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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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des
montagnes, intrépide dans le combat, qui guidait hardiment le Parti par les
chemins inexplorés du mouvement révolutionnaire russe [108]  ».
    Comment, du fond de Novaia Ouda, après un an et demi de
réclusion en Géorgie, Koba pouvait-il juger les mérites comparés de dirigeants
installés en Europe ? Il communique son enthousiasme à un ami émigré qui
transmet aussitôt son épître admirative à Lénine, lequel envoie à Staline, à
Novaia Ouda, « une lettre simple mais profonde […] une petite lettre
simple et hardie […] d’une concision et d’une audace qui font que chaque phrase
fait penser à un coup de feu ». Elle renforça en lui l’idée que « nous
avions en Lénine l’aigle des montagnes de notre parti [109]  ». Staline
n’en dira pas plus sur sa réponse inexistante que sur le contenu de l’imaginaire
missive.
    À la fin de janvier 1904, Koba est de nouveau à Batoum.
Ce retour sur le lieu de ses exploits antérieurs est contraire aux habitudes
des révolutionnaires condamnés, qui évitaient de revenir là où ils étaient déjà
repérés par la police, surtout après une évasion. D’autant que dans la petite
ville de Batoum, un condamné politique évadé ne pouvait guère se cacher. Mais
Koba est peu connu et ne tient pas à s’éloigner de sa province natale.
    Les mencheviks, majoritaires au comité de Batoum, veulent
barrer la route à celui que l’un d’eux décrit comme un « jeune homme sec,
osseux, au visage brun pâle, raviné par la petite vérole, aux yeux agiles et
rusés, vif, désinvolte et présomptueux [110]  »,
responsable à leurs yeux de l’aventure d’avril 1902. La police démantelant
alors leur imprimerie clandestine, certains mettent Koba en cause. Une
commission d’enquête tranche : il n’a pas respecté plusieurs règles de la
clandestinité mais ne peut être accusé d’avoir livré l’imprimerie à la police [111] . Koba est
victime de son caractère : rebuté par la discipline du séminaire, il
rechigne à obéir à toute règle. Il ne la conteste pas, mais, décidé à n’en
faire qu’à sa tête, l’ignore ou la contourne sans mot dire, par refus de se
justifier ou incapacité à s’expliquer. Aussi les soupçons planent-ils bientôt
sur lui.
    La commission a lavé son honneur. Mais le comité de Batoum
ne veut plus de lui. Dépité, Koba repart fin février pour Tiflis où le jeune
Léon Kamenev, nouveau responsable du comité bolchevik, l’accueille et lui
fournit une cache. Il devient rédacteur du journal bolchevik Proletariatis
Brdzola ( La Lutte du prolétariat), qui paraît à la fois en géorgien,
en arménien et en russe ; six des douze numéros publiés contiennent un
article de lui. Koba est monté en grade : il appartient désormais au
groupe des dirigeants bolcheviks locaux. Il croise le fer, sans lésiner sur les
moyens, avec les mencheviks, largement majoritaires dans la social-démocratie
géorgienne. Un jour, mis en minorité dans une réunion, il s’éclipse. Quelques
minutes après retentit le signal convenu annonçant l’arrivée imminente de la
police. Les militants se dispersent. Pas de gendarme à l’horizon, mais plus de
réunion. La plaisanterie lui évite d’être mis en minorité. Toutefois, ces
pratiques favorisent les rumeurs. Le menchevik Arsenidzé l’accuse d’avoir
qualifié les dirigeants mencheviks Martov, Dan et Axelrod de « juifs
circoncis » en ajoutant : « Ce sont des lâches et des
trafiquants. […] Les travailleurs de Géorgie ne savent-ils pas que les juifs
sont un peuple peureux inapte au combat [112]  ? »
Arsenidzé projette peut-être le Staline d’après-guerre sur le Koba de 1903.
Mais, dans son rapport sur le congrès unifié du POSDR de 1907, Koba rapportera
complaisamment la plaisanterie du bolchevik Alexinski « selon qui les mencheviks
sont une fraction juive et les bolcheviks une fraction russe ; par
conséquent, concluait Alexinski, nous ferions bien, nous bolcheviks, d’organiser
un pogrome dans le Parti [113]  ».
Plaisanterie d’un goût douteux après trois ans de pogromes.
    Révolutionnaire professionnel, Koba ne vit pourtant pas
seulement de politique. Le 22 juin 1904, à Gori, il épouse Catherine
Svanidzé, jeune paysanne âgée de 15 ans, originaire du village de
Didi-Lilo où était né son père, sœur de son camarade bolchevik Alexandre Svanidzé.
Le mariage est célébré à l’église Saint-David de Tiflis par un ancien

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