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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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procès. Sur cette voie, je propose
mon soutien total. » Staline, en rage, note sur le télégramme « Gueule
d’espion ! Espion éhonté d’Hitler [886]  »,
avant de le communiquer aux autres membres du Bureau politique. Trotsky sait
que le dévouement réel de la majorité des dirigeants étant inversement
proportionnel à leurs démonstrations officielles, la situation de Staline est
fragile et instable. Il espère que, face à la vague de terreur qui les élimine
les uns après les autres, une coalition de dirigeants se constituera pour
chasser Staline et son groupe. C’est précisément cette crainte qui pousse
Staline à multiplier les opérations chirurgicales préventives.
    Elle lui interdit aussi de consacrer du temps à sa mère,
alors agonisante. Kéké est tombée malade le 13 mai 1937 et meurt le 4 juin.
Staline ne se rend pas à son enterrement. Il se contente d’envoyer une couronne
portant cette inscription, écrite en russe et en géorgien : « À ma
mère chère et aimée, de son fils lossif Djougachvili (Staline). » Sa fille
affirme : « Sa mort chagrina beaucoup mon père [887] . » Mais il
a d’autres priorités.
    Il gère sa vie de famille comme les affaires du Parti, par
décision autoritaire, sans discussion. Son fils aîné, Jacob, a fait une école d’artillerie.
Le second, Vassili, lui aussi passionné par les canons, s’inscrit à la première
école spéciale d’artillerie de Moscou. Mais son père refuse : deux fils
dans l’artillerie, ce n’est pas possible. Vassili sera aviateur. Il entre dans
une école spécialisée, en sort en 1938 et part l’année suivante au service
militaire. « Dès que je sortis de l’école, affirmera-t-il, je n’eus
quasiment plus de conversations de fils à père avec mon père. Chaque rencontre
se transformait en conversation sur les forces armées aériennes [888] . » Staline
régente sa vie de famille comme il le fait avec l’art : en fonction du
seul critère de l’utilité.
    Le 21 juillet, Staline monte le deuxième acte de la
liquidation de la direction des Jeunesses communistes. Il convoque son
Secrétaire général, Kossarev, dans son bureau, en présence de Iejov, et lui
reproche de ne pas aider assez le NKVD à démasquer les ennemis. Iejov annonce l’arrestation
d’un dirigeant des Jeunesses, Nazarov, pour appartenance à une organisation
contre-révolutionnaire. Kossarev se défend : il ignore le contenu des
dossiers dont dispose le NKVD et ne peut donc démasquer les ennemis du peuple
avec l’efficacité de Iejov. Staline conclut en le menaçant : « Vous
ne voulez pas diriger ce travail [889] . »
Un mois plus tard, l’éditorial de la Pravda énumère une liste de
dirigeants des Jeunesses arrêtés, « qui ont fait leur sale et vil travail
en utilisant la stupide maladie de l’aveuglement politique de toute une série
des cadres dirigeants du Bureau du Comité central des Jeunesses, et au premier
chef du camarade Kossarev », bien embarrassé…
    Staline le laisse tranquille pour l’instant. Il a une
priorité, la purge de l’armée qu’il mène au pas de charge. Le 26 juillet,
Iejov adresse à Staline une liste de 138 gradés qu’il propose de classer
dans la première catégorie, celle des condamnés à mort. Staline et Molotov
notent et signent : « Fusiller les 138. » En novembre, Iejov
leur soumet une seconde liste de 292 gradés. Staline et Molotov notent,
aussi laconiques, toujours : « Fusiller les 292. » Combien d’officiers
et d’officiers supérieurs ont été ainsi liquidés ? Roy Medvedev avance le
chiffre de 25 000 à 30 000, Dmitri Volkogonov 40 000, Alexandre
Iakovlev 70 000. L’historien Oleg Souvenirov tire des archives des chiffres
beaucoup plus modestes : en 1937-1939, écrit-il, les tribunaux militaires
n’ont condamné que 8 122 officiers et officiers supérieurs. Mais ces
chiffres ne comprennent ni les forces aériennes, ni la marine, ni les officiers
transférés dans la réserve, puis arrêtés et jugés après coup, ni tous ceux qui
ont anticipé leur arrestation en se suicidant. Après le procès de juin 1937,
le commandement soviétique est, en effet, décimé par une vague de suicides qui
ne figurent pas dans les statistiques de la répression. Il faut y ajouter 11 000 officiers
envoyés au Goulag. Vorochilov lui-même a, dans un discours d’octobre 1938,
avancé le chiffre de 40 000 cadres de l’armée éliminés [890] . C’est

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