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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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politique
impopulaire. En se tenant en retrait et en maintenant la fiction d’une
distinction entre le Parti et le gouvernement, Staline se réserve une marge de
manœuvre. À la mi-octobre, Staline, Ordjonikidzé et Vorochilov confrontent
Toukhatchevski et ses deux accusateurs. Toukhatchevski en sort lavé de tout
soupçon, mais enrichi d’un dossier au Guépéou. Staline a fait comprendre à l’orgueilleux
maréchal que son sort dépendait de lui.
    À la fin de 1930, il parachève la liquidation de la « déviation
de droite » et la refonte des sommets de l’appareil d’État en ordonnant au
Guépéou d’organiser une série d’affaires de « sabotage », dont la
plus tapageuse est le procès public du prétendu Parti industriel (ou Promparti)
qui s’ouvre à Moscou le 25 novembre 1930. Ce parti, inventé de toutes
pièces, est accusé d’avoir préparé de nombreux actes de sabotage et la prise du
pouvoir, en liaison avec… Poincaré. Staline en suit la préparation au jour le
jour. Le 25 octobre, il donne ses instructions à Menjinski. Le Guépéou
fabrique un « centre unifié », rassemblant les pseudo-dirigeants du
Promparti et ceux du Parti paysan du travail et du « Bureau central des
mencheviks ».
    Tout au long de 1929 et de 1930, Staline a dénoncé le « menchevisme ».
Ce faisant, il poursuit trois fins : compromettre définitivement le
trotskysme, assimilé au menchevisme ; dénoncer les sociaux-démocrates (les
mencheviks, hostiles en 1917 à la révolution d’Octobre, appartiennent à la II e  Internationale) ;
se débarrasser de gêneurs qui n’en peuvent mais ; ainsi qualifie-t-il de
menchevik le comité de rédaction de la revue Sous le drapeau du marxisme, dirigée par le philosophe Deborine, spécialiste de Hegel, que Staline n’a
jamais réussi à lire malgré ses efforts ; Deborine, détesté de Staline
pour ses connaissances encyclopédiques, n’est pourtant nullement menchevik ;
il n’en sera pas moins bientôt limogé.
    En ce mois d’octobre 1930, le Guépéou fait avouer aux
anciens mencheviks qu’ils voulaient « ébranler par tous les moyens l’autorité
du chef du Parti, le camarade Staline ». Les interrogatoires ont surtout
pour but de glorifier la sagesse de Staline. Les accusés voulaient aider les
puissances étrangères à intervenir en URSS. Au début de la collectivisation et
de l’industrialisation, en effet, « le pays connaissait toute une série de
difficultés » que ces gens voulaient utiliser au compte de l’étranger,
mais après le « Vertige du succès » de Staline, tout s’est réglé,
comme par miracle : les campagnes se sont apaisées, les villes ont connu
un calme absolu, l’industrie s’est développée à un rythme régulier, « tout
le monde a compris que la crise se résorbait » et que l’intervention
militaire étrangère devenait impossible. D’Italie, Gorki, engagé dans une
correspondance avec Staline et Iagoda, se déchaîne contre son ami de 1917,
Soukhanov, qu’il n’est, écrit-il à Iagoda (qui, bien entendu, transmet la
lettre à Staline), nullement étonné de retrouver « sur le banc des
criminels de droit commun ». Il « voudrait beaucoup assister au
procès pour voir les gueules de ces "ex" [639] … » mais
craint de n’en avoir ni la force ni le temps. La fréquentation épistolaire de
Staline et de Iagoda n’enrichit, on le voit, ni l’inspiration ni le style de l’écrivain.
    Staline veut criminaliser toute forme d’opposition. Les
enquêteurs extorquent aux accusés du Parti paysan du travail l’aveu que
Boukharine a soutenu leur projet d’attentat contre le Guide, lequel s’empresse
de téléphoner ces aveux à Boukharine. Effondré, ce dernier écrit le même jour,
le 14 octobre 1930, une lettre affolée à « Koba ». « Tu
ne m’effraies pas et ne me fais pas peur », lui déclare-t-il, mais « les
accusations monstrueuses que tu m’as lancées indiquent clairement l’existence d’une
provocation diabolique, infâme et basse, à laquelle tu crois, sur laquelle tu
construis ta politique et qui n’annonce rien de bon, bien que tu m’aies anéanti
physiquement avec autant de succès que tu m’as anéanti politiquement ».
Pour Boukharine, Staline est donc abusé par les inventions provocatrices de
mystérieux inconnus. Il se demande ce que Staline peut réellement lui
reprocher : de ne pas « lui lécher le derrière […], de ne pas se
transformer en

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