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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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que leur agonie rend étrangement
dangereuses, et à lutter contre l’encerclement capitaliste [713] . Il faut donc
développer le Guépéou et l’appareil judiciaire, dont les effectifs se gonflent
en effet de façon fantastique : ce dernier voit ainsi les siens passer de
816 000 individus à la fin de 1931 à 1 300 000 au 1 er  janvier 1934.
    Staline fait confirmer par cette réunion du Comité central
la décision prise le 10 décembre, par le Bureau politique, d’interrompre,
à compter du 1 er  janvier 1933, les adhésions au Parti et
de consacrer l’année qui vient à une épuration générale de ses rangs. La
résolution du Comité central s’en tient aux formulations générales : la
purge doit éliminer « les éléments peu sûrs, instables et les intrus ».
Mais la résolution de la commission de Contrôle du 28 avril, qui doit
mettre en route la mécanique, est, elle, beaucoup plus précise. Il s’agit d’exclure
tous ceux qui rechignent, même en silence, à mettre en œuvre la politique de
Staline ou traînent les pieds. Il faut chasser « les gens à double face
qui trompent le Parti en lui cachant leurs véritables aspirations et qui, sous
le masque d’un serment de fidélité au Parti, s’efforcent en réalité de faire
échouer sa politique [714]  ».
    Le vrai danger pour l’URSS se profile pourtant au-delà des
frontières du pays. Le 29 janvier 1933, Hindenburg nomme Hitler
chancelier du Reich. Les nazis sont au pouvoir. Le Comintern voit dans cet
événement la crise ultime du capitalisme, l’annonce de sa convulsion finale et
de la victoire prochaine de la révolution. L’organe du parti communiste
allemand, Die Rote Fahne, clame le 2 février 1933 : « Hitler
gouverne, mais le communisme avance. » En un mot, tout va très bien. Ces
fanfaronnades, cautionnées par Staline, en disent long sur l’aveuglement des
communistes. À la mi-février 1933, Molotov déclare à une conférence de
kolkhoziens : « La situation internationale de l’URSS s’est
considérablement améliorée. » Staline ne se contente pourtant pas de se
rassurer par des rodomontades. Le 4 mars 1933, un article des Izvestia affirme que l’URSS est le seul pays au monde à ne pas éprouver d’hostilité à l’égard
de l’Allemagne, « et cela indépendamment de la forme et de la composition
du gouvernement du Reich ». L’ouverture en direction de Hitler est nette.
Staline ordonne à Radek de maintenir des contacts étroits avec les conseillers
de l’ambassade allemande, Hilger et von Tvardovski (qui l’appelle dans ses
rapports « notre ami soviétique »), puis avec l’ambassadeur lui-même,
Brockdorff-Rantzau. En octobre 1933, il s’oppose au boycott du référendum
hitlérien par le PC allemand et le contraint à y prendre part, accélérant ainsi
sa démoralisation. Il dissimule ce service rendu à Hitler derrière la
forfanterie. En décembre 1933, le Comité exécutif du Comintern affirme qu’« une
nouvelle poussée révolutionnaire s’amorce en Allemagne [715]  ».
    Les soucis d’ordre intérieur sont néanmoins toujours
prioritaires. L’univers bureaucratique est constitué de clans qui tendent à se
transformer en féodalités, et dont l’affrontement permet, certes, à Staline de
jouer les arbitres au-dessus de la mêlée, mais qui menacent d’empiéter sur son
propre pouvoir. Le conflit qui éclate en août 1933 entre Staline et
Ordjonikidzé en est un signe.
    La basse qualité des produits soviétiques entrave leur
exportation et suscite le mécontentement de la population. Pour le détourner du
pouvoir, Staline organise régulièrement, depuis 1930, des procès pour sabotage.
Du 16 au 22 août 1933, plusieurs responsables d’organismes de
machines agricoles et d’une usine de Kharkov sont ainsi condamnés. Le 22, le
procureur Vychinski, dans un discours menaçant, met en cause les commissariats
du peuple à l’Agriculture et à l’Industrie lourde, dont dépendent les
organismes incriminés. L’ancien menchevik Vychinski, signataire en juillet 1917
du mandat d’arrêt lancé par le Gouvernement provisoire contre Lénine, paralysé
de peur devant Staline, n’a pu décider seul de menacer les responsables des
deux plus grands commissariats du peuple de l’Union. Il exécute une commande de
Staline, qui tire les ficelles en coulisses, depuis Sotchi précisément, où il
se repose. Ordjonikidzé et les autres membres du Bureau politique

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