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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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tous.
    Le 31 mars, le Bureau politique adresse à tous ses
membres une déclaration signée « Sur mandat du Bureau politique. Staline ».
Ce texte présente la décision d’arrêter Iagoda sans délai comme exceptionnelle
et dictée par l’urgence, à savoir la « découverte de crimes contre l’État
et de crimes de droit commun commis par […] Iagoda, dans l’exercice de ses
fonctions de commissaire du peuple à l’Intérieur ». Il est donc « nécessaire
de l’exclure du Parti et de procéder à son arrestation ». Mais ce policier
criminel n’est pas un banal délinquant : « Vu le danger qu’il y
aurait à laisser Iagoda en liberté ne serait-ce qu’un seul jour, le Bureau
politique s’est trouvé dans l’obligation de donner l’ordre de procéder à son
arrestation. Le Bureau politique demande aux membres du Comité central de
sanctionner l’exclusion de Iagoda du Parti et son arrestation [871] . » Ces
précautions oratoires ne seront plus de mise une fois la procédure acceptée.
Inconscients du piège tendu ou désarmés devant lui, les membres du Comité
central, invités à répondre individuellement, donnent leur aval. Dès lors, les
vannes vont s’ouvrir et engloutir la majorité d’entre eux.
    Le 31 mars, Staline publie son discours de clôture de
la séance du 5 mars, véritable programme de la Terreur construit autour d’une
argumentation simple organisée en trois parties : 1 : « Le
trotskysme de nos jours n’est pas un courant politique dans la classe ouvrière,
mais une bande, sans principes et sans idéologie, de saboteurs, d’agents de
diversion et de renseignements, d’espions, d’assassins, une bande d’ennemis
jurés de la classe ouvrière, une bande à la solde des services d’espionnage des
États étrangers. » 2 : Les militants (y compris le Comité central) ne
comprennent pas ce changement de nature ; « ils n’ont pas remarqué
que les trotskystes ont depuis longtemps cessé d’être des hommes d’idées, que,
depuis longtemps, les trotskystes sont devenus des bandits de grand chemin,
capables de toutes les vilenies, de toutes les infamies, etc. » et
continuent de les traiter en opposants politiques, non comme de vils tueurs et
espions. 3 : En ne luttant pas vraiment contre ces bandits dégénérés, les
militants aveugles s’en font les complices inconscients. Or, « plus nous
avancerons, plus nous remporterons de succès, et plus la fureur des débris des
classes exploiteuses sera grande [872]  ».
    Tous sont menacés, nul ne semble le comprendre. Staline,
dans une phrase apparemment anodine, indique l’ampleur de la purge qu’il
prépare : « Il y a chez nous des dizaines de milliers de gens
capables et talentueux. Il faut seulement les connaître et les promouvoir à
temps pour qu’ils ne piétinent pas sur leur vieille place et ne commencent à
pourrir [873] . »
Pour qu’ils cessent de piétiner, il faut se débarrasser de la (relativement)
vieille génération : comme celle-ci n’a nulle envie de se retirer sans
résistance, il faut l’y contraindre, sans lui offrir la possibilité de se
défendre ou de se venger. Le moyen le plus sûr est de l’éliminer.
    Pour désorienter son appareil, accusé de laxisme à l’égard
des trotskystes d’hier, d’avant-hier, d’aujourd’hui, de demain et de toujours,
Staline ajoute ironiquement : « Pour extirper les agents
nippo-allemands du trotskysme… faut-il frapper et extirper non seulement les
véritables trotskystes, mais aussi ceux qui autrefois oscillaient vers le
trotskysme et qui par la suite, il y a longtemps déjà, ont abandonné le
trotskysme […], ceux à qui il est arrivé de passer dans la rue où était passé
naguère tel ou tel trotskyste ? Des voix ont retenti dans ce sens, ici,
dans ce plénum. » Staline ridiculise cette interprétation… qui sabote la
lutte contre les saboteurs. Il a pourtant lui-même fait recenser, pour les
frapper, tous ceux qui, un jour ou l’autre, ont oscillé, mais il insiste :
« Cette manière simpliste de juger les hommes ne peut que nuire à la lutte
contre les véritables saboteurs et espions trotskystes [874] . » Il
développe ce thème plusieurs fois dans ce discours final, mais avertit aussi
son auditoire que laisser impuni le plus petit soupçon de trotskysme est un
crime. Ainsi laxisme et sévérité excessive paralysent également la lutte contre
les saboteurs trotskystes ! Comment s’y retrouver ? Les

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