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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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obéissants […] le lourdaud
Molotov, les carriéristes Kaganovitch, Mikoian, Beria ou encore Mekhlis, le médiocre
Malenkov, Khrouchtchev le crétin et autres lèche-bottes et flatteurs du même
acabit [984] . »
    Les mœurs et le comportement de l’entourage de Staline
justifient ce portrait de groupe peu flatteur. Jdanov, le responsable des
intellectuels, aimait à raconter en gloussant l’anecdote suivante : « Un
jour, Staline se plaint d’avoir perdu sa pipe et grommelle : "Je
donnerais beaucoup pour la retrouver." Trois jours plus tard, Beria a déjà
trouvé dix coupables qui ont tous "avoué". Le lendemain, Staline
retrouve sa pipe tombée derrière un divan de sa chambre [985] . »
    Le réel vaut l’imaginaire. Khrouchtchev, un jour de 1938, se
plaint à Staline : le NKVD a torturé un jeune instituteur moldave pour lui
faire avouer que le chef du gouvernement ukrainien, Korotchenko, est un agent
de la cour de Roumanie et que Khrouchtchev a une attitude louche. Staline
trouve l’histoire amusante et demande si « ce n’est pas plutôt à la reine »
que ce Korotchenko est lié et demande l’âge de la reine. Khrouchtchev répond,
sur le même ton égrillard : « Le roi n’est pas encore majeur [donc
pas encore marié], mais il y a la reine mère. Il était sûrement en relations
avec la reine mère. » Les deux hommes s’esclaffent. Staline innocente
Korotchenko et soumet au Bureau politique, en décembre 1938, une
résolution contre les enquêteurs du NKVD qui ont monté l’affaire contre lui :
« Organiser un procès public, fusiller les coupables et le faire savoir
dans la presse [986] . »
    Autodidactes aux rares connaissances mal digérées, ne
parlant en général aucune langue étrangère et mal la leur, les dirigeants
staliniens illustrent la médiocrité de cette nouvelle couche dirigeante, qui n’excelle
que dans les intrigues d’appareil. Ils ne connaissent qu’une façon de
diriger : exiger, menacer, faire pression, arrêter, déporter, fusiller.
Après son arrestation, le 26 juin 1953, Beria écrira plusieurs
lettres à ses anciens camarades pour implorer leur pitié ; elles sont
parsemées de fautes de grammaire et de syntaxe, de phrases bancales et d’incohérences.
Malenkov, grassouillet homme de bureau, qui semble être né avec un double
menton, n’est capable que de lire les rapports insipides que lui prépare son
appareil. Khrouchtchev n’est longtemps, dans l’ombre de Kaganovitch, qu’un
apparatchik ignare, bredouillant des discours parsemés de formules toutes
faites et de fautes de syntaxe. Chepilov, membre du Bureau politique, éliminé
par lui en 1957, le présente aussi comme un parfait inculte. Lors d’un
affrontement verbal, Khrouchtchev répond d’ailleurs à l’énumération que fait
Chepilov de ses diplômes par la phrase typique d’un apparatchik issu des
tréfonds de la société et fier de son ascension : « Moi, j’ai étudié
chez un pope un hiver pour le prix d’un sac de patates [987] . »
    La servilité de son entourage irrite parfois Staline et il
prend plaisir à la souligner. Selon Volkogonov, à la veille du XVIII e  congrès,
en mars 1939, Staline invite Molotov, Jdanov, Malenkov, Beria à Kountsevo.
Après le repas, il les invite à donner leur avis sur son projet de rapport au
congrès. C’est à qui sera le plus enthousiaste, jusqu’au moment où Staline
grogne : « Je vous ai donné la variante que j’ai bâclée et vous
chantez alléluia… J’ai entièrement réécrit la variante que je vais lire ! »
Les convives restent bouche bée. Beria trouve la parade : « Mais même
dans cette variante-là on sent votre patte ; si vous l’avez réécrite,
alors on peut s’imaginer la puissance de ce nouveau texte [988] . »
    Les promus, comblés, doivent être dociles. Certains ne le
comprennent pas tout de suite. Ainsi, au Comité central de juin 1939,
Staline propose que le nombre minimum de « journées de travail » que
les paysans doivent faire au kolkhoze pour percevoir une rémunération, par
ailleurs purement symbolique, soit de cent. Un nouveau, Tchoubine,
proteste : dans les exploitations de coton, cent journées de travail c’est
trop pour les femmes élevant des enfants âgés de moins de douze ans, et propose
d’abaisser ce minimum à cinquante ou soixante. Staline le rembarre au nom de la
dignité de la femme. Tchoubine insiste : « Mais, il s’agit de la
femme chef de famille. –

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