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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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au 22 mai, puis, à la fin du mois,
une liste de généraux et de maréchaux, membres du Comité central, accusés d’avoir
comploté avec l’état-major allemand. Arrêté le 22 mai, transféré à Moscou
le 24, interrogé le 25 avec une extrême sauvagerie, Toukhatchevski passe aux
aveux le lendemain. Les généraux Iakir et Ouborevitch sont, eux aussi, exclus
et arrêtés sur-le-champ. Staline envoie, le 30 mai, à tous les membres du
Comité central un formulaire de consultation, signé de son nom, à retourner
contresigné : « Vu les données […] qui démasquent la participation de
Iakir, membre titulaire du Comité central, et d’Ouborevitch, membre suppléant,
à un complot militaro-fascisto-trotskisto-droitier et leur activité d’espionnage
au profit de l’Allemagne, du Japon et de la Pologne, le Bureau politique soumet
au vote des membres titulaires et suppléants du Comité central la proposition
de les exclure des rangs du PCR (b) et de transmettre leur dossier au NKVD [882] . » Nul ne
saurait hésiter à approuver ce texte délirant. Comment refuser d’exclure du
Parti des gens coupables de crimes aussi graves, quoique décrits par Staline en
termes si vagues ? Le 26 mai, donc, Toukhatchevski a avoué tout ce qu’on
lui a demandé : il a organisé un complot dès 1932 (l’année du bloc
politique des anciens opposants et du groupe de Rioutine), il s’est lié en 1934
avec Boukharine (que Staline pourra ainsi accuser d’avoir eu une activité d’opposant
après sa capitulation), il est devenu un espion pro-allemand en 1935, lors d’un
voyage à Londres, où, en 1936, Poutna lui a organisé un rendez-vous avec le
fils de Trotsky, Sedov (alors à Paris, mais qu’importe, puisque le procès ne
sera pas public). Staline ne joint pas le texte de ces aveux à sa lettre ;
le Comité central doit le croire aveuglément. Lui envoyer ce texte serait lui
supposer un droit de regard ou d’examen. Il n’a que celui de contresigner le
verdict et d’attendre la suite.
    Aucune frontière nette ne sépare les nouveaux traîtres des
dirigeants en place, que Staline affaiblit puis marginalise. La terreur
déchaînée par le Guide après l’assassinat de Kirov lui permet de s’émanciper définitivement
du Bureau politique, dont les réunions de plus en plus irrégulières sont
remplacées par une consultation individuelle rapide, des réunions informelles
ou des commissions diverses (dites « étroites »), dont Staline
modifie à sa guise l’intitulé et la composition. La marginalisation des
instances élues est telle que certains membres du Bureau politique (Eikhe,
Kossior) seront arrêtés et exécutés sans avoir été exclus au préalable de l’instance,
théoriquement dirigeante, à laquelle ils appartiennent.
    Le 14 avril, le Bureau politique crée ainsi deux
commissions permanentes restreintes, l’une vouée à la politique extérieure et l’autre
à la politique économique : Staline, Molotov et Kaganovitch figurent dans
les deux, Vorochilov et Iejov dans la première, Tchoubar et Mikoian dans la
seconde. Fait rarissime, Staline justifie cette mesure dans une note aux
membres du Bureau politique, dont cette décision restreint les fonctions, et au
Secrétariat. Ces commissions, dit-il, ont pour but de pallier l’absence des
membres du Secrétariat en déplacement ou vivant loin de Moscou (Jdanov), ou
encore surchargés de travail (Kaganovitch et Iejov). On voit mal, pourtant,
comment des réunions supplémentaires de responsables, déjà submergés par leurs
obligations, pourraient améliorer le fonctionnement des organismes réguliers.
Staline veut en réalité les diluer par la multiplication de cellules variables
et mobiles. Ce même 14 avril, Staline constitue une « commission
permanente près le Bureau politique », composée, outre lui-même, de
Molotov, Vorochilov, Kaganovitch et Iejov, chargée de « préparer pour le
Bureau politique et, en cas d’urgence, de régler des problèmes d’un caractère
particulier et secret, en particulier les questions de politique extérieure [883]  ».
    Tandis qu’il met en place l’opération Nicolaienko, Staline
organise aussi, d’en bas, la répression contre l’appareil moyen du Parti,
offert aux paysans comme bouc émissaire de sa politique. Dès février 1937
se multiplient les procès contre des responsables locaux du Parti, des soviets
et des kolkhozes, auxquels la Pravda et les journaux régionaux donnent
un

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