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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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d’attendrir
Staline en lui rappelant qu’ils ont plus d’une fois « mangé du chou dans
la même écuelle », lors de la campagne de Pologne en 1920. Mais Staline,
qui a flirté avec sa femme cinq ans plus tôt, ne cultive pas la nostalgie.
Iegorov sera fusillé comme les autres, ainsi que sa femme, Olga, qualifiée d’espionne
polonaise, et fusillée le 23 août 1938 pour avoir, en outre, tu la
participation de son mari au « complot militarotrotskisto-fascisto-droitier ».
    Le 10 juin, la Pravda et les Izvestia publient un article très violent contre le Napoléon d’Eugène Tarlé,
signé de deux inconnus, Konstantinov et Koutouzov, qui accusent Tarlé de « tenter
de fonder la "conception" de bandit […] des gardes fascistes et de
leurs agents trotsko-boukhariniens, qui […] s’efforcent de justifier leur vil
plan de restauration du capitalisme, leur noire trahison et leur vilenie par
une "analogie historique" avec Napoléon ». Le lendemain, 11 juin,
les Izvestia annoncent l’ouverture du procès des généraux pour haute
trahison. En page trois, une « Note de la rédaction » rectifie les
invectives de la veille : « Tarlé n’est certes pas marxiste. Son
livre sur Napoléon contient toute une série de fautes importantes, mais il est
impossible de le qualifier de faussaire et de lier son nom à celui du
"bandit trotskyste Radek". » La Pravda publie, au nom de
la « Rédaction », un correctif similaire. Les deux notes concluent
que le livre de Tarlé est l’un des meilleurs ouvrages non marxistes sur
Napoléon. Seul Staline pouvait ainsi désavouer les deux journaux centraux de l’URSS.
Il a manifestement lui-même inspiré ou dicté les deux articles et les deux
réfutations ; Konstantinov et Koutouzov sont deux masques du Secrétaire
général, déguisé en journaliste, qui sème l’effroi puis rend l’espoir.
    La conjonction de ces deux événements très disproportionnés
est significative. Staline protège publiquement l’auteur de Napoléon, ancien Cadet notoire, le jour même où s’ouvre le procès des chefs de l’Armée
rouge, vétérans de la guerre civile. Il met aussi la dernière main au complot
de l’« organisation maçonnique contre-révolutionnaire » dite « La
fraternité unique du travail », où il implique et fait emprisonner, le 14 juin,
Nicolas Moskvine, ancien chef de la Section d’organisation et d’affectation du
Comité central, et dont Iejov fut jadis le protégé.
    Pendant le déroulement du procès, avant même le prononcé du
verdict, Staline envoie aux Comités centraux des partis des quinze Républiques,
ainsi qu’aux secrétaires des comités de territoire et de province, une
instruction urgente, signée de son nom, leur demandant, au nom du Comité
central qu’il n’a pas consulté, d’« organiser des meetings d’ouvriers et,
là où cela est possible, de paysans, et aussi des meetings d’unités de l’Armée
rouge, et d’y soumettre des résolutions sur la nécessité d’appliquer la peine
capitale. Le procès sera sans doute terminé dans la nuit d’aujourd’hui. Le
jugement sera rendu public demain, c’est-à-dire le 12 juin [885]  ».
Difficile de dire plus clairement qu’il a lui-même tout décidé.
    Des neuf maréchaux et généraux qui sont « jugés »,
sept (dont Dybenko et le maréchal Blücher) seront liquidés dans les mois
suivants. Ce procès inaugure une gigantesque purge du corps des officiers
supérieurs. Le NKVD découvre des complots « militaro-fascistes », des
« complots monarchistes d’anciens officiers blancs » ou des « organisations
terroristes d’espionnage et de diversion », dans toutes les régions
militaires, dans les flottes de la Baltique, du Nord et de l’océan Pacifique,
dans la petite flotte militaire du fleuve Amour, au sein des forces aériennes,
à la Direction politique de l’Armée rouge, à l’Académie militaire de l’état-major
général, dans les écoles d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie… La liste est
interminable.
    Le déferlement de la répression multiplie les tensions dans
l’appareil. Trotsky le sent ou le sait ; il télégraphie, au milieu de
juin, au Comité exécutif central des soviets : « La politique de
Staline mène à une défaite définitive tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La
seule issue est d’effectuer un tournant vers la démocratie soviétique, en
commençant par une enquête sur les derniers

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