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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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chic est hiérarchisé en une savante gradation du
troisième secrétaire à l’ambassadeur de première classe. Il rétablit les
grades, supprimés au lendemain de la révolution et remplacés par une simple
indication de fonction : commandant de compagnie, de régiment, de
division, de corps d’armée.
    Roosevelt a, un instant, pensé proposer à Staline une
rencontre à deux, sans Churchill, en Alaska. Le président américain est, en
effet, beaucoup plus ouvert à l’idée d’un débarquement prochain en France que
Churchill, préoccupé d’abord par la défense de l’Empire britannique et le
contrôle de la Méditerranée. À cette fin, il envoie, au début du mois, l’ancien
ambassadeur américain en URSS, Joseph Davies, que Staline reçoit dès le
lendemain de son arrivée à Moscou, après avoir téléphoné le matin à Dimitrov
pour l’inviter à accélérer la dissolution effective du Comintern : « Est-il
impossible de donner aujourd’hui à la presse la décision du présidium ? Il
faudrait se dépêcher de la publier ! » Il espère ainsi influer sur la
réunion anglo-américaine qui s’est ouverte à Washington le 12 mai.
Dimitrov s’excuse : il faut bien consulter sur le texte les partis, qui n’ont
pas été interrogés au sujet de la décision finale. Le 21 mai, une réunion
du Bureau politique en discute. Kalinine émet des réserves sur la décision, que
Staline balaie d’un revers de main. Mais, entre-temps, la conférence de
Washington, close le 25 mai, a décidé de ne pas ouvrir de second front en
1943 et d’attendre le printemps 1944. Le 4 juin, Roosevelt en informe
Staline qui, furieux et exaspéré, rappelle à Churchill, dans une lettre du 11 juin,
ses promesses du 26 janvier et du 12 février à ce sujet.
    Ses enfants ne le détournent pas de ses soucis quotidiens.
Pendant la guerre, il ne les voit quasiment jamais, mais les frasques de l’ivrogne
Vassili, nommé colonel, et qui multiplie beuveries et bagarres, lui reviennent
souvent aux oreilles. Le 26 mai, informé d’un nouveau scandale, il entre
en rage et le limoge. Son ordre au commandant des forces aériennes de l’URSS
souligne, par ses maladresses d’écriture, la fureur que provoque en lui le
discrédit ainsi jeté sur son nom. Non content de le démettre de son
commandement d’un régiment d’aviation, il ordonne de « déclarer au
régiment et à l’ancien commandant du régiment que le colonel Staline est relevé
de ses fonctions de commandant du régiment pour ivrognerie et débauche, et
parce qu’il corrompt et déprave le régiment [1216]  ».
    Outre la dissolution du Comintern, qui clôt une époque, juin 1943
annonce aussi le deuxième grand tournant de la guerre. Hitler veut lancer la
Wehrmacht à Koursk, dans une grandiose offensive appelée « opération
Citadelle ». À la fin du mois, l’état-major soviétique met la dernière
main à la préparation de sa contre-offensive sur le saillant qu’y dessine la
Wehrmacht. Staline, pressé, très tendu, harcèle les chefs militaires qu’il
insulte copieusement. Joukov souligne à cette occasion l’un des traits de son
comportement dans les prises de décision militaires : « Il
ressemblait à un boxeur plein de tempérament, s’échauffait souvent et se hâtait
d’entrer dans la bataille. S’échauffant et se hâtant, Staline ne prenait pas
toujours correctement en compte le temps nécessaire à la préparation complète d’une
opération [1217] . »
Il manifeste sur ce plan une nervosité inquiète, à l’inverse du sang-froid
flegmatique – voire de la lenteur – qu’il montre en politique.
    Le 5 juillet, les blindés allemands attaquent par
centaines. Ils se heurtent à un déluge de feu. Les canons et les « tobrouks »
(tourelles de chars enfoncées dans des blocs de béton) de l’Armée rouge
déversent des millions de tonnes d’obus sur eux et sur les lignes allemandes.
Ce pilonnage dure une semaine. Puis l’infanterie et les chars se lancent à l’assaut,
le 12 juillet. L’opération la plus gigantesque de la Seconde Guerre
mondiale s’achève, le 23 août, par la libération de Kharkov et par un
désastre allemand. La Wehrmacht a perdu un demi-million d’hommes, 1 500 tanks
et 3 700 avions. Mais surtout, l’Armée rouge a brisé l’épine dorsale
de la Wehrmacht, contrainte à un recul permanent, qu’elle pourra, au mieux, et
malgré les hurlements de Hitler dans son bunker, freiner ou

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