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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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avec Eden, qui lui a répondu
chaque fois par le même refus et la même excuse, il fait feu de tout
bois : le gouvernement britannique avait bien fait alliance avec le
gouvernement tsariste, qui englobait dans les frontières de l’Empire la
Finlande et plus de la moitié de la Pologne ! Alors pourquoi ne pas
reconnaître les frontières, plus modestes, de 1941 ? Face aux réserves
anglaises, il renonce à son projet de protocole, à l’exigence d’un second
front, et même à un débarquement anglais dans la région de Petsamo. Toutes ces
concessions, dit-il, lui paraissent justifier en contrepartie la reconnaissance
des frontières de 1941. Et il lâche, ironique : « Je suis un peu
étonné de la dépendance de la politique anglaise vis-à-vis du gouvernement
américain. Je pensais que l’Angleterre disposait d’une plus grande liberté de
mouvement dans ses rapports avec les autres pays [1162] . »
    Son irritation le pousse à faire des déclarations
bravaches : « L’armée allemande est épuisée […]. Nos contre-attaques
se transforment en contre-offensives […]. Nous attaquons et allons attaquer sur
tous les fronts. L’armée allemande, en fin de compte, n’est pas si forte que
cela. Sa réputation est très surfaite [1163] . »
Il finira peut-être par croire à ses propres vantardises, puisqu’il lancera en janvier 1942
une contre-offensive bâclée. Peu doué pour les prophéties, il annonce à Eden
que « les forces des Japonais sont tout à fait épuisées » et qu’ils n’en
ont plus que pour quelques mois [1164] .
Ces conversations stériles se concluent par un communiqué commun et par un
banquet qui s’achève tard dans la matinée du 21 décembre, jour de son
anniversaire, à cinq heures du matin exactement. Eden, dans ses souvenirs, se
dit choqué par l’abondance de vodka et de caviar « alors que tout autour
régnaient la faim et la misère ».
    Le 4 février 1942, Staline systématise le travail
du Comité de défense : chacun de ses membres est chargé de contrôler un
secteur particulier de la production d’armement et son acheminement vers les
unités intéressées : Molotov les tanks, Malenkov et Beria les avions,
leurs moteurs et les mortiers, Voznessenski les munitions et la sidérurgie,
Mikoian l’approvisionnement de l’armée. Avec quelques modifications de détail,
il fonctionnera ainsi jusqu’à la fin de la guerre.
    Staline tient tous les fils de cet organisme entre ses
mains. Le bureau du Comité de défense, c’est le bureau de Staline, son
appareil, c’est le secteur spécial du Comité central, c’est-à-dire le
secrétariat particulier de Staline. Ni le Comité ni le Grand Quartier général n’ont
de secrétariat et, quasiment jusqu’à la fin de la guerre, aucun procès-verbal
de leurs réunions n’est dressé. Les communications du Comité avec les
commandements de front s’effectuent par le téléphone spécial de Staline. Leurs
réunions ne comportent pas d’ordre du jour. On commence à travailler lorsque
Staline arrive. Poskrebychev convoque alors aussitôt, en plus de tous les
membres du Comité, les individus dont il lui donne la liste. Staline livre aux
personnes présentes une liste de questions à régler, en ajoute d’autres qui lui
viennent en tête au fil de la discussion, et fait convoquer par Poskrebychev
les gens qu’il juge nécessaires en cours de réunion. Le commandant de l’arrière,
Khroulev, qualifiera ce fonctionnement d’à la fois dictatorial et souple :
« Staline concentrait tout sur lui. Il n’allait lui-même nulle part […].
Il n’y avait dans le Comité de défense et dans le Grand Quartier général aucun
bureaucratisme ; c’étaient des organismes exclusivement opérationnels. La
direction en était concentrée dans les mains de Staline. En une journée, il s’y
prenait des dizaines de décisions [1165] . »
Staline signe un grand nombre de documents sans les lire tant qu’il a confiance
en leur auteur. À la première impression qu’il éprouve d’avoir été abusé ou qu’on
s’est joué de lui, le responsable est sanctionné.
    Le 5 janvier, il fait adopter par le Grand Quartier
général une directive qui concrétise la folle stratégie définie le 10 décembre :
ordre est donné aux neuf fronts de passer, l’un après l’autre, à l’attaque, sur
une ligne continue de près de 2 000 kilomètres, du lac Ladoga à la
mer Noire. Il fixe à l’Armée rouge l’objectif

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