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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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22 janvier,
il en rassemble néanmoins quatorze, dont Beria père et son fils, ingénieur,
pour discuter de vagues projets militaires. Il a encore de brefs entretiens
dans son bureau les 2 et 7 février. Le 16 février, il reçoit assez
longuement Malenkov, Beria et Boulganine. Entre-temps, il traîne à Kountsevo
sans rien faire, et dîne avec le quatuor presque chaque soir.
    Le 17 février, Staline reçoit pendant une demi-heure,
temps de traduction compris, l’ambassadeur de l’Inde, Krishna Menon. Pendant l’entretien,
il dessine des loups sur une feuille de papier. Soudain, il lève les yeux sur l’ambassadeur
et lui déclare : « Le paysan russe connaît bien les loups ; ce
sont ses ennemis de toujours ; il sait comment les abattre, mais les loups
connaissent aussi les ruses du paysan [1500] . »
Lui aussi se prépare à déjouer les ruses des ennemis de l’intérieur. Après un
long entretien d’une heure avec un médecin, qui lui fait part de son inquiétude
sur son état de santé, il reçoit pendant plus d’une heure Boulganine, Beria et
Malenkov. C’est la dernière fois qu’il accueille des visiteurs au Kremlin.
    Le « complot » s’enrichit presque chaque jour de
ramifications nouvelles. Le 19 février, la Sécurité arrête le
vice-ministre des Affaires étrangères, Ivan Maïski, ancien ambassadeur d’URSS à
Londres, à l’époque où Molotov était ministre des Affaires étrangères ;
elle arrête aussi son vieux collaborateur de l’ambassade britannique, Simon
Rostovski, plus connu comme publiciste, sous le pseudonyme d’Ernst Henry. Les
enquêteurs sont pressés : ils interrogent Maïski chaque jour, du 19 au 22 février.
Staline cherche à asseoir son complot encore bien mal ficelé. Maïski, désireux
d’éviter les coups, avoue être un agent des services secrets britanniques
recruté par Winston Churchill et Anthony Eden, à l’époque où il dépendait de
Molotov. Son arrestation vise donc ce dernier et son successeur, Vychinski, qui
a recours à ses talents. Le 21, Maïski accepte de dénoncer comme agent anglais
l’ancienne dirigeante de l’Opposition ouvrière, Alexandra Kollontai, décédée
quelques mois plus tôt, et donc inapte à figurer sur le banc des accusés.
    La Sécurité redouble de zèle pour appliquer des directives
proprement antisémites. Le 22 février, la circulaire secrète SS-17
parvient dans les divers services du ministère de la Sécurité ; elle
ordonne d’en chasser immédiatement tous les juifs, indépendamment de leur âge
et de leur rang. Ainsi, à Tchita, le capitaine Riva Rosenberg et le censeur
Leopold Abzever se voient renvoyer après une audience d’une minute chez leur
supérieur. La scène se répète ce jour-là un peu partout. Dans tous les
services, le 23 février, tous les agents juifs ont rendu leurs dossiers,
leurs laissez-passer, leur uniforme. Motif officiel : « Réduction d’effectifs ».
La décision semble suggérer leur arrestation prochaine [1501] .
    Deux apparatchiks juifs dociles, Mints et Khavinson, à la
demande de Staline, soumettent alors pour signature à un certain nombre de
personnalités juives un texte proposant le transfert, après le procès des « médecins
assassins », d’une partie de la population juive soviétique vers l’est
pour la protéger de la fureur des Russes indignés. L’authenticité de cette
pétition a été mise en doute. La revue d’archives de la présidence de Russie
Istochnik a publié un texte anodin de lettre collective soumis à la signature
de 58 personnalités juives. Dénonçant les manœuvres des « impérialistes
américains et israéliens, qui veulent transformer les juifs de Russie en
espions et en ennemis du peuple russe », la lettre affirme que l’écrasante
majorité des juifs soviétiques sont des amis du peuple russe, souligne la
nécessité de renforcer l’amitié entre les peuples et l’unité des travailleurs
du monde entier face à l’impérialisme, et s’achève par la modeste proposition d’éditer
en URSS un journal en yiddish, afin de rassembler tous les juifs progressistes
du monde [1502] . Ce n’est évidemment pas à cette épître que
faisait allusion le pianiste Blanter lorsqu’il déclara à l’un des médecins
juifs arrêtés : « Chaque matin j’ouvrais la Pravda, les mains
tremblantes, de peur d’y trouver ce document infâme avec ma signature [1503] . » Ilya Ehrenbourg parle aussi d’un autre
texte quand il

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