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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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grenier de l’URSS et son principal centre industriel.
L’URSS a également perdu le contrôle des deux tiers de sa production de charbon
et de fonte, et près de 60 % de sa production d’acier. Pour limiter les
conséquences de cette catastrophe, le Comité d’état à la défense confie à Beria
le soin de transférer les industries vers l’est. De l’invasion à la fin de l’année 1941,
près de 1 500 entreprises seront ainsi déplacées. Ce transfert
permettra à l’URSS d’assurer une production en armements lourds très supérieure
à celle de l’Allemagne. De juin 1941 à la fin de 1945, l’URSS produira 88 000 chars
contre 23 500 pour l’Allemagne, et 106 000 véhicules blindés
contre 41 000. Là se joue l’issue de la guerre.
    Après la décision de fixer à dix heures la durée de la
journée de travail, sans augmentation de salaire bien sûr, ce transfert, qui
jette sur les routes des millions d’hommes et de femmes avec leurs enfants,
mêlés aux civils fuyant la Wehrmacht, provoque de vives tensions sociales. Il
suscite notamment de violentes grèves dans plusieurs entreprises textiles de la
région d’Ivanovo. Cette agitation n’est pas isolée. Fin septembre, Staline a
reçu une lettre d’un groupe d’ouvriers de l’Oural lui exposant les raisons qui,
de leur point de vue, expliquent les revers de l’Armée rouge, et présentant
leurs doléances : les ouvriers, les paysans, la jeunesse, qui ont conquis
le pouvoir en 1917, disent-ils, en ont été dépossédés et subissent des « lois
fascistes » (amendes, répression, impôts écrasants, discipline fasciste
dans l’armée, etc.). Ils exigent l’annulation du système d’amendes dans les
usines, la dissolution des bataillons disciplinaires dans l’armée. Prudents,
ces Ouraliens, qui témoignent de l’ébullition engendrée dans le pays par la
débâcle, ne signent pas leur lettre… [1150]
    Pour rallier à lui une paysannerie pour le moins réservée,
voire hostile, Staline lui fait d’importantes concessions. Les autorités
locales laissent les paysans grignoter les terres des kolkhozes afin d’élargir
leurs lopins privés. Le Kremlin laisse les ouvriers allocataires d’un jardin l’agrandir
à leur guise. C’est ainsi qu’en 1945 72 % de la production de pommes de
terre et de légumes de l’URSS proviendront de ces lopins. La gigantesque
ponction de la guerre désorganise la vie agricole. Le général polonais Anders,
qui survole à cette époque la campagne entre Moscou et Kouibychev, note : « Plus
de la moitié des blés n’étaient pas coupés. On ne voyait presque pas de chevaux
ni de bétail. Personne ne ramassait les pommes de terre [1151] . » Beria
mobilise aussi le Goulag à des fins militaires et économiques. Celui-ci
fournira d’abord des troupes fraîches. Deux décrets, l’un du 12 juillet, l’autre
du 24 novembre 1941, décident la libération anticipée de déportés
pour délits mineurs. 420 000 d’entre eux sont expédiés en hâte sur le
front.
    Ils servent à combler le vide laissé par les divisions
encerclées, capturées ou décimées. La stratégie militaire de Staline est en
effet d’une simplicité fort coûteuse : contre-attaques frontales et jamais
de recul. L’infanterie sert de bélier au prix de pertes énormes. Enfin, nourri
des souvenirs de la guerre civile, Staline a décidé d’organiser des escadrons
de cavalerie légère pour couper les communications de l’ennemi et attaquer ses
arrières. Au 1 er  janvier 1942, l’Armée rouge comporte
ainsi 94 escadrons de 3 000 cavaliers chacun, soit près de 300 000 hommes
en tout. Malgré les saignées que subissent ces brigades légères, taillées en
pièces par l’artillerie, l’aviation et les blindés allemands, Staline s’obstinera
jusqu’à la fin de la guerre. Comme pour souligner plus encore son archaïsme, le
25 janvier 1943, il nomme le maréchal Boudionny commandant en chef de
la cavalerie. Le 1 er  mai 1944, dans un ordre à tous les
commandants de front, il ordonnera d’« utiliser les corps de cavalerie
pour accroître le succès et frapper les arrières de l’ennemi [1152]  ». En
dehors de Boudionny et Vorochilov, aucun général soviétique ne semble avoir
partagé ce goût immodéré pour le cheval.
    L’avance, même ralentie, de la Wehrmacht menace Moscou. Le 9 octobre
une commission du Comité de défense envoie à Staline la liste des mesures
prévues en cas de

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