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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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folle. Son zèle excessif l’avait
amenée à s’attaquer à la femme même de Postychev qui l’avait fait exclure du
Parti et avait freiné au maximum une réintégration imposée par Staline. « Nicolaienko,
dit-il, est un simple membre du Parti. Elle est du nombre des "petites
gens" ordinaires. Dans l’organisation du Parti de Kiev, elle avait dénoncé
l’esprit de famille, la façon étroite et mesquine de traiter les militants, l’étouffement
de l’autocritique, l’autorité des saboteurs trotskystes. On a cherché à se
défaire de Nicolaienko comme d’une mouche importune. » Or, pour Staline, l’examen
des faits a montré qu’elle avait raison et que les dirigeants de Kiev avaient
tort. « Et pourtant, reprend Staline, qui est cette Nicolaienko ?
Elle n’est évidemment ni membre du Comité central, ni commissaire du peuple, ni
secrétaire régionale de Kiev, pas même secrétaire de cellule ; elle n’est
qu’une simple militante du Parti [870] . »
    Personne ne demande à Staline pourquoi alors tant de ces
simples militants ont été et sont chassés du Parti. Malenkov lui avait remis un
document préparatoire à cette réunion. Il y soulignait l’existence, au début de
l’année 1937, de plus de 1 500 000 anciens membres du Parti
exclus lors des purges effectuées depuis 1922, surtout dans les années 1930.
Cas extrême, à l’usine de locomotives de Koloma, où le Parti comptait 1 408 membres,
le nombre d’exclus dépassait les 2 000. Cette masse de mécontents
potentiels doit être décimée en même temps que les indésirables du Parti.
    Le soir du 5 mars, dernier jour du plénum, Staline fait
voter par le Bureau politique l’arrêt du tournage du film d’Eisenstein, Le Pré
de Béjine, consacré à Pavlik Morozov. La raison avancée est « le caractère
artistique insatisfaisant du film et son inconsistance politique manifeste ».
Eisenstein avait tenté de contourner l’hostilité de Choumiatski, directeur du
Goskino, l’administration du cinéma. Pour ce faire, il avait utilisé la
présence à Moscou de l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger, invité à venir
glorifier le second procès. Eiseinstein lui avait fait projeter en privé la
partie déjà montée. Enthousiaste, Feuchtwanger donna une interview
dithyrambique à la revue L’Art soviétique. Eiseinstein avait osé montrer
son film avant l’autorisation de Staline. Or le Secrétaire général, soucieux de
la portée populaire du cinéma, suivait de près la production et se faisait
souvent donner avant réalisation le scénario et le plan de tournage, les
annotait, les corrigeait, ou les interdisait. Eisenstein l’avait court-circuité.
Staline ordonne la destruction du film, puis commande à Eiseinstein un nouveau
film, de propagande nationaliste cette fois, Nous, le peuple russe, qui
deviendra Alexandre Nevski.
    Peu après, il invite à dîner ce Choumiatski, ancien
compagnon d’exil, qui ne boit pas, même à l’occasion des toasts. Staline l’accuse
de mépriser les invités. Choumiatski rétorque que personne ne boit dans sa
famille. Staline grogne : « Tu nous considères comme des gens
indignes et tu nous critiques : nous sommes tous pour toi des gens sans
principes ! » « Staline ne me le pardonnera pas », conclut
Choumiatski, arrêté le lendemain soir, puis fusillé. Son refus de boire avait
irrité Staline, prêt à utiliser tous les prétextes pour liquider la génération
de sa jeunesse orageuse.
    Les juges et les cadres du Parti sont tenus à l’écart des
dossiers de la répression politique, qui sont gérés souverainement par le NKVD.
Khrouchtchev le constate : Staline invite, certes, les dirigeants
régionaux à faire le tour des prisons pour vérifier la culpabilité des détenus,
mais que vérifier, puisque le NKVD compose les dossiers à sa guise ? L’arrestation,
sans précédent, de deux membres du Comité central en pleine séance a souligné
la subordination de l’État, du Parti et de leur appareil au NKVD. En l’imposant
au Comité central, Staline ouvre une brèche qu’il va s’empresser d’élargir. Si
l’on peut arrêter ces hommes en pleine séance, pourquoi pas avant ou après ?
Pour obtenir l’accord du Comité central sur l’arrestation d’un des membres élu
en son sein par un congrès théoriquement souverain, et ce, avant même qu’il en
ait été exclu, Staline choisit la cible idéale : l’ancien chef du NKVD
Iagoda, détesté de

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