Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
d’empoisonner
certains de nos camarades responsables. Bien sûr nous les avons arrêtées, nous
n’avons pas l’intention de les fusiller. Nous allons les isoler [788] . » Des
bibliothécaires déambulant avec du poison qu’elles n’administrent jamais à
personne, rien de tout cela n’étonne Romain Rolland, que Staline charge de
transmettre sa bonne parole aux intellectuels français démocrates. Ce qu’il
fera.
    Le 27 juillet, le collège militaire de la Cour suprême
juge à huis clos trente accusés de ce « complot du Kremlin », dont
Léon Kamenev. La mécanique des procès grince encore : 14 accusés
rétifs ne se reconnaissent coupables de rien, 10 se reconnaissent seulement
coupables d’avoir entendu et écouté des déclarations « antisoviétiques »
ou « calomnieuses » proférées par d’autres. Seuls 6 accusés,
dont le frère de Kamenev, avouent avoir nourri « des intentions
terroristes ». Ils sont tous déclarés coupables. Kamenev écope de 10 ans
de prison, les autres de 2 à 10 ans, sauf le secrétaire et l’intendant,
condamnés à mort et fusillés sur-le-champ. Cet événement marque une étape
décisive vers les procès de Moscou. Staline a réussi en effet à arracher à
Kamenev l’aveu qu’il est moralement et politiquement responsable du
terrorisme : « Peut-être dans les cerveaux altérés des inculpés telle
ou telle expression de mon mécontentement a pu prendre des dimensions
fantastiques, monstrueuses, explique-t-il. Si quelque part, ajoute-t-il, est né
un groupe contre-révolutionnaire qui aurait établi des plans de meurtre de
Staline […] je devrais dire : "Oui, je suis coupable et je dois en
porter la responsabilité." [789]  »
Ce demi-aveu est arraché à un homme manifestement brisé. Cette seconde
condamnation de Léon Kamenev et l’avalanche des procès en six mois annoncent
une nouvelle extension de la répression que Staline camoufle. Le 4 mai, il
a proclamé : « De tous les capitaux précieux existant dans le monde,
le plus précieux et le plus décisif, ce sont les hommes, les cadres […]. Dans
les conditions actuelles, les cadres décident de tout. » Il faudrait,
donc, semble-t-il, les protéger et les encourager. Mais la phrase a un sens
caché. Si les cadres décident de tout, leur sélection est essentielle. Les
mauvais doivent être éliminés.
    En même temps, Staline prend des mesures d’apaisement pour
dissocier les victimes de la purge en cours de celles de répressions
antérieures, lesquelles bénéficient alors de quelques concessions et d’améliorations
de leur sort. En juillet 1935, un décret blanchit le casier judiciaire des
kolkhoziens condamnés à moins de cinq ans de réclusion et qui, depuis lors, « travaillent
honnêtement et consciencieusement dans les kolkhozes ». En août 1935,
un décret ordonne la libération massive et la radiation du casier judiciaire
des peines des fonctionnaires condamnés en 1932, 1933 et 1934 pour diverses infractions
économiques. Un décret de janvier 1936 sur la vérification des
condamnations pour atteintes à la propriété sociale aboutit au réexamen de 115 000 affaires,
à la révision de plus de 91 000 condamnations et à la libération de 37 425 condamnés.
Cet assouplissement s’étend à la politique économique : une loi de mars 1935
permet ainsi l’élargissement des lopins individuels, qui, en 1937, en raison de
l’indifférence profonde du kolkhozien à l’égard de son travail servile au
kolkhoze, assureront plus de la moitié de la récolte de pommes de terre, de
légumes et de fruits du pays, et plus des deux tiers de sa production de lait
et de viande.
    Staline méprise le Comintern, à ses yeux simple instrument
de financement et de contrôle des partis communistes étrangers. Bien que membre
de son présidium depuis avril 1931, il n’assiste pas à son septième et
dernier congrès, tenu à Moscou du 25 juillet au 25 août 1935. Il
l’a préparé avec Dimitrov, qui en assume la direction publique. Il fait
désigner deux hommes du NKVD à ses organismes dirigeants : Trilisser,
alias Moskvine, élu au présidium, et surtout Iejov, élu au Comité exécutif,
avec Jdanov, Staline, Manouilski et Trilisser. Ce demi-illettré, jamais sorti
de l’URSS, ne balbutie ni ne lit aucune langue étrangère et parle à peine le
russe, mais est un spécialiste de l’épuration. Sa promotion annonce et prépare,
au sein du Comintern et de ses

Weitere Kostenlose Bücher