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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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fusillé à la fin de 1937. Le chef du Bureau de la population, Mikhail
Kurman, explique l’écart important entre les estimations et le recensement par
un sous-enregistrement de la mortalité, estimée à 3,5 millions d’habitants,
auxquels il faut ajouter, selon lui, 1,5 million de décès de détenus dans
les camps, en particulier dans les régions touchées par la famine de 1932-1933.
On l’envoie à Kolyma. Le 25 septembre 1937, un décret revu et corrigé
par Staline déclare le recensement « défectueux […] réalisé en violation
profonde des fondements élémentaires de la science statistique et en violation
des instructions du gouvernement », le classe document confidentiel, l’annule
et annonce un nouveau recensement en janvier 1939 [901] .
    Au goût de Staline, les cadres ne saisissent pas l’ampleur
de la purge à réaliser. Pour en convaincre la population tout entière, il faut
en faire un spectacle à fins pédagogiques, telles les processions des autodafés
de l’Inquisition. Le 2 octobre, il signe avec Molotov une circulaire
particulièrement brutale, ordonnant d’« organiser dans chaque République,
dans chaque territoire, dans chaque province, de trois à six procès
démonstratifs publics, en y attirant les masses paysannes et en évoquant
largement ces procès dans la presse, en condamnant les accusés à la peine
capitale, pour sanctionner les cas de sabotage organisé par des empoisonnements
bactériologiques de bêtes d’élevage, débouchant sur une épizootie massive du
bétail ».
    Cette violence ne touche pas seulement l’URSS. Le 7 novembre,
il exprime à Dimitrov et à trois de ses adjoints son mécontentement à propos de
la résolution, qu’il juge mollassonne, du Comité exécutif du Comintern sur la
campagne antitrotskyste : « Il faut, dit-il, pourchasser les
trotskystes, les fusiller, les anéantir. Ce sont des provocateurs mondiaux, les
pires agents du fascisme. » Puis, dans une longue conversation
particulière avec Dimitrov, il lui annonce l’arrestation « vraisemblable »
de Stassova (la secrétaire du Comité central en 1918-1919), qui restera
finalement en liberté, et surtout, il lui déclare : « Münzenberg est
un trotskyste. Dès qu’il arrivera nous l’arrêterons aussitôt. Efforcez-vous de
l’attirer ici [902] . »
Or Münzenberg, l’organisateur de la propagande stalinienne mondiale, le metteur
en scène du contre-procès de l’incendie du Reichstag, des divers congrès de la
paix et de la défense de la culture, n’est coupable que d’avoir quelques doutes
sur la politique de Staline.
    Staline explique à Dimitrov la raison de la répression en
avançant un prétexte rocambolesque. À chaque moment difficile, dit-il, les
éléments les plus faibles du Parti ont reculé. Ils n’ont surtout pas supporté
la collectivisation, « où il a fallu trancher dans le corps vivant du
koulak. Les plus faibles se sont alors tournés vers l’ennemi étranger, ils ont
promis l’Ukraine aux Allemands, la Biélorussie aux Polonais, la région de
Vladivostok aux Japonais. Ils attendaient la guerre et poussaient surtout les
fascistes allemands à attaquer l’Union soviétique ». Staline, informé
depuis longtemps, aurait attendu d’en savoir le maximum. « Ces gens-là se
préparaient en juillet à attaquer le Bureau politique au Kremlin. Mais ils ont
eu peur. Ils se sont dit : "Staline va tirer le premier et il y aura
du scandale." [903]  »
Dimitrov avale cette explication rocambolesque du procès des militaires, et y
voit une leçon à tirer pour son parti, qu’il va épurer de ses rivaux.
    Dans quelle mesure faut-il lui attribuer la décision de
liquider tel ou tel, dans quelle mesure lui est-elle soufflée ou suggérée par
son entourage et par les dénonciations émanant de cadres soucieux d’étaler leur
vigilance ? Vassili Staline raconte un épisode curieux. À peine entré en
fonction, Beria veut arrêter Redens, le mari de la sœur de Nadejda Alliluieva,
donc le propre beau-frère de Staline. Redens a dirigé le Guépéou en Géorgie
avant Beria. Affecté à Moscou, il était régulièrement invité aux anniversaires
de Staline, le 21 décembre, à Kountsevo. Or Vassili assiste, en avril ou mai 1939,
à une conversation entre son père et Beria soutenu par Malenkov, nommé en mars
secrétaire du Comité central et chef de la Direction des cadres. Beria veut
arrêter Redens ; son père, réticent, demande alors à

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