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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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vers
Kouibychev avec les dirigeants du Comintern, Dimitrov en tête. Le 16, la
panique règne à Moscou. Plus de mille militants du Parti détruisent leurs
cartes. Dans certains ministères s’élève la fumée des documents brûlés. Le 19,
Staline place Moscou en état de siège. Il signe une courte déclaration qui s’achève
par la décision de « fusiller sur place les provocateurs, les espions et
autres agents de l’ennemi, qui invitent à troubler l’ordre [1155]  ». Il fait
évacuer vers Kouibychev le corps diplomatique, les bureaux du Comité central et
du gouvernement. Seuls resteront à Moscou le Comité de défense, le Grand Quartier
général et le Bureau politique. La décision de Staline de rester au Kremlin
alors que le « gouvernement » s’était réfugié à Kouibychev a
contribué plus que tout à dessiner le portrait d’un homme aux nerfs d’acier,
impavide devant le danger et symbole de la résistance responsable. Pourtant, le
véritable gouvernement c’étaient le Comité de défense et le Bureau politique,
dont tous les membres restent à Moscou, sauf Jdanov et Vorochilov en poste à
Leningrad et Khrouchtchev à Kiev. Mais les autres ne sont guère, mis à part
Molotov, que des figures anonymes quand bien même leurs portraits s’étalent,
lors des festivités, au fronton des palais. Quoi qu’il en soit, Staline restant
au Kremlin, au milieu du chaos et en pleine panique, la continuité est assurée.
    Au sud de Moscou, à Toula, l’Armée rouge arrête les blindés
de Guderian. La Blitzkrieg a échoué. En trois semaines, du 18 octobre au 6 novembre,
sur le front du Centre, la Wehrmacht n’avancera plus que d’une dizaine de
kilomètres. Staline convoque à Moscou les membres du Comité central, qui
piétinent deux jours et repartent chez eux sans s’être réunis. Staline a d’autres
soucis. Il ne convoquera à nouveau le Comité central qu’en janvier 1944.
Le 25 octobre, il ajoute au Conseil pour l’évacuation, créé au moment de
la débâcle, un Comité pour l’évacuation, présidé par Mikoian, chargé de
préparer le transfert vers l’intérieur du pays des matériaux et biens de la
zone voisine du front. Staline ne s’y inclut pas. L’évacuation a un parfum de
défaite, bon seulement pour les autres.
    La défense de Moscou est l’occasion pour Staline de
promouvoir le patriotisme et les valeurs attachées aux traditions russes. Dans
son rapport du 6 novembre 1941 consacré au 24 e  anniversaire
de la révolution, il exalte « la grande nation russe, la nation de
Plekhanov et de Lénine, de Bielinski et de Tchernychevski, de Pouchkine et de
Tolstoï, de Glinka et de Tchaïkovski, de Gorki et de Tchekhov, de Setchenov et
de Pavlov, de Repine et de Sourikov, de Souvorov et de Koutouzov ». Cette
énumération soigneusement pesée de grands noms ne comporte aucun écrivain ni
peintre soviétique, aucun chef militaire de la guerre civile. La tradition qu’il
invoque est, essentiellement celle de la Russie impériale. Évoquant par
ailleurs le conflit en cours, Staline multiplie par trois les pertes de la
Wehrmacht qu’il chiffre à « plus de 4 millions et demi d’hommes tués,
blessés et prisonniers », et divise par trois les pertes de l’Armée rouge
qu’il estime à 350 000 hommes tués, 378 000 disparus et 102 000 blessés.
Il peut ainsi affirmer que, « après quatre mois de guerre, l’Allemagne,
dont les réserves en hommes s’épuisent déjà, se trouve beaucoup plus affaiblie
que l’Union soviétique, dont les réserves ne font que se déployer maintenant
dans toute leur ampleur [1156]  ».
Aucun de ses auditeurs ne croit sans doute à ce bilan optimiste des quatre
premiers mois de guerre, mais chacun doit feindre d’y ajouter foi, sans mot
dire.
    Le lendemain, sur la place Rouge, sous un ciel bas et
neigeux qui interdit à la Luftwaffe de menacer la capitale, il exhorte les
recrues qui partent au front en invoquant le nom des héros militaires russes d’un
lointain passé, grâce auxquels avaient été repoussés les envahisseurs teutons,
polonais et français : « Puissent vous inspirer dans cette guerre les
glorieux Kouzma Minine, Dmitri Pojarski, Alexandre Souvorov, Mikhail Koutouzov [1157] . » Pas
plus en cette occasion qu’en d’autres il ne cite le nom des combattants de la
guerre civile, pas même celui de Tchapaiev. Dans son bureau, les portraits des
généraux tsaristes Koutouzov et Souvorov encadrent

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