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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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ordonne par télégramme aux deux
responsables du PC ukrainien à Kharkov, Tchoubar et Kossior, de faire ressortir
au tribunal « les tours de passe-passe médicaux qui avaient pour but le
meurtre de cadres responsables. […] "l’Europe" doit savoir que la
répression contre la partie contre-révolutionnaire des
"spécialistes", qui s’efforcent d’empoisonner et d’égorger les
patients communistes, est pleinement "justifiée" ». Le
déroulement du procès « de ces canailles contre-révolutionnaires »
sera mis au point « avec Moscou [633]  ».
    Staline transforme les médecins en empoisonneurs, les
ingénieurs en saboteurs et les opposants en trotskystes ou en agents de l’étranger.
Plus la diabolisation est simpliste, plus elle est efficace. Sur son ordre, le
Guépéou invente des organisations clandestines et subversives : un Parti
paysan du travail puis un Parti industriel. Le Guépéou fait « avouer »
aux inculpés du premier (Kondratiev et Tchaianov) qu’ils ont organisé de
multiples sabotages, tenté de renverser le régime, et ce, en liaison étroite
avec des organisations monarchistes émigrées, avec des services de
renseignements étrangers, avec Rykov, et même avec Kalinine, tous deux ainsi
placés au bout d’une chaîne de la trahison. De sa villa de Sotchi, Staline suit
minutieusement le montage et les développements du procès. À la fin d’août, il
écrit à Molotov : « Que Kalinine ait péché, cela est aujourd’hui
parfaitement établi. Il faut absolument en informer le Comité central pour que
Kalinine ne s’avise pas à l’avenir de frayer avec des gens louches [634] . » Voici
Kalinine neutralisé. Dix jours plus tard, il revient à la charge en précisant
son objectif : « Je suis d’accord – écrit-il comme s’il se
ralliait à une proposition… dont il est l’auteur – qu’il faut sanctionner
les communistes qui aidaient Kondratiev-Groman et compagnie, mais que faire
avec Rykov (qui incontestablement aidait ces messieurs) et Kalinine […] ?
Il faut sérieusement réfléchir à ces questions [635] . » Pour
accélérer la réflexion, Staline fait diffuser une brochure contenant les « aveux »
des accusés auprès d’une large couche de cadres…
    De Sotchi, toujours, il informe sa femme de ses graves
problèmes de dents au début de septembre ; le dentiste lui en arrache une
et lui lime les canines. À la fin du mois, il renouvelle l’opération sur huit
dents. La souffrance le met de mauvaise humeur.
    Le 13 septembre 1930, il écrit à Molotov : « Il
faudrait publier sans tarder toutes les dépositions des saboteurs de
la viande, du poisson, des conserves et des fruits […] – Et il
faudrait, une semaine après, publier un communiqué du Guépéou annonçant que
toutes ces canailles ont été fusillées. Il faut les fusiller tous [636] . » Une
semaine plus tard, le Bureau politique transforme en résolution cette
directive. Le 25 septembre, le Guépéou annonce l’exécution des
quarante-huit saboteurs imaginaires.
    La machine fonctionne à plein rendement. Huit jours après,
Menjinski informe Staline de la découverte d’un complot militaire… commandité
par Staline lui-même. Menjinski a fait arrêter un groupe d’officiers supérieurs
de l’Académie militaire, parmi lesquels Kakourine, auteur d’une Histoire de
la guerre civile, publiée en 1925, où Staline n’est cité qu’une seule fois.
Les deux principaux accusés affirment avoir intrigué avec Toukhatchevski. Le 24 septembre 1930,
Staline informe Ordjonikidzé que seuls Molotov et lui sont au courant de cette
affaire et lui demande de lire rapidement le dossier : « Il ressort
de ce document que Toukhatchevski a été sacrément travaillé au corps par les
éléments antisoviétiques appartenant au camp des droitiers. » Il feint de
s’interroger : « Est-ce possible ? Bien sûr, rien ne peut être
exclu [637] . »
    Deux jours plus tôt, il a proposé à Molotov de remplacer
Rykov à la tête du Conseil des commissaires du peuple et du Conseil du travail
et de la défense. Vorochilov, invité à donner son avis, propose naïvement à
Staline d’occuper lui-même la fonction de chef du gouvernement : « De
toute façon, lui écrit-il, la direction se trouve dans tes mains [638] . » Autant,
donc, aligner le droit sur le fait. Mais prendre la tête du gouvernement, c’est
assumer aux yeux de la population la responsabilité publique d’une

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