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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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grand écho. Ces cadres sont accusés d’avoir élevé artificiellement le plan
de récolte, prélevé trop de blé sur les kolkhoziens, confisqué illégalement
leurs biens et leurs lopins individuels, liquidé des kolkhozes, oublié que « les
kolkhoziens sont les maîtres de leur kolkhoze ». Ces procès reposent sur
les témoignages accablants, et véridiques, des paysans contre les inculpés,
condamnés à des peines de 6 mois à 10 ans de détention, avec
confiscation de leurs biens. La Pravda des 9 et 12 mars fait état
de milliers de lettres de paysans enthousiastes, adressées à Staline, Kalinine
ou à la rédaction, remerciant la Justice d’avoir châtié leurs oppresseurs.
    Poursuivant son plan par étapes, Staline convoque, le 1 er  juin,
une réunion du conseil militaire du commissariat à la Défense (dont vingt
membres, soit le quart, sont sous les verrous) élargie au Bureau politique et
aux 116 hauts gradés de l’armée. Le 2 juin, devant une assistance
abasourdie, il peint le tableau d’un gigantesque complot tentaculaire, au cours
du discours le plus chaotique de sa carrière, parsemé de digressions et dénué
de tout argument ou fait : « Les dirigeants politiques sont Trotsky,
Rykov, Boukharine. Je leur adjoins aussi Roudzoutak […] un espion allemand,
Karakhan, Enoukidzé, puis Iagoda, Toukhatchevski. » Il ajoute encore 5 généraux,
soit au total 13 individus, qui forment « le noyau d’un complot
politico-militaire qui a noué des relations systématiques avec les fascistes
allemands, surtout avec la Reichswehr… Dix d’entre eux sont des espions […]. L’organisateur
du groupe est Trotsky. » Pour Rykov, Staline ne dispose pas de données
attestant « qu’il ait lui-même informé les Allemands », mais il « a
encouragé ces informations à travers ses gens » ; quant à Boukharine,
« tous ses amis les plus proches […] fournissaient systématiquement des
informations à l’état-major allemand ». Enfin, « Iagoda est un espion
et il a truffé le Guépéou d’espions ». Pour conclure, il pimente par une
histoire de femme cet invraisemblable complot, qui aurait donc été monté à la
fois par les chefs du NKVD et l’état-major, deux puissants appareils, qui
auraient réalisé le tour de force de n’avoir jamais rien entrepris. Il raconte
que Roudzoutak transmettait ses renseignements à une Mata Hari germanique,
Joséphine Guenzi : « C’est une belle femme. Un vieil agent », dit
Staline et, dans un style de séminariste russe défroqué, il précise : « Elle
a enrôlé Karakhan sur la base d’une partie de son corps de bonne femme. Elle a
enrôlé Enoukidzé. Elle a aidé à enrôler Toukhatchevski. Elle tient en main
Roudzoutak. C’est un agent très expérimenté […]. Elle est belle, elle répond
très volontiers à toutes les propositions des hommes, et après elle les
détruit. »
    Mais, souligne Staline, ce complot n’a aucune racine
interne, car les succès de l’URSS, dont « l’agriculture prospère et
prospérera », sont « extraordinaires ». Ce complot est le
produit de manigances de la Reichswehr, associée à des dirigeants soviétiques
mécontents de leur absence de promotion (or, la plupart appartiennent pourtant
aux sommets de l’État !). Staline encourage l’assistance à lui dénoncer
des suspects, qui ne le seraient même qu’avec 5 % seulement de
probabilité, tout en soulignant qu’il faut être indulgent avec les anciens
trotskystes qui « ont rompu avec le trotskysme, ont rompu fermement et le
combattent très bien ». Il donne en exemple Andreiev, « un trotskyste
actif en 1921 » qui maintenant « se bat bien [884]  ».
    Dans l’assistance, 42 gradés prennent la parole pour
dénoncer les comploteurs. (32 d’entre eux seront arrêtés et fusillés dans les 18 mois
qui suivent.) Staline en choisit 9, parmi les plus vigoureux verbalement, pour
constituer le tribunal qui va juger les accusés une semaine plus tard. Le 5 juin,
Staline, avec Molotov, Kaganovitch et Iejov, choisit, dans la liste des
généraux arrêtés, les huit qui passeront en jugement. Leur choix annonce la
chasse aux « allogènes » : deux sont lituaniens (Ouborevitch et
Poutna), deux juifs, et même trois, si l’on ajoute Gamarnik, qui s’est suicidé
mais figure sur la liste des comploteurs (avec Iakir et Feldman), un estonien
(Kork), et un letton (Eideman). L’un des deux Russes, Iegorov, essaie

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