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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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plus tard lorsqu’il
préparera sa volte-face. Ce blocus facilite alors l’alignement sur Moscou des
dirigeants des divers Partis communistes, enfermés, face au tapage belliciste,
dans l’union sacrée face à l’impérialisme. À l’inverse, le Parti communiste
yougoslave, chassé la veille du Cominform, est, par son exclusion même, poussé
vers l’autre camp. Staline s’en réjouit. Dans une lettre du 14 juillet au
dirigeant tchécoslovaque Klement Gottwald, ce dernier lui ayant demandé d’élargir
les thèmes de la dénonciation des dirigeants yougoslaves, Staline lui
explique : « Notre but a été, à la première étape, d’isoler les
dirigeants yougoslaves aux yeux des autres partis et de démasquer leurs
machinations de filous. Nous avons atteint ce but avec succès. » Pour
réussir la seconde étape, l’isolement de Tito et de sa clique au sein de son
propre parti, il « faut du temps et il faut savoir attendre ». Mais
il s’oppose à la publication des documents adoptés à la conférence, dont ne
sont rendus publics qu’un bref communiqué et la résolution sur les turpitudes
du Parti communiste yougoslave. Il ne veut pas, ajoute-t-il, « entrer en
discussion avec les acrobates politiques yougoslaves [1394]  ».
Acrobates ? Il semble craindre des révélations embarrassantes. Il ne croit
en tout cas pas à ses propres rodomontades à usage interne. Mais il se venge en
envoyant pour dix ans au Goulag la première femme de Tito, Pelagueia
Belooussova, divorcée pourtant depuis avril 1936, remariée à un
photographe soviétique, Piotr Rogoullev, et que Tito avait depuis longtemps
effacée de son existence. Selon le New York Times du 29 juin, « les
milieux bien informés pensent que le maréchal Tito s’inclinera devant les
exigences du Kremlin ou qu’il sera remplacé ». Mais les dirigeants
yougoslaves, portés au pouvoir par un mouvement populaire, sommés de choisir
entre le suicide politique et la résistance, optent pour la résistance et
provoquent ainsi une première fissure dans l’empire stalinien aux pieds d’argile.
    Derrière le vocabulaire conquérant des motions, les
hésitations des dirigeants des démocraties populaires attestent la pertinence
des craintes de Staline. Les Yougoslaves ont envoyé des invitations aux
dirigeants de tous les partis du Cominform et à ceux d’Albanie, de Grèce et de
Finlande, désireux d’y adhérer, à assister à leur V e  congrès,
qui s’ouvre le 21 juillet. Rakosi veut s’y rendre pour y intervenir et « influer
sur la situation en Yougoslavie ». Mais qui dit intervention dit
discussion, ce dont Staline ne veut en aucun cas. Il ne connaît que la
soumission et la répression. Assister au congrès des excommuniés, ce serait, de
plus, leur reconnaître encore la qualité de parti frère. Staline fait donc
réunir d’urgence un Secrétariat du Cominform à Bucarest, le 5 juillet. Il
le prépare avec Souslov, qu’il reçoit à cette fin au Kremlin quatre jours de
suite. La présence dans la délégation soviétique de la grise étoile
bureaucratique montante, Souslov, confirme que Jdanov, placé sous son contrôle,
glisse sur la pente de la disgrâce…
    Staline conjugue avec la chasse aux « titistes »
de sourdes intrigues d’appareil de plus en plus complexes et des mesures de
durcissement interne. Alors même qu’il éloigne Jdanov, il place une mine sous
les pieds de Beria. En mai 1948, le Bureau politique géorgien dénonce l’un
de ses secrétaires, Charia, coupable d’avoir fait imprimer et diffuser à 75 exemplaires,
en 1943, un poème consacré à son fils emporté par la tuberculose. Cinq ans
après l’événement, le Bureau limoge Charia pour avoir « écrit à l’occasion
de la mort de son fils une œuvre en vers idéologiquement nuisible, pénétrée d’un
profond pessimisme et marquée par des attitudes mystico-religieuses [1395]  ». Le 31 mai 1948,
le Bureau politique du PCUS lui-même reprend mot pour mot la critique du Bureau
politique géorgien, qui a donc été établie à Moscou et visée, voire rédigée par
Staline en personne. Charia ne se contentait pas d’écrire des vers. En 1945,
Beria l’avait envoyé à Paris pour faire revenir au pays des mencheviks
géorgiens exilés. Il avait échoué, mais ramené le neveu de la femme de Beria,
Gueguetchkori, capturé par les Allemands pendant la guerre puis enrôlé dans la « légion
géorgienne » antibolchevique. A travers

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