, et son post-scriptum raille avec un brin de
démagogie les vacanciers qui se reposent pendant qu’il travaille : « Vous
êtes des gens heureux : vous avez la possibilité pendant vos loisirs de
fabriquer toutes sortes de contes à dormir debout, d’en discuter, et moi ici je
traîne mon boulet comme un chien enchaîné, en geignant, et en plus c’est moi
qui apparais comme le "coupable". On peut exténuer n’importe qui
comme ça. Hé ! mes amis, vous vous la coulez douce [461]  ! »
Zinoviev et Boukharine veulent, dit-il à ses proches, désigner des commissaires
politiques pour le contrôler ; il refuse ; ses associés Roudzoutak et
Kouibychev aussi. Il réussit même à convaincre Kamenev que « Boukharine et
Zinoviev exagèrent [462]  ».
    Quatre jours plus tard, Staline, dans une longue lettre à
Zinoviev, demande à ses alliés de s’expliquer franchement : cherchent-ils
à destituer le Secrétaire général ? Avec impudence, il interroge : « Pourquoi
avez-vous besoin de faire des allusions à une lettre d’Ilitch sur le Secrétaire
que je ne connais pas ? » tout en affirmant qu’il « ne craint
pas les lettres » (qu’il connaît donc !) et ne chérit pas la place de
Secrétaire général. Il joue là la première scène à répétition d’une comédie de
la démission, en se déclarant « pour le remplacement du Secrétaire mais
contre l’instauration d’un institut de commissaires politiques [463]  ». Il est d’ailleurs,
rappelle-t-il, déjà contrôlé par trois organismes, le Bureau d’organisation, le
Bureau politique, le plénum du Comité central, cela suffit ! À ses
critiques, qui lui reprochent de régler les questions tout seul, il rétorque que
les copies de toutes les décisions prises sont transmises aux archives que les
membres du Bureau politique peuvent donc consulter pour savoir ce qu’ils sont
censés avoir décidé. Bref, il se paie leur tête ! Le 10 août,
Zinoviev et Boukharine réfutent point par point sa réponse et affirment que,
depuis la disparition de Lénine, « le Secrétariat du Comité central objectivement […] c’est-à-dire dans les faits […] décide de

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