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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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allemande,
désirent entraîner l’URSS dans la guerre ; cela le rend encore plus
prudent et soupçonneux. Au même moment, l’ambassadeur britannique à Moscou,
Stafford Cripps, remet à Molotov un mémorandum menaçant : « Si la
guerre dure longtemps, pourrait se faire jour en Grande-Bretagne […] la
tentation de conclure un accord pour terminer le conflit » et « l’Allemagne
pourrait poursuivre sans embarras l’expansion de son "espace vital"
vers l’Est [1063]  ».
La conjonction circonstancielle de ce mémorandum et du message de Churchill
conforte Staline dans l’idée que Londres veut le pousser dans la guerre. Il
confie à Joukov : « Vous voyez, on nous fait peur avec les Allemands,
on fait peur aux Allemands avec l’Union soviétique, et ils nous montent les uns
contre les autres. C’est un jeu politique subtil [1064] . » Début
mai, Staline reconnaît en hâte le gouvernement de Rachid Ali qui a pris le
pouvoir en Irak avec l’aide des services allemands. Mais, le 5 mai, dans
un discours à plusieurs centaines de jeunes officiers reçus au Kremlin, au
cours d’un long banquet, il formule un avertissement sans ambiguïté sur le
risque prochain de guerre.
    Certains veulent voir dans quelques fanfaronnades sans suite
l’annonce d’une offensive militaire prochaine contre l’Allemagne. Le numéro 9
de la revue Bolchevik, publié à ce moment, contient par exemple un
article de Staline, écrit en 1934 mais non publié alors et sorti des archives
qui accuse Friedrich Engels d’avoir soutenu en 1890 l’impérialisme allemand
contre la Russie tsariste. On y trouve une phrase souvent citée pour confirmer
l’hypothèse d’une politique offensive de Staline : « Si la Russie
commence la guerre… » Mais ces bravades relèvent du rituel de la
propagande : si guerre il y a, elle se déroulera tout entière sur le
territoire de l’ennemi, qui ne mettra pas le bout d’un pied sur le sol sacré de
l’Union soviétique…
    Ce même 5 mai, Schulenburg reçoit à déjeuner l’ambassadeur
soviétique à Berlin, Dekanozov, alors à Moscou. Selon une légende complaisante,
Schulenburg lui aurait, par une initiative sans précédent, livré un secret d’État
à communiquer à Molotov pour Staline : « Hitler a pris la décision de
commencer le 22 juin la guerre contre l’URSS. » Le procès-verbal de
la conversation montre qu’il s’agit d’un canard [1065] . Les
avertissements de Schulenburg sont ténébreux à souhait.
    Le 6 mai, Staline se nomme lui-même président du
Conseil des commissaires du peuple à la place de Molotov. Le sens de cette
décision n’est pas clair. On peut y voir un signe adressé à Hitler : le
vrai dirigeant de l’URSS ne l’est plus en tant que chef du parti communiste
mais en tant que chef du gouvernement. D’ailleurs, l’une de ses premières
décisions à cette nouvelle fonction est d’esquisser un nouveau geste conciliant
envers Hitler, le 8 mai. Il fait avertir les ambassadeurs de la Norvège et
de la Belgique occupées que Moscou ne reconnaît plus leur gouvernement en exil,
leur retire leurs lettres de créance et leur ordonne de décamper au plus vite.
Le 11 mai, le représentant du gouvernement yougoslave en exil, Gavrilovic,
hier si admiratif du Guide, reçoit la même invitation à déguerpir. Staline
tente de forcer le cours des événements. Le 9 mai, sur son ordre,
Dekanozov propose à Schulenburg de publier un communiqué germano-soviétique
démentant les bruits sur la dégradation des relations entre les deux États et
sur les menaces de guerre. Le 12 mai, lors de sa troisième visite à l’ambassadeur
allemand, il l’informe que Staline et Molotov sont prêts à adresser une lettre
personnelle à Hitler ; Dekanozov repartant le jour même à Berlin propose
que Schulenburg et Molotov se rencontrent pour en discuter le texte.
    L’inquiétude de Staline aurait été plus grande encore s’il
avait su que, une heure avant cette entrevue, Schulenburg avait reçu l’ordre de
préparer l’évacuation prochaine du personnel diplomatique allemand. Cela n’empêche
pas l’ambassadeur de suggérer que « Staline, de lui-même, spontanément, s’adresse
par lettre à Hitler [1066]  ».
Schulenburg, diplomate de la vieille école prussienne, hostile à la guerre sur
deux fronts, voudrait bien aider à écarter la menace de guerre, mais son
influence est nulle. A-t-il, par ses manœuvres dilatoires, contribué à

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