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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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sans
aucun doute le bon.
    Le haut commandement est anéanti : la quasi-totalité (sauf
Vorochilov et Boudionny) des 41 maréchaux, amiraux, commandants d’armée
ont été fusillés, plus 339 généraux à une étoile (en l’occurrence un
losange), 216 généraux à deux étoiles, 88 généraux à trois étoiles,
sans compter, dans les trois catégories, 63 morts en détention ou pendant
les interrogatoires, 8 suicides et 85 déportés au Goulag. Le total de
cette macabre addition : 714 généraux ont été abattus, soit deux fois
et demie plus qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale où, en quatre ans, 294 généraux
et amiraux périront, la majorité sous les balles allemandes, une quarantaine
sous celles du NKVD. C’est une saignée sans exemple dans l’histoire.
    Staline liquide aussi les cadres des instituts de
recherches : l’encadrement de celui sur les fusées, considéré comme un
enfant de Toukhatchevski, est décapité. Le NKVD arrête, le 3 novembre 1937,
son directeur, Kleimenov, fusillé le 10 janvier 1938, puis l’ingénieur
en chef et cinq autres ingénieurs, dont Léonid Schwartz, et, le 27 juin 1938,
Korolev. Ces deux hommes sont les futurs inventeurs des fameux Orgues de
Staline (Katioucha), qui terroriseront les soldats de la Werhmacht. On les
accuse d’avoir fabriqué des moteurs de fusée totalement défectueux, qui,
pourtant, fonctionnent normalement. Korolev invite l’enquêteur du NKVD à
vérifier à l’institut. L’autre lui répond qu’il a autre chose à faire. Il sait
que l’accusation n’a rien à voir avec la réalité.
    Certains historiens russes contestent l’ampleur du coup
porté à l’Armée rouge : le haut commandement issu de la guerre civile,
formé à ses combats rudimentaires, disent-ils, aurait été incapable d’affronter
la Deuxième Guerre mondiale. En le renouvelant, Staline aurait promu une jeune
garde plus moderne, plus mobile, plus ouverte. Mais les rares survivants,
Vorochilov et Boudionny au premier chef, incarnaient la guerre de partisans et
ses charges de cavalerie sabre au clair. Ce sont eux qui s’opposaient à la
réduction du rôle de la cavalerie et à son remplacement par les blindés et les
divisions motorisées voulus par Toukhatchevski. Ils feront la démonstration en
outre de leur médiocrité, voire, pour Vorochilov, de leur nullité, lors de la
guerre contre la Finlande (décembre 1939-mars 1940) et de l’invasion
allemande. Ensuite, la plupart des meilleurs généraux de la Seconde Guerre
mondiale, Joukov, Koniev, Malinovski, Meretzkov, Kourassov, Malinine, Zakharov,
Pokrovski ont été les élèves d’Ouborevitch et étaient, selon l’un d’eux, de
bien petites gens comparés à lui. Certains, comme Koniev et Joukov, avaient d’ailleurs
fait leurs premières armes au cours de la guerre civile. Le maréchal
Timochenko, l’un des meilleurs chefs militaires soviétiques de la Deuxième
Guerre mondiale, et dont l’avis a sans doute plus de poids dans ce domaine que
celui d’hommes de bureau, affirme : « Mikhail Toukhatchevski était
exceptionnellement doué, il dépassait d’une tête beaucoup d’entre nous [891] . » Enfin,
la dénonciation de 40 000 officiers comme traîtres et espions
désorientera les survivants et rendra le commandement globalement suspect aux
yeux des soldats. Les nouveaux cadres de l’Armée rouge devront se former sur le
tas, et sur le tard, subir deux années de défaites et des pertes gigantesques,
pour apprendre à se hisser à la hauteur de leurs tâches. Staline a bel et bien
miné la capacité défensive de l’URSS à des fins politiciennes et pour régler
ses comptes.
    Il poursuit son opération lors du Comité central en juin, en
vue duquel il a préparé une nouvelle liste de dépositions accablantes. Il a mis
du temps à obtenir celles de l’ancien trotskyste Beloborodov. Le 26 mai,
Iejov lui a transmis le peu qu’il lui avait extorqué. Staline, furieux du
maigre résultat obtenu, lui a renvoyé ses dépositions avec une note
rageuse : « On peut penser que la prison est pour Beloborodov une
tribune pour y prononcer des discours, y faire une déclaration sur l’activité
de tout un tas de gens, mais pas sur lui-même. N’est-il pas temps de faire
pression sur ce monsieur et de le forcer à raconter ses sales affaires ?
Où est-il donc installé : dans une prison ou dans un hôpital ? I. St. »
Les coups pleuvent sur Beloborodov… [892]
    Le Comité

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