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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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contre les paysans s’accompagne d’un
renforcement de la répression politique contre les officiers d’une armée de
paysans. Au début de janvier 1947, Staline fait arrêter le maréchal
Koulik, son ancien protégé, le général Gordov et le général major Rybaltchenko.
Ces deux derniers, ne pensant pas que leur appartement était sur écoutes, ont
ouvert leur cœur : « Les kolkhoziens haïssent Staline et attendent sa
fin, a dit Gordov. Ils pensent que la fin de Staline ce sera la fin des
kolkhozes […]. Il a ruiné la Russie, la Russie n’existe plus […]. C’est l’inquisition
généralisée, les gens meurent tout simplement. » Ces deux généraux, entre
eux, ont affirmé aspirer à une « authentique démocratie [1347]  ». Après
le rétablissement de la peine de mort, ils seront, avec Koulik, secrètement
condamnés à mort et exécutés, en août 1950, pour intention de trahir la
patrie, préparation d’attentats, et activité antisoviétique, toutes accusations
qu’ils rejetteront jusqu’au bout. L’après-guerre ne semble pas favorable aux procès
publics.
    Staline poursuit son opération contre les généraux, et
surtout contre Joukov, par étapes soigneusement espacées. Il prend son temps.
Au Comité central de février 1947, il abandonne ses fonctions de ministre
de la Défense en conservant ses autres fonctions gouvernementales. Début
novembre, quatre amiraux dont l’ancien commissaire à la Marine, Kouznetsov,
accusés d’avoir, pendant la guerre, transmis aux Anglais des renseignements
secrets sur une nouvelle torpille, sont traduits devant un tribunal d’honneur.
Réuni du 12 au 15 janvier, composé de gradés, ce tribunal fronde, au grand
dam de Staline : il refuse d’établir la culpabilité des accusés, qui sont
alors transférés devant le collège militaire de la Cour suprême qui, en
février, condamne deux des accusés à dix ans de prison, le troisième à deux
ans, et rétrograde l’amiral Kouznetsov au rang de contre-amiral.
    Un an plus tard, le 20 janvier 1948, le Comité
central avertit Joukov. Il lui donne « pour la dernière fois la
possibilité de se corriger et de devenir un membre honnête du Parti, digne de
la fonction de commandant ». Les arrestations de ses proches se
multipliant, Joukov a un infarctus. Staline fait alors arrêter deux généraux,
Teleguine et Krioutchkov, ancienne ordonnance de Joukov et mari de la célèbre
chanteuse Rouslanova. Krioutchkov est accusé d’avoir, en Allemagne, pillé des
objets précieux de toute sorte pour son compte et celui de Joukov qui rétorque,
assez hypocritement, que les trophées, effectivement accumulés dans sa datcha,
appartiennent à l’État. Telle est la situation de tous les bureaucrates :
ils pillent l’État mais le système leur interdit de transformer leurs
possessions en propriété durable. Ils devront attendre la chute de l’URSS pour
réaliser ce rêve.
    Staline convoque un conseil militaire pour juger Joukov. Il
ouvre la séance en relisant les dépositions de Novikov sur les ambitions
bonapartistes de Joukov et ses déclarations d’hostilité au gouvernement. Beria
et Kaganovitch répètent ses accusations devant Joukov dont le visage blêmit.
Staline se tourne alors vers les maréchaux : « Et vous, qu’est-ce que
vous dites ? » Koniev balbutie : « Oui, c’est difficile de
travailler avec Joukov, il est cassant, intolérant, vaniteux, mais honnête et
dévoué au gouvernement. » Staline ricane : « Ah, vous dites ça ?
Savez-vous que Joukov a tenté de s’approprier votre victoire à
Korsoun-Chevtchenkovski ? Il a dit que c’était le fruit de son action. »
Cette diversion manque son but : « Je n’en savais rien »,
rétorque Koniev. Rybalko tient des propos similaires. Sokolovski prend, lui
aussi, la défense de l’ancien chef d’état-major. Avec des nuances, la majorité
des chefs militaires sont solidaires. Ils sentent instinctivement que si l’ancien
chef d’état-major est condamné, leur tour viendra demain ou après-demain.
Staline conclut la discussion sur un ton un peu moins cassant. « Visiblement,
dira Koniev, il avait au début l’intention de faire arrêter Joukov au sortir de
ce conseil militaire. Mais, sentant notre opposition intérieure et pas
seulement intérieure, la solidarité des militaires avec Joukov […] il changea
de cap et renonça à son intention initiale [1348] . »
Staline n’a plus, comme en 1937, à

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