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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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égarer
Staline, qui croyait deviner dans sa conduite la politique de Berlin ?
Mais rien n’obligeait Staline à voir en lui autre chose qu’un simple exécutant
de cette politique.
    Le 12 mai également, Dimitrov et Manouilski discutent
docilement avec Jdanov de la meilleure manière d’annoncer la dissolution du
Comintern. Le soir même, Radio Berlin annonce une nouvelle qui ébranle
Staline : deux jours plus tôt, l’adjoint de Hitler, Rudolf Hess, a fui l’Allemagne
en avion et sauté en parachute sur le sol de l’Angleterre. Staline voit dans
cet épisode rocambolesque l’annonce de plans de paix séparée
germano-britanniques préludant à l’invasion de l’URSS par l’Allemagne. Il est
persuadé, comme ses services de renseignements le lui confirment, que l’Intelligence
Service a attiré Hess en Angleterre à cette fin. Inutile donc de dissoudre le
Comintern pour séduire Hitler. Il renonce donc à faire au Führer cette
concession trop visible et grosse de remous dans les partis communistes
étrangers.
    À peine Dekanozov sort-il de son bureau, à dix heures, après
lui avoir rendu compte des résultats nuls de sa conversation avec Schulenburg,
qu’y entrent Joukov et Timochenko. Staline les autorise à déplacer vers la
frontière occidentale et à regrouper, en Ukraine et en Biélorussie, quatre
armées représentant 28 divisions et 800 000 soldats stationnées
au milieu du pays. Elles se mettent lentement en mouvement dès le lendemain.
Mais il envoie promener le général Kirponos, qui, par deux fois dans la
première quinzaine de mai, lui demande de placer les troupes du district de
Kiev en disposition de combat.
    Au même moment, il reçoit, le 15 ou le 16 mai, un « plan
de développement stratégique des forces armées de l’Union soviétique en cas de
guerre avec l’Allemagne et ses alliés », élaboré par le général-major
Vassilevski, chef-adjoint de la direction opérationnelle de l’état-major
général. Vassilevski propose de prévenir une attaque allemande par une
offensive de l’Armée rouge sur le front Sud-Ouest (la Pologne) destinée à
occuper la région de Cracovie et à couper l’Allemagne de ses alliés. Pour
certains historiens russes, ce plan signifie que Staline, assoiffé de
révolution mondiale, se prépare à attaquer l’Allemagne au début de l’été.
Hitler n’aurait fait que prévenir cette offensive. Mais les plans stratégiques
se sont succédé depuis des mois, et, afin de se conformer à la propagande sur l’inviolabilité
du sol soviétique, ont tous été élaborés à partir de l’idée que l’URSS se
défendrait en portant d’emblée un coup foudroyant à l’ennemi sur le sol de ce
dernier. Aucun chef militaire n’aurait osé présenter, sous peine de se voir
accuser de défaitisme, un plan qui ne s’inscrive pas dans ce rituel. Molotov
souligne l’aventure qu’une attaque soviétique aurait représentée : « Nous
n’avions pas d’alliés. Alors, ils se seraient unis à l’Allemagne contre nous. L’Amérique
était contre nous. L’Angleterre aussi [1067] . »
    Staline, en ces mois de tension, est d’ailleurs hanté par la
crainte d’une entente anglo-allemande sur le dos de l’URSS. Il ne peut enfin
envisager d’attaquer l’Allemagne, alors même qu’au 21 juin au soir l’Armée
rouge ne dispose toujours pas de Grand Quartier général et doit se satisfaire d’un
simple projet de création de cet organisme… élaboré par Timochenko ! L’absence,
au début de la guerre, de cet organe suprême de direction militaire, dictée par
la volonté de Staline d’apaiser Hitler ou due aux lenteurs bureaucratiques, a
entravé la direction des armées au début de l’invasion. En fait, Staline,
conscient de la menace allemande qu’il espérait différer jusqu’en 1942, ébauche
divers plans, tous inachevés et qui se chevauchent. C’est ce que souligne le
maréchal Rokossovski, alors commandant du 9 e  corps d’armée
mécanisé, qui voit dans les décisions prises un mélange contradictoire de
mesures offensives et défensives – à tel point qu’il se demande « s’il
existait un plan ».
    Staline ordonne d’intensifier la production d’armement pour
les troupes stationnées près de la frontière occidentale et essaie d’accélérer
l’édification des fortifications le long de la nouvelle frontière. Par deux
fois, la direction de l’Armée rouge, en février et mars, insiste sur

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