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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« Parmi eux, il y a beaucoup de
nationalistes juifs. Et tout nationaliste juif est un agent des services de
renseignements américains ». Puis il exprime sa méfiance à l’endroit de la
Sécurité, et met ainsi en cause l’appareil répressif, le cœur même de l’État :
« Ça va mal au Guépéou, leur vigilance s’est émoussée […]. Il faut soigner
le Guépéou […] le Guépéou n’est pas épargné par la maladie qui gagne toutes les
organisations : l’euphorie, le vertige du succès […] il faut instaurer le
contrôle du Comité central sur le travail du MGB. L’indolence, la
démoralisation ont profondément affecté le MGB [1494] . » Il faut
donc secouer ses agents, et d’autres avec eux, puisque la maladie est
universelle. Cette « euphorie », ce « vertige du succès »,
qu’il dénonce, sont le revers rhétorique de l’« indolence », de la
perte de « vigilance ». La génération des jeunes staliniens de
1937-1938 peut alors légitimement se demander si elle ne va pas revivre à ses
dépens le scénario de ses prédécesseurs. Mais, en l’absence de candidats à la
relève, sur qui Staline s’appuiera-t-il cette fois ?
    Le lendemain de l’exécution des onze condamnés de Prague, le
4 décembre, Staline fait voter au Bureau du présidium une résolution « Sur
la situation dans le ministère de la Sécurité d’État et sur le sabotage dans le
système de soins », élaborée, dira plus tard Malenkov par euphémisme, « avec
l’aide du camarade Staline », qui l’a inspirée, revue et corrigée, voire
dictée ou rédigée lui-même. La résolution décide « de mettre radicalement
fin au caractère incontrôlé des organismes du ministère de la Sécurité d’État [1495]  », accusé
de se placer en dehors – ou au-dessus – du Parti, en le soumettant, à
tous les niveaux, aux instances du Parti. L’avertissement est clair : si
les médecins saboteurs ont pu prospérer grâce à l’insouciance ou à la
négligence du ministère par définition en charge de la vigilance, tout est
pourri au royaume du socialisme réalisé. La purge s’étendra donc à la Sécurité
d’État et à tout l’appareil. Le 15 décembre, Staline tient un grand
conseil sur l’affaire des médecins : il reçoit Ignatiev, son adjoint,
Goglidzé, deux autres cadres de la Sécurité et sept dirigeants. Le 18 décembre,
Goglidzé fait à son intention un rapport sur l’état de l’affaire des médecins.
    Finit-il par croire aux complots qu’il invente à jet continu ?
Il invite alors à sa datcha le président de l’Union des écrivains, Fadeiev. Au
milieu de la conversation, il le fixe soudain et lui déclare : « Vous,
les écrivains, vous êtes de braves gens, mais vous aidez mal le Comité central.
Toi, près de toi, sous ton nez, travaillent des espions anglais, Ehrenbourg,
Alexis Tolstoï et ton ami Pavlenko, et vous ne les démasquez pas [1496] . » Si Zelinski qui raconte la scène ne s’est
pas trompé de date, ces propos soulignent l’affaiblissement considérable du
Guide : Alexis Tolstoï était en effet mort en 1945, et Pavlenko en 1951.
    Le 21 décembre, Svetlana vient le voir pour son
anniversaire. Son visage, d’ordinaire blême, est devenu rougeâtre. L’hypertension
le ronge. Il lui annonce fièrement qu’il a cessé de fumer, ce dont témoignent
son embonpoint et son irritabilité permanente. Il est, en effet,
continuellement en colère contre ses lieutenants. Khrouchtchev l’illustre par
une scène typique, dans un passage finalement supprimé de son rapport au XX e  congrès :
« Un jour, peu avant sa mort, Staline convoqua plusieurs d’entre nous à sa
datcha. […] Par hasard, entre moi et Staline s’élevait un tas de dossiers qui
me cachait à lui. Staline, énervé, se mit soudain à crier : "Qu’est-ce
que vous avez à rester assis comme ça, vous avez peur que je vous fasse fusiller ?
N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas fusiller. Asseyez-vous plus près." [1497]  »
    Son premier entretien de l’année nouvelle porte encore sur l’affaire
des médecins. Goglidzé lui fait un nouveau rapport sur le sujet le 2 janvier.
L’entretien dure quarante minutes. Quelques jours après, il fait arrêter le
général de la Sécurité d’État Kouzmitchev, ancien officier de sa garde
personnelle de 1932 à 1950, un proche de Beria, ainsi visé à travers lui et
qui, au lendemain de la mort de Staline, le sortira en toute hâte

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