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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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diffusion des analyses
marxistes, que la censure gouvernementale laisse d’abord s’exprimer, les
jugeant abstraites, jusqu’à ce que la police s’en mêle. Ainsi apparaît un marxisme
« légal », épuré de la lutte des classes et réduit à une théorie de l’évolution
économique fondant l’inéluctabilité du développement capitaliste de la Russie.
    En dix ans, le mouvement ouvrier passe de l’éducation
théorique et de la propagande à l’action, des cercles de formation à la grève.
Balbutiant en Russie, il s’organise à l’échelle internationale. Treize ans
après la dissolution de la Première Internationale, 394 délégués, dont 6 Russes,
réunis à Paris du 4 au 21 juin 1889, refondent ainsi l’Internationale
et proclament le 1 er  mai journée de manifestation universelle
pour les revendications ouvrières. À l’image du parti allemand, nombre d’autres,
dont le russe, prennent le nom de « parti social-démocrate ».
    À la fin de 1895, Lénine et Martov créent à
Saint-Pétersbourg l’Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière et
sont aussitôt arrêtés et exilés. Des unions de lutte, formées dans plusieurs
villes, passent vite de l’éducation et de la formation à l’agitation. En 1898,
neuf délégués de quatre unions et du Bund (parti ouvrier socialiste juif fondé
en 1897 en Pologne), réunis à Minsk, proclament le Parti ouvrier
social-démocrate de Russie (POSDR). Ils sont aussitôt arrêtés par la police.
    Pendant ces événements, à l’autre bout de l’Empire, le
séminaire façonne puis transforme lentement le caractère de Sosso. Il est
taciturne et se retire volontiers dans son coin pour lire. Il veut apprendre,
travaille avec acharnement et occupe, pendant trois ans, la tête de la classe.
La première année, il a de bonnes notes dans toutes les disciplines et reçoit l’autorisation
d’aller en vacances chez sa mère à Gori à la fin de décembre 1894. Le
registre disciplinaire fait état néanmoins de quelques menus écarts de conduite ;
ainsi le 21 octobre : « Joseph Djougachvili, en parlant fort et
en riant, empêche ses camarades de dormir [52] . »
Ni chahut ni indiscipline délibérée, Sosso se conduit comme un petit paysan
habitué au grand air et aux cris. Il a d’ailleurs 5 sur 5 en
conduite.
    En mai 1895, il finit huitième de sa section et est
admis dans la première division (celle des meilleurs élèves) de la classe
suivante. Il sollicite à nouveau l’archimandrite Sérafime. Rappelant sa requête
de l’année précédente, il insiste sur l’état de santé de sa mère et sur l’opposition
résolue de son père à sa scolarité : « Votre Éminence sait dans
quelle situation de pauvreté se trouve ma mère, à la charge de qui je me
trouve ; depuis trois ans déjà mon père [qui est donc toujours en vie] n’assume
aucun de mes frais pour me punir d’avoir poursuivi mes études contre son désir.
La vue de ma mère s’étant dernièrement détériorée, elle ne peut plus effectuer
les travaux manuels qui constituaient jusque-là son unique source de revenus et
payer les 40 roubles qui restent à ma charge. C’est pourquoi je me jette
une seconde fois aux pieds de Votre Éminence et lui demande très humblement de
me manifester son soutien en m’accordant une bourse complète [53] . »
    Mais il se prosterne en vain. Malgré ses bons résultats et
la misère de sa mère, sa requête est rejetée – comme celle des deux tiers
des 39 autres demandeurs, sans doute aussi démunis que lui. Cette année
scolaire 1895-1896 se passe néanmoins aussi bien que la précédente.
    Une véritable frénésie de lecture s’empare alors de lui. Il
lit tout le temps, même à table, la nuit à la bougie une fois le couvre-feu
sonné. Sa santé déjà assez fragile se détériore alors un peu plus. Il commence
à tousser. Il arrive souvent à Iremachvili de lui enlever un livre des mains et
d’éteindre sa bougie. L’air confiné des cellules et des dortoirs crasseux
affaiblit les séminaristes et favorise la diffusion de la tuberculose. Sa
maladie de poitrine, aggravée par ces nuits de veille, se ravive.
    Sa passion le porte un instant vers la poésie. En 1895, les
numéros 123, 203, 218, 234 et 280 de la revue littéraire Iveria ( L’Ibérie )
publient cinq poèmes écrits en géorgien. Le premier, paru le 14 juin 1895,
est signé I Dj-chvili, les autres Sosselo, diminutif de Sosso.

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