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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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et la grève. Le lendemain, un rectificatif
précise : « Le camarade Staline, de février 1902 à la fin de
1903, se trouvait dans les prisons de Batoum, puis de Koutaïs. Staline ne put
donc être l’organisateur de la grève de Tiflis en 1902. » Pendant ces
dix-huit mois de détention, il tente d’apprendre l’allemand, langue officieuse
du mouvement social-démocrate international, qu’il ne parviendra jamais à
parler. Il n’écrit rien. Trente-six mois séparent le deuxième texte de ses Œuvres
complètes, daté de novembre-décembre 1901, du troisième, daté de septembre 1904.
Cette passivité muette se répétera à chacun de ses séjours en prison et lors de
son lointain exil sibérien de Touroukhansk.
    Lors du procès des fauteurs de troubles, en mars 1903,
Koba ne figure pas parmi les vingt et un manifestants jugés et condamnés. En
1923, l’historien Nevski affirmera : « Suite aux grèves de Batoum […]
il fut inculpé […] mais l’affaire fut classée faute de preuves [104] . » La
police, incapable de prouver sa participation à la manifestation, n’a pu l’envoyer
sur le banc des accusés. Le seul témoin à charge est le commissaire de police
Tchikhvadzé. C’est trop peu pour les juges de l’époque. Les militants
révolutionnaires russes cherchaient à utiliser les procès comme tribune, mais
Koba, médiocre orateur et peu soucieux de se mettre en avant, préfère une
modeste condamnation administrative à une prise de risque inutile ; la
provinciale et lointaine Batoum n’est de toute façon pas Saint-Pétersbourg.
    En ce même mois de mars 1903 se constitue un Comité
transcaucasien de neuf membres chargé de diriger l’activité social-démocrate
dans les trois pays du Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan). Y figurent
Djibladzé, le vieil ennemi de Koba, Jordania, qui le méprise, et quelques
futurs bolcheviks, parmi lesquels Tsouloukidzé, prince décavé et tuberculeux,
ancien étudiant en droit à l’université de Moscou, l’un des rares Géorgiens à
avoir lu Le Capital. Mais les arrestations, fréquentes, assurent à l’époque
une rotation rapide des fonctions. Koba entrera dans ce comité dirigeant de la
social-démocratie caucasienne au printemps 1904.
    En juillet-août 1903, le véritable congrès de fondation
du Parti ouvrier social-démocrate de Russie tenu en exil s’achève par une
scission née d’un désaccord sur l’article 1 des statuts : les
mencheviks, dirigés par Martov, rejoint un bref moment par Trotsky, veulent un
parti large, ouvert aux sympathisants, prêt à animer une opposition
parlementaire dans la république démocratique de demain ; les bolcheviks,
dirigés par Lénine, veulent un parti étroit, rigoureusement centralisé et
discipliné, soumis aux nécessités de l’action conspiratrice pour préparer l’insurrection
qui renversera l’autocratie tsariste. L’avenir montrera que ces divergences,
alors embryonnaires, sont bien réelles, mais elles apparaissent alors confuses
à de nombreux délégués du congrès lui-même et très obscures aux militants de
Russie.
    La monarchie répond au développement des luttes ouvrières
par une tentative de désintégration intérieure et d’intimidation. Le policier
Zoubatov, ancien populiste repenti, propose d’organiser les ouvriers dans des « syndicats »
contrôlés par la police pour les convaincre que le tsar les défend contre leurs
patrons et les fonctionnaires-bureaucrates. En février 1904, il forme avec
le pope Gapone, indicateur de l’Okhrana, une assemblée des travailleurs des
fabriques et usines de Saint-Pétersbourg.
    À côté de ce syndicalisme policier, des groupes
ultranationalistes, contre-révolutionnaires et antisémites dits Centuries
noires ou Cent-Noirs, se forment dès 1903 avec l’aide des autorités ;
en 1905, ils se fédèrent à l’échelle nationale avec l’autorisation, le soutien
et l’argent du pouvoir, et créent de multiples organisations riches en popes,
cabaretiers et concierges, l’Union du peuple russe, l’Union des Russes, l’Aigle
à deux têtes, etc. Leur credo politique se résume en quelques formules choc :
« Nous ne pouvons pas permettre que n’importe quelle racaille
intellectuelle, n’importe quel ignoble youpin vienne saper le pouvoir du tsar »
et en un slogan : « Cogne [c’est-à-dire tue] les youpins, sauve la
Russie ! » Ils déchaînent pogromes, incendies et assassinats, surtout
dans les

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