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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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soviétique). Il a sollicité les
projets, et les poètes les plus connus ont écrit des textes : Simonov,
Olga Bergoltz (les deux seuls qui ne citent pas le nom de Staline), Asseiev,
Dolmatovski, Antokolski, Sourkov, Demian Biedny, Issakovski, Tikhonov. Vers le
15 octobre 1943, il donne sa préférence au projet de Mikhalkov et El
Registan. Il leur propose, au téléphone, quelques aménagements de vocabulaire,
les reçoit personnellement, leur attribue un bureau au Kremlin pour revoir leur
texte, corrigé par lui. Il leur fait remplacer les deux vers : « Lénine
nous a éclairé le chemin de l’avenir /Staline, l’élu du peuple, nous a élevés »
par « Le grand Lénine nous a éclairé le chemin / Et Staline nous a élevés
dans la fidélité au peuple ».
    Le surlendemain, dans la salle Beethoven du Bolchoï, les
chœurs de l’Armée rouge doivent interpréter les projets retenus. Staline est
présent, en tenue de maréchal. Les meilleurs compositeurs sont là :
Chostakovitch, Prokofiev, Khatchatourian, et d’autres moins connus. Il les
note : il donne le maximum à Chostakovitch et Khatchatourian, mais
finalement retient l’orchestration pompeuse d’un certain Rogal-Levitski. Le
nouvel hymne chante la grandeur de la Russie. Il entre en vigueur le 1 er  janvier 1944.
Staline invite les lauréats dans la loge gouvernementale du Bolchoï pour « arroser
cela selon la coutume russe [1224]  ».
L’arrosage dure jusqu’à cinq heures du matin : seuls les vainqueurs et
Staline alimentent la conversation. Les autres se taisent ou se contentent de
rire aux moments requis. Soudain, sans raison apparente, Staline lance : « Nous
n’aimons pas les timides, mais nous n’aimons pas non plus les effrontés [1225] . » Qui
sont ces effrontés ? Peut-être les écrivains soviétiques, qui ont pris
quelques libertés avec la discipline idéologique pendant la guerre. Staline, n’a
guère eu le temps de s’occuper d’eux. La victoire approchant, il peut consacrer
plus de temps à l’ordre intérieur. Et le tableau qu’il découvre le mécontente
si fort qu’il décide alors qu’aucun prix Staline d’art et de littérature ne
sera attribué pour l’année 1944.
    Le nationalisme russe et la liquidation de l’internationalisme
sanctionnée par la dissolution du Comintern sont les deux faces d’une politique
d’entente avec les Alliés, qui se heurte à de graves difficultés en
Yougoslavie. Au début de la guerre, la radio soviétique n’a parlé que des
tchetniks, petit mouvement de résistance monarchiste dirigé par le général
Mihailovic, alors que les partisans communistes, dirigés par Tito, rassemblent
bientôt la masse de la population. Sous la pression de ce mouvement populaire,
les partisans communistes, réunis à Jajce en octobre 1943, élaborent un
programme de socialisation de l’économie, proclament la déchéance du
gouvernement royal, réfugié à Londres, et interdisent au roi Pierre II de
rentrer en Yougoslavie. Staline, furieux, ordonne à la station de radio
Yougoslavie libre, installée à Moscou, de censurer ces décisions. Manouilski
écrit à Tito : « Le Patron est très mécontent ; il dit que c’est
un coup de poignard dans le dos de l’Union soviétique et une manœuvre contre la
conférence de Téhéran », première d’une série de rencontres entre Alliés
destinées à organiser le monde de demain.
    Le 30 octobre 1943, Staline fait un nouveau pas en
direction des Américains. Il reçoit à dîner les représentants des États-Unis et
de l’Angleterre, après la réunion des trois ministres des Affaires étrangères
soviétique, anglais et américain. Entre deux des innombrables toasts qui
égaient la soirée, Staline se penche vers son interprète, et chuchote à son
oreille l’ordre de communiquer très discrètement au ministre américain Hull,
pour transmission à Roosevelt, une information qu’il veut encore garder
secrète : « Le gouvernement soviétique a pris la décision d’intervenir
contre le Japon dès la fin de la guerre en Europe, une fois que les Alliés
auront défait l’Allemagne hitlérienne [1226] . »
Ainsi, plus tôt les Alliés débarqueront en France, plus tôt l’URSS déclarera la
guerre au Japon.
    Le 6 novembre, l’Armée rouge libère Kiev. Vingt jours
plus tard, Staline part pour Téhéran discuter avec Roosevelt et Churchill de la
future organisation de l’Europe. Il emmène avec lui Molotov et

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