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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’accélération
des travaux ; le quartier général y insiste encore par une directive du 14 avril ;
ces injonctions ne changent rien. Staline fait voter une résolution dans le
même sens par le Bureau politique le 4 juin. Mais les résolutions ne
peuvent ni améliorer les transports ferroviaires, ni désengorger les rares
routes, ni combler le manque de ciment, de fils de fer barbelés (massivement
utilisés pour les camps !), ni même de bois.
    Staline sait que l’armée et l’industrie d’armement en pleine
réorganisation ne seront prêtes au mieux qu’en 1942 : les chaînes de
construction des nouveaux bombardiers (SOU-2) et des nouveaux tanks (KV et T 34)
commencent à fonctionner au début de 1941 seulement, et l’Armée rouge ne sera
vraiment équipée avec ces nouveaux modèles qu’en 1942. Il sait enfin que l’ordre
de mobilisation donné, trente ans plus tôt, par les divers pays, fin juillet 1914,
a brutalement cristallisé tous les risques de conflit et contribué à
transformer la tension en affrontement armé. Aussi tente-t-il d’éviter toute
mesure susceptible de fournir un prétexte à Hitler pour déclencher la guerre. C’est
là son erreur. Hitler n’a besoin d’aucun prétexte et pense que l’Angleterre,
quoique invaincue, n’est pas une menace sérieuse à l’Ouest puisqu’en France la
collaboration avec l’occupant s’épanouit sous le patronage du vainqueur de
Verdun.
    Le 23 mai, Staline discute près de trois heures avec
Joukov et Timochenko sans parvenir à prendre aucune décision. Le 24 mai,
Maiski informe Staline : certains ministres anglais veulent mettre à
profit la présence de Hess pour sonder Hitler sur d’éventuelles conditions de
paix. Le soir, Staline convoque au Kremlin le haut commandement de l’armée
(Timochenko, Joukov, Kirponos, Pavlov, Vatoutine, l’amiral Kouznetsov, etc.).
On discute pendant de longues heures, face aux « menaces croissantes d’agression
de l’Allemagne », des mesures à prendre qui, pour éviter toute fuite, sont
strictement limitées à l’état-major. Le corps des officiers est laissé dans l’ignorance
totale des débats. Deux jours plus tard, Staline informe Joukov et Timochenko,
convoqués au Bureau politique, que Schulenburg demande d’autoriser plusieurs
groupes d’enquêteurs allemands à rechercher dans les secteurs frontaliers les
tombes de soldats allemands inhumés lors de la Première Guerre mondiale. Le
soupçonneux Staline exige simplement que ces recherches soient limitées aux
lieux de sépulture. Les deux gradés, stupéfaits, ne protestent pas, mais
demandent l’autorisation d’intercepter les aviateurs allemands qui violent
systématiquement l’espace aérien soviétique. Staline refuse en reprenant à son
compte l’explication donnée par Schulenburg : ce sont des erreurs de
pilotes mal entraînés [1068] .
    Staline, toujours soucieux de diviser les organes du pouvoir
afin d’éviter toute collusion, tout regroupement menaçant son autorité sans
partage, n’informe pas l’état-major de l’évolution politique internationale,
dont le gouvernement, simple organe d’application, ne discute pas plus que des
décisions militaires. Il impose sa conception de la guerre à venir, toujours la
même : la Wehrmacht concentrera ses efforts sur l’Ukraine pour réaliser le
rêve hitlérien d’une Grande Ukraine soumise au Reich, foncer sur le Caucase et
mettre la main sur le pétrole de Bakou. Peut-être sa lecture des souvenirs de
Ludendorff l’influence-t-il ? Ludendorff soulignait, en effet, qu’en 1917
le pétrole roumain avait permis aux Austro-Allemands de tenir et, rappelant l’invasion
de l’Ukraine et de la Géorgie par la Reichswehr en 1918, insistait sur l’importance
des ressources du Caucase. Staline concentre donc les forces de l’Armée rouge
sur cet axe, dit front Sud-Ouest.
    Il soupçonne tout le monde de double jeu et de
désinformation : Hitler, Churchill, ses propres services de
renseignements, et, englué dans la toile de ces soupçons entrecroisés, il finit
par se neutraliser lui-même. Les services de renseignements et les ambassadeurs
distillent au compte-gouttes les informations qu’ils reçoivent afin de ménager
son irritabilité.
    Début juin, Staline fait emprisonner l’ex-commissaire aux
Armements, Vannikov, coupable de s’opposer à l’arrêt de la fabrication des
chars à canons de gros calibre et des mortiers, dont Staline fait

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