Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
et
Mikoian, d’une voix blanche, nient à la tribune avoir capitulé devant l’impérialisme.
Ils ont le visage blême de morts en sursis.
    Staline frappe un dernier coup. Avant l’élection des
organismes du Comité central (en particulier de son présidium, substitué à l’ancien
Bureau politique), il se lève et répète : « Je suis trop âgé, je peux
continuer à assurer mes responsabilités de président du Conseil des
commissaires du peuple, à diriger les séances du Bureau politique, mais je ne
peux plus être Secrétaire général et diriger à ce titre les réunions du
Secrétariat du Comité central. Libérez-moi donc de cette fonction. » Le
piège est grossier, mais les nouveaux élus risquent de n’y pas voir malice et
de prendre à la lettre la demande de Staline. Assis derrière lui, Malenkov a le
visage torturé d’un homme qui, dit Simonov, « sent le danger mortel qui
pèse sur la tête de tous et que les autres n’ont pas perçu ». Par ses
mimiques et ses gestes, il tente de convaincre l’assistance qu’il faut refuser
de satisfaire à la demande de Staline. Un geste d’acquiescement, un sourire
satisfait, un hochement de la tête révéleraient un complot monté par le « dauphin »
potentiel, démasqué par la ruse du Secrétaire général. L’instinct de
conservation donne des ailes à l’intelligence. Et les cris fusent : « Non !
Non ! Restez ! Restez ! » [1488] Staline cède…
    Il fait élire un présidium du Comité central de vingt-cinq
membres et onze suppléants, où ne figure plus Andreiev, hier encore membre du
Bureau politique, et composé en majorité de nouvelles têtes qu’il ne pouvait
connaître pour la plupart. Il aperçoit ainsi pour la première fois Brejnev,
pourtant désigné au Secrétariat. Mais un homme aussi méfiant et circonspect que
Staline ne peut avoir promu des hommes à des fonctions dirigeantes sur la
simple lecture d’un dossier ou sur une impression du moment. Il a donc nécessairement
dressé cette liste en compagnie d’un homme de confiance, bon connaisseur de l’appareil.
Mais qui ? Beria est menacé, Molotov et Mikoian sont en disgrâce.
Khrouchtchev pense d’abord à Malenkov, qui lui jure avoir découvert la liste en
même temps que lui. Jaurès Medvedev y voit la main de Souslov, l’homme des
coulisses, l’apparatchik typique, couleur muraille, surnommé plus tard le
Cardinal gris, l’homme qui, en 1957, sauvera Khrouchtchev, alors menacé par le « groupe
anti-Parti », puis sonnera l’hallali contre lui en octobre 1964 avant
d’être, dans le dos de Brejnev, le véritable Secrétaire général. C’est
possible, probable même.
    Staline crée enfin un bureau restreint, non prévu par les
statuts que le congrès vient de voter, et dont il n’a discuté avec aucun
dirigeant. Il est constitué de Staline, Malenkov, Beria, Khrouchtchev,
Vorochilov, Kaganovitch, Boulganine et deux nouveaux : Sabourov et
Pervoukhine. Cet étrange bureau, dont l’existence n’est pas rendue publique, et
qui ne se réunira guère, comporte un fantôme (Vorochilov), un homme sans poids
politique (Boulganine) et un futur épuré (Beria). Leur présence est un
camouflage. Staline répartit les rôles entre les dirigeants pour éviter toute
concentration de pouvoir entre les mains de l’un d’entre eux : en son
absence, les séances du présidium, du Conseil des ministres et du Secrétariat
du Comité central (auquel il n’assiste plus jamais) seront présidées à tour de
rôle par trois hommes différents pour chaque organe.
    Staline informe enfin le Comité central du « complot
des Blouses blanches », qui ne sera rendu public que trois mois plus tard.
La culpabilité des médecins ne fait, dit-il, aucun doute. Abasourdi, Chepilov,
nouvel élu lui aussi, résumera son discours en quelques phrases : « Les
médecins ont tué Jdanov. Ils ont tué Chtcherbakov. Ils ont voulu mettre nos
maréchaux sur la touche. Regardez Andreiev qui est assis là ; eh bien, ce
malheureux, ils l’ont délibérément rendu sourd. Ils ont eux-mêmes tout avoué. […].
Mais chez nous, il y a encore des gens qui doutent [1489] . » Chez
nous, cela veut dire dans la direction, qu’il faut donc mettre au pas. Il
mentionne l’aide apportée par Lidia Timachouk dans le démasquage des médecins,
sans citer, et pour cause, ses lettres. L’assistance écoute dans un silence
pesant. L’affirmation que Jdanov a été assassiné par ses

Weitere Kostenlose Bücher