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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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revient aux fonctionnaires soviétiques, comme dans les autres « démocraties
populaires ». En mars, les dirigeants yougoslaves s’en plaignent à
Staline, qui leur propose de signer d’autres accords de ce type afin de mettre
la main sur les matières premières yougoslaves. Staline se fait
conciliant : « Ces sociétés mixtes sont destinées à la Hongrie, à la
Roumanie, à la Bulgarie, ainsi qu’aux autres États qui ont collaboré avec
Hitler, pas à la Yougoslavie, elles ne conviennent pas à un pays allié et ami
comme la Yougoslavie […], l’indépendance du pays en souffrirait, et les
relations amicales seraient gâchées. Ces sociétés conviennent aux pays
satellites [1356]  »,
pays à qui Staline donne ainsi lui-même ce qualificatif que ses services
dénonceront comme une invention maligne de la propagande bourgeoise.
    De Paris et de Washington viennent alors deux signes de
valeur différente, mais d’égale importance. Le 25 avril, une grève
commence chez Renault, fief de la CGT et du PCF, dans deux ateliers où l’influence
des trotskystes est grande. Les ouvriers réclament une augmentation de dix
francs de l’heure. Le parti communiste a plusieurs ministres au gouvernement,
ce gouvernement qui bloque les salaires et organise la guerre en Indochine
après avoir massacré les insurgés malgaches en novembre 1947. Il dénonce
donc la grève qui, le 30 avril, s’étend à tous les ateliers. Le président
du Conseil, le socialiste Paul Ramadier, est intransigeant : les salaires
doivent rester bloqués ! Le président de la République, Vincent Auriol,
demande à Maurice Thorez, vice-président du Conseil, de jeter tout son poids
dans la balance contre la grève. Thorez bafouille : « Je ne peux plus
rien. J’ai fait tout ce que je pouvais. Je suis maintenant au bout du rouleau [1357] . » Le 4 mai,
les députés communistes, pour ne pas perdre le contact avec les ouvriers, dira
Jacques Duclos en septembre, refusent la confiance au gouvernement, d’où ils
sont immédiatement chassés malgré leur volonté affirmée d’y rester et de
continuer à le soutenir. La veille, le démocrate-chrétien De Gasperi, en
Italie, a congédié les ministres communistes de son propre gouvernement.
Staline, partisan de leur maintien et de l’illusoire alliance antiaméricaine
avec la bourgeoisie nationale, est mécontent d’une décision que le parti
communiste n’a pas discutée avec Moscou. Il en informe Thorez, à qui Jdanov, le
2 juin, au nom du Comité central, reproche de ne pas avoir discuté avec
les Soviétiques une tactique qui est à l’origine de sa sortie du gouvernement.
    Quatre jours plus tard, Molotov adresse une copie de la
lettre à l’ambassadeur soviétique aux États-Unis, en Bulgarie, en Hongrie, en
Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie, pour communication aux dirigeants
des partis communistes de ces pays. Le Parti communiste américain ne jouant pas
de rôle significatif dans la vie politique nationale, la décision de lui
communiquer cette lettre, pour en appliquer la ligne, indique clairement que
Staline cherche toujours le maintien d’une alliance, même distendue, avec les
Américains.
    Or, la veille même de son envoi, le 5 juin, le
secrétaire d’État américain George Marshall a annoncé son plan de soutien
financier à l’économie en ruine de l’Europe. Il en a donné les raisons
politiques le 28 avril : « En Europe, des forces de
désagrégation se sont fait jour. » Et de souligner, le 5 juin, les
risques de « désordre que le désespoir des peuples intéressés contient en
germe et les conséquences de cet état de choses pour l’économie des États-Unis [1358]  ». Il faut
tout faire, explique-t-il, pour que l’Europe échappe aux convulsions sociales
prévisibles en l’absence de redressement économique. Le discours sur le monde
libre a bien du mal à masquer le souci marchand. Staline pense pourtant un
instant en tirer bénéfice pour l’URSS, à travers l’obtention de crédits. Il ne
sait pas qu’une semaine avant cette annonce officielle, le 28 mai, le
département d’État américain a décidé que les pays d’Europe centrale, destinés,
dans le plan Marshall, à fournir l’Europe occidentale en matières premières,
pourraient bénéficier du plan à condition de relâcher leurs liens économiques
(et donc politiques) avec l’URSS. La direction du Parti communiste
tchécoslovaque, qui tient les rênes du

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