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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Beria : « Étudiez
soigneusement les cadres avec les camarades au Comité central. Je ne crois pas
que Redens soit un ennemi. » Quelques jours après, Redens est arrêté.
Staline interdit l’entrée de sa maison à la femme de Redens, Anna, sa
belle-sœur, qui supplie Vassili de lui obtenir un rendez-vous avec lui. Staline
répond à son fils : « Je n’ai pas cru Beria quand il m’a dit que
Redens était un ennemi, mais les cadres du Comité central disent la même chose.
Je ne recevrai pas Anna Sergueievna, car je me suis trompé sur Redens. Et ne me
le demande plus [904]  ! »
Toute cette scène sent la comédie jouée pour duper Vassili, interloqué par l’arrestation
d’un proche. Beria et Malenkov ne pouvaient réclamer l’arrestation d’un membre
de la famille de Staline qu’à la condition que ce dernier ait déjà suggéré l’élimination
de l’intéressé.
    Dans la deuxième moitié de 1937, le Bureau politique ratifie
des listes complémentaires de près de 40 000 individus à liquider. Le
31 janvier 1938, Staline contresigne la proposition du NKVD de
définir une nouvelle liste de 57 200 personnes à arrêter, dont 48 000,
soit les quatre cinquièmes, à fusiller d’ici le 15 mars, et prolonge jusqu’au
15 avril l’opération lancée depuis quelques mois de « liquidation des
contingents contre-révolutionnaires de sabotage et d’espionnage de Polonais,
Lettons, Allemands, Estoniens, Finlandais, Grecs, Iraniens, rapatriés de
Kharbine, Chinois et Roumains, sujets étrangers ou citoyens soviétique [905]  ». Le
Bureau politique « propose au NKVD de mener une opération analogue pour
écraser les cadres bulgares et macédoniens ». Toutes ces instructions sont
dictées par Staline lui-même, même si c’est Iejov qui, en apparence, les
propose.
    L’accélération et l’intensification de la répression obèrent
le fonctionnement économique du Goulag, qui reçoit près de 200 000 détenus
supplémentaires en 1936 et près de 700 000 en 1937 et 1938. Il n’a pas les
moyens d’accueillir et d’employer un tel afflux de détenus. Les deux objectifs
parallèles de la répression : semer la terreur et développer le travail
forcé, se télescopent brutalement. Peu importe alors à Staline, pour qui l’essentiel
est la liquidation des « ennemis du peuple ». Aussi le Goulag ne
réalise-t-il, de 1936 à 1938 (et encore, sur le papier !), le plan qu’à 35
ou 40 %. Ces résultats lamentables seront retenus contre Iejov dans l’acte
d’accusation qui sera dressé contre lui en 1939. Mais pour l’heure, il décide
de durcir encore les conditions de détention. Dans son rapport au Comité
central, le 2 mars 1937, Iejov compare les prisons et camps
soviétiques à des centres de loisir où l’on joue « au volley-ball, au
cricket, au tennis [906]  ».
En quoi il ne fait que traduire un bruit qui court dans les camps, selon lequel
Staline compare les conditions de détention à celles d’une station balnéaire ou
d’un centre de loisir.
    Aucun secteur de la société ne doit échapper à l’accusation
de sabotage, de diversion et de complot : dès 1933, malgré la place très
marginale de l’Église catholique en URSS, Staline a fait fabriquer de toutes
pièces un complot catholique pour le réprimer : chaque nationalité a son
quota de traîtres et de saboteurs. En 1937, le NKVD arrête le président du
comité territorial du Parti de la région d’Azov-mer Noire, bolchevik depuis
1914, Vitali Larine. Il avoue avoir appartenu depuis 1928 à une organisation de
cosaques monarchistes qui voulaient assassiner Staline et quelques autres
dirigeants, pendant l’automne 1937, au cours de leurs vacances à Sotchi.
Cette même année, il tente de donner crédit à un complot
socialiste-révolutionnaire de gauche, dont les protagonistes, exilés à Oufa en
Bachkirie, sont accusés d’avoir constitué dès 1929 un centre terroriste pour
abattre Staline. Afin de faire avouer Maiorov, le mari de Maria Spiridonova, la
dirigeante historique des SR de gauche, le NKVD menace de déporter au Goulag
son père, âgé de 80 ans et cul-de-jatte, et son fils de 18 ans.
Maiorov craque. Maria Spiridonova refuse d’« avouer » : elle
écope de 25 ans de camp et sera fusillée le 11 octobre 1941 à
Orel.
    Après le Parti et l’encadrement de l’armée, Staline s’attaque
au dernier grand héritier de la période révolutionnaire : le Comintern,
dont de

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