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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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convoque Poskrebychev et lui confie l’affaire. Deux
semaines plus tard, le prisonnier est libéré, mais Staline, méfiant, ne
sollicitera plus les services de Valedinski pendant trois ans.
    S’il ne peut tout contrôler dans le détail, Staline règle
lui-même le mécanisme de la répression, dessine ses objectifs, désigne les
catégories de victimes, en établit ou en valide de longues listes nominales,
et, malgré sa prudence légendaire, en signe un grand nombre. S’il met toujours
en avant Iejov, qui donne son nom à la vague de terreur baptisée « Iejovchtchina »,
il suit personnellement toute la campagne, des plus petites mesures aux plus
importantes. Le 11 juin 1937, il a exigé, par télégramme, l’organisation
de meetings réclamant la peine de mort pour les huit chefs militaires. Le 18 juillet 1937,
il télégraphie à Beria à propos de l’arrestation d’un dirigeant géorgien :
« Le Comité central sanctionne l’arrestation de Lordkipanidzé. » Dix
jours plus tard, il télégraphie à Andreiev, en mission à Saratov : « Le
Comité central est d’accord avec vos propositions de traduire en justice et de
condamner à mort les anciens membres de la station de machines et tracteurs. »
Le 8 juillet, il télégraphie au secrétaire du comité provincial de
Saratov, à la suite de l’incendie d’un dépôt : « Le Comité central
propose d’organiser dans un délai de sept jours un procès accéléré contre les
responsables de l’incendie [peut-être accidentel en cet été torride], les
condamner tous à mort et publier [la nouvelle de] leur exécution dans la
presse. » Il rédige lui-même ces télégrammes au nom du Comité central ;
même le Bureau politique n’en discute pas. Au mieux, il fait cosigner telle ou
telle liste par ses membres pour les associer à ses décisions. Dix-neuf jours
plus tard, il adresse un télégramme similaire au comité territorial de
Krasnoïarsk en Sibérie orientale : « L’incendie du combinat de
meunerie a été probablement organisé par les ennemis. Prenez toutes les mesures
pour découvrir les incendiaires. Jugez les coupables de façon accélérée.
Condamnez à mort. Publiez l’exécution dans la presse locale. » Dix minutes
plus tôt, le même jour, il télégraphie au comité régional de Smolensk un ordre
similaire, à la première personne cette fois : « Je conseille de
condamner à mort les saboteurs de la région et de publier l’exécution dans la
presse locale [897] . »
    En juillet-août 1937, 200 trotskystes de Kolyma
organisent une manifestation avec calicots sur le pont du bateau Koula, dans la
baie de Nagaievo, sous l’œil des marins stupéfaits, puis entament une grève de
la faim. L’un d’eux, Baitalski, refuse de s’y joindre en expliquant à ses
camarades que les temps ont changé et qu’ils seront exterminés. Staline les
fait abattre à la mitrailleuse, femmes et enfants compris. Il suit aussi de
près la déportation des 180 000 Coréens de la région frontalière de
Vladivostok-Khabarovsk. Le 11 septembre 1937, il télégraphie au
comité régional de Khabarovsk : « Tout montre que la déportation des
Coréens est une affaire très bien mûrie », et lui demande « de
prendre des mesures sévères et immédiates pour l’exécution exacte du plan et du
calendrier de la déportation [898]  ».
Le fonds Staline comprend des milliers de télégrammes de ce type.
    Après une courte période de disgrâce, Molotov est, après
Iejov, le principal assistant dans cette activité quotidienne de Staline, qui
souvent sollicite son avis sur l’attitude à adopter face à telle dénonciation.
Molotov note d’ordinaire : « Arrêter immédiatement » ou « Fusiller ».
Staline lui envoie des listes de proscrits à fusiller qu’il signe à tour de
bras. Dans ses conversations des années 1970 et 1980 avec le journaliste
Tchouev, on croirait entendre l’écho de la voix de Staline : « Je
signais pour Beria tout ce que Staline m’envoyait revêtu de sa signature. J’apposais
aussi ma signature même lorsque le Comité central n’était pas parvenu à faire
toute la lumière et que des gens indubitablement honnêtes, braves, dévoués,
étaient mis en cause. Dans les dossiers du NKVD, le sort des victimes était
déjà scellé [899] . »
Évoquant son vieux camarade Arossev, fusillé en 1937, il affirme : « C’était
un homme absolument fidèle […]. Impossible de

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