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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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octobre 1917 est, malgré sa capitulation de 1928, le symbole d’une
génération irrémédiablement marquée par son passé.
    Le Comité central de février est suivi partout d’un brutal
raidissement : jusqu’alors, les comités d’arrondissement pouvaient encore
tenter de défendre des militants accusés ; désormais, ce sera impossible.
Les bureaux du Parti siègent presque en permanence pour examiner les dossiers
des militants accusés d’activité contre-révolutionnaire ou de lien avec des
gens inculpés. Le NKVD fait accélérer au maximum les exclusions, pour ne pas
arrêter les militants, leur carte du Parti en poche. Mais le rythme des
arrestations surpassant celui des exclusions, le NKVD arrête bientôt les
militants en possession de leur carte qu’il transmet au comité du Parti
concerné, lequel exclut ensuite la victime. « Nous excluions
automatiquement, sans exprimer le moindre doute sur le bien-fondé des
arrestations [878]  »,
écrira la secrétaire d’un comité d’arrondissement de Moscou. Les collègues de
travail des personnes emprisonnées sont suspects pour ne les avoir pas
démasqués. Maria Svanidzé montre bien à quel point cette hystérie peut être
intériorisée. Le 5 mars, elle revient, dans son Journal, sur le procès de
janvier et note, rageuse : « Leur châtiment ne me satisfait pas. J’aurais
voulu qu’on les torture, qu’on leur applique le supplice de la roue, qu’on les
brûle pour toutes les infamies qu’ils ont commises [879] . » On ne
saurait mieux exprimer le caractère moyenâgeux de ces procès, dignes de l’Inquisition.
    Certaines de ses victimes, comme hypnotisées, acceptent de
voir en Staline la représentation mythique du Parti qu’il liquide : ainsi
Boukharine écrit à son « Koba », du fond de sa cellule de la
Loubianka, des lettres hystériques. Le 15 mai, il se répand : « Je
rêvais d’être plus proche de la direction et de toi, je ne le cache pas […]. J’avais
appris non seulement à te respecter de nouveau, mais à t’aimer chaleureusement. »
Staline ayant ironisé sur les « dix femmes » de Boukharine, ce
dernier rectifie : il n’en a eu que quatre et en a le plus souvent
souffert. Il évoque avec attendrissement le Comité central de décembre 1936,
au cours duquel Staline a différé la décision qui serait prise contre lui ;
quand il a expliqué tout cela chez lui, tout le monde a pleuré [880] . Boukharine
traduit ici avec son exagération coutumière le sentiment que Staline a réussi à
inspirer à des centaines de cadres : en dehors du Parti, incarné par lui,
point de salut face à la montée du fascisme, à la résistance paysanne, aux
menaces des pays capitalistes. Ils se laissent donc entraîner vers la mort en
répétant mécaniquement : « Ma conscience est pure devant le Parti »,
ne suscitant chez Staline que ricanements ou injures. Il griffonne ainsi « scélérat
et prostitué » en marge de la lettre que, avant d’être fusillé, le général
Iakir lui adresse pour lui dire : « Je mourrai en prononçant des
paroles d’amour pour vous, pour le Parti et le pays [881] . »
    Le 10 mai 1937, Staline frappe le corps des
officiers : il remplace les instructeurs politiques par des commissaires
militaires, qu’il définit comme « les yeux et les oreilles du Parti et du
gouvernement », soumis à la Direction politique de l’Armée rouge confiée à
Mekhlis. Les instructeurs n’avaient pour responsabilité que la propagande
politique dans l’armée, les nouveaux commissaires doivent surveiller les
officiers et faire sur chacun d’eux au moins deux rapports par an sans les
communiquer à l’intéressé. C’est la résurrection apparente d’une institution de
la guerre civile, mais dans une tout autre situation : les commissaires
politiques avaient alors été nommés pour contrôler l’innocuité politique d’ordres
donnés par des officiers issus de l’armée impériale. Le décret du 10 mai 1937
est publié après une vingtaine d’années de formation d’un corps d’officiers
rouges, où les rescapés de l’ancienne armée ne sont plus qu’une poignée ;
leur loyauté au régime est peu contestable, mais leur dévouement personnel à
Staline, il est vrai, incertain.
    Six semaines après avoir approuvé par consultation écrite l’arrestation
et l’exclusion de Iagoda, les membres du Comité central reçoivent de nouvelles
propositions d’exclusion : 4 du 17

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