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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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du
séminaire : le mariage civil n’existant pas dans la Russie tsariste, seul
un mariage religieux peut être enregistré. C’est pourquoi Lénine, qui jugeait l’idée
même de Dieu inconvenante, s’est pourtant marié à l’église et Trotsky a reçu,
avec son épouse, la bénédiction d’un rabbin à la prison de transit de Moscou.
    Catherine, jeune femme pieuse, fait vivoter le ménage en
travaillant comme couturière. Elle vénère son mari comme un demi-dieu et,
pendant ses réunions nocturnes, prie sans succès le Seigneur pour qu’il renonce
à ses idées hérétiques et ses ténébreuses activités pour se consacrer à sa
famille. Tout confirme et sa dévotion pour Koba et l’amour de ce dernier pour
cette belle femme-enfant aux cheveux de jais et aux grands yeux noirs, qui,
selon la légende, se cacha sous la table la première fois que des militants
bolcheviks débarquèrent chez Koba.
    Ce mariage avec une femme étrangère à l’action politique est
original pour un militant russe. L’épouse de Lénine, Kroupskaia, est son
adjointe et sa secrétaire politique. Trotsky, Zinoviev, Kamenev épousent des
femmes qui partagent leurs convictions. Koba, lui, a fait un autre choix –
que l’amour n’explique pas seul. Il n’aime pas traiter d’égal à égal. Sa
seconde épouse, Nadejda Alliluieva, l’irritera en ayant des idées sur tout. Il
se choisira plus tard des assistants et collaborateurs bornés et butés. Il a
besoin de dominer son entourage. La belle, douce mais inculte Catherine, plus
jeune que lui de onze ans, lui en donne l’assurance. En 1910, faisant son
éloge, il évoquera les « beaux habits » qu’elle lui cousait. Cela lui
suffit amplement.
    Il la quitte au lendemain de son mariage et part pour Bakou.
Depuis le forage du premier puits de pétrole dans la presqu’île d’Apchéron,
trente ans plus tôt, la ville a poussé comme un champignon le long de la mer.
Elle compte alors près de 200 000 habitants. Les fonctionnaires et
contremaîtres russes, les commerçants et ingénieurs arméniens, les étrangers et
quelques richissimes Azéris y vivent dans le centre, pavé et éclairé au gaz la
nuit. Les trois quarts restants de la population, surtout les azéris musulmans,
s’entassent dans des villages de toile, des baraquements de fortune,
malodorants, sans eau ni lumière, et dans les taudis des faubourgs pouilleux de
Balahany, Sabunci et Bibi Eibat, aux rues poussiéreuses, encombrées d’ordures
qui ceinturent la ville au nord-est et à l’ouest. La pollution ronge les
poumons, et les enfants des faubourgs meurent en masse : en cette fin de
siècle déjà, un cimetière spécial accueille les petites victimes. L’administration
et le patronat attisent les haines raciales qui déchirent cette Babel affamée
et dressent les uns contre les autres les Arméniens, les Géorgiens, les Russes,
les Ossètes, le sous-prolétariat sous-payé des Tatars et des Azéris, les Turcs
et les Perses qui passent la frontière pour quelques kopecks.
    Les sociaux-démocrates de la ville se trouvent alors dans
une situation difficile. Deux Géorgiens, Lado Ketskhoveli et Aveli Enoukidzé, y
ont formé pendant l’été 1901 un comité, lancé en septembre de la même
année un journal en géorgien, et monté une imprimerie clandestine, dite Nina,
qui reproduit les numéros de L’Iskra. Les matrices, parties de Marseille,
leur parviennent au terme d’un long voyage par bateau, à dos de cheval ou de
mulet à travers la frontière perse. Nina les reproduit à des milliers d’exemplaires
qui sont diffusés dans le Caucase et la Russie du Sud. La propagande
social-démocrate rencontre un écho favorable : la crise économique frappe
l’industrie du pétrole, les salaires sont bloqués, le chômage menace. Le 1 er  mai 1902,
près de 5 000 travailleurs défilent dans les rues de Bakou ; c’est
la plus grande « maievka » de l’Empire. Mais en septembre 1902,
la police arrête les deux meneurs socialistes. Peu après, un gardien de prison
abat d’un coup de fusil en plein cœur Ketskhoveli qui haranguait les détenus
depuis la fenêtre de sa cellule.
    En juillet 1903, les ouvriers du pétrole de Bakou, qui
travaillent alors seize heures par jour, déclenchent la grève, suivis par les
ouvriers de Tiflis, de Batoum, et les mineurs de Tchiatouri. Mais la grève
reflue et les arrestations démantèlent le comité social-démocrate. Un an plus
tard (juin 1904), Koba

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