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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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craindre une rébellion des chefs militaires.
Il a, en revanche, grand besoin de l’Armée rouge pour contrôler l’ordre dans
les pays d’Europe orientale. Alors, autant ménager ses maréchaux.
    Il est d’autant plus acariâtre et envieux que, frappé par
une nouvelle attaque en décembre 1947, sa santé se dégrade vite. Lors de
sa dernière visite, en 1948, Djilas le trouve considérablement vieilli par
rapport à la dernière année de la guerre. Il note « les signes manifestes
de sa sénilité » : une gloutonnerie insatiable, le plaisir avec
lequel il ressasse des histoires, réelles ou imaginaires, de son enfance et s’esclaffe
à des niaiseries et à des plaisanteries futiles. À la fin du repas, après avoir
esquissé un pas de danse, il bougonne, l’air résigné : « L’âge est
lentement venu à bout de moi, je suis déjà un vieillard [1349] . » Molotov
rejette l’idée qu’il aurait dû prendre sa retraite après la guerre, et ajoute « Mais,
à mon avis, il était surmené. D’aucuns ont voulu jouer là-dessus […]. Il était
de moins en moins en état de travailler [1350] . »
    Président en titre du Conseil des ministres, Staline en
confie la présidence effective à Nicolas Voznessenski jusqu’au printemps 1949,
puis à Malenkov. Quand il est présent, il suit le déroulement des travaux en
observant ses collaborateurs d’un regard méfiant, à travers ses paupières à
demi plissées, toujours en quête d’un signe justifiant sa suspicion à leur
endroit. Mais il y vient de plus en plus rarement. Or le Conseil adopte en
moyenne une centaine de décisions par semaine. Poskrebychev les rassemble dans
un paquet et les porte à la datcha de Staline pour les lui faire signer. D’après
Molotov : « Ces paquets restaient des semaines et des mois sans être
décachetés […]. Une pile énorme que personne ne défaisait […]. On arrivait à la
datcha, les paquets étaient entassés là depuis un mois et une nouvelle pile
venait s’y ajouter [1351] . »
Certes, à table, il interroge ses convives sur les questions qu’ils ont
traitées ce jour-là. Mais cet échange reste superficiel. Comme avant la guerre,
Staline se concentre sur la lutte politique dans les sommets d’un parti qui n’est
plus qu’un gigantesque organisme bureaucratique, et laisse peu à peu la
paralysie gagner tout l’État.
    Il impose à tout l’appareil du Parti et de l’État un rythme
de travail et un emploi du temps aberrants : il se lève vers midi et se
couche vers trois ou quatre heures du matin. Angoissés à l’idée de recevoir un
coup de téléphone de Staline, qui peut-être ne viendra jamais, et immobilisés
près de leur poste pour répondre à cette éventualité permanente, les ministres
et leurs adjoints, les chefs de service, les rédacteurs en chef des revues et
journaux, les secrétaires des PC des diverses Républiques, les secrétaires de
comités de région, de territoire, de district modèlent leur journée sur le même
horaire. Personne ne rentre chez soi avant quatre heures du matin. Après chaque
réunion, Staline invite volontiers ses lieutenants à Kountsevo. Ils regardent
alors souvent l’un de ses films préférés, qu’il peut contempler et imposer à
ses collaborateurs vingt fois de suite. Puis ils dînent. Et Staline discute
avec ses invités, qu’il fait boire à tout va, de toutes les questions qui lui
passent par la tête, et en cas de besoin fait appeler, sans souci de l’heure,
les gens qu’il juge soudain indispensables de consulter.
    Chepilov, adjoint de Jdanov, témoignera de l’épuisement
nerveux dans lequel ce mode de fonctionnement réduisait les dirigeants du Parti
et de l’État. Lorsque, le lendemain, vers midi, Jdanov convoque Chepilov, ce
dernier constate sur son patron les dégâts de ce mode de vie et de
travail : « Il avait un visage très pâle et extrêmement las. Il avait
les yeux luisants d’insomnie. Il ouvrait de façon saccadée la bouche comme pour
happer l’air qui semblait lui manquer. Ces veillées nocturnes à la datcha
Blijnaia étaient littéralement mortelles pour Jdanov, malade du cœur. Mais ni
lui ni un autre, même malade, ne voulait manquer une seule de ces
réunions : là se disait, se discutait et parfois se réglait définitivement
absolument tout [1352] . »
Les dirigeants du Kremlin discutent des questions les plus brûlantes au cours
de ces réunions nocturnes de vieux garçons en goguette.
    Outre ce

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