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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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brochure pour justifier la
déportation des juifs, du point de vue du marxisme-léninisme, mais nul n’en a
jamais vu la couleur. Si elle a été écrite, elle n’a en tout cas jamais été
imprimée. [1508]
    Le samedi 28 février 1953 au soir, Beria,
Malenkov, Boulganine et Khrouchtchev se rendent à la villa de Kountsevo. Les
cinq hommes dînent longuement, et les invités ne repartent que vers 5 heures
du matin. Staline est d’excellente humeur, il plaisante, puis part se coucher.
La suite fait l’objet de plusieurs récits, peu compatibles entre eux. D’abord
celui, douteux, de son ancien garde du corps, Rybine, absent au moment de l’agonie,
puis ceux d’anciens membres du personnel et celui de Khrouchtchev, qui ont sans
doute en commun la volonté de dissimuler certains points délicats. Un détail,
notamment, intrigue : le lendemain même de la mort de Staline, Beria
convoqua tout le personnel de Kountsevo (les domestiques, la garde, les
employés) et leur donna l’ordre de quitter immédiatement la villa, puis la
ville. En savaient-ils donc trop sur ce qui s’était passé dans les heures qui
suivirent ?
    Lorsque midi sonne, le dimanche 1 er  mars, le
chef, qui se réveille d’ordinaire vers 10 ou 11 heures, n’a encore donné
aucun signe de vie. Et ce jour-là, la fidèle Istomina est absente. Elle ne
reviendra que le 2 au matin. Les heures s’écoulent ; l’inquiétude des gardes
s’accroît. Enfin, à 18 h 30, la lumière s’allume dans le bureau et la
salle à manger. Mais Staline ne se manifeste toujours pas. Or personne ne peut,
sans y être invité par lui, pénétrer dans son appartement. Vers 23 heures,
l’un des membres du personnel se décide à y entrer. Selon les sources, il s’agit
soit de la vieille femme de ménage Matrena Boutoussova, soit du capitaine
Lozgatchev, chargé d’apporter le courrier du Kremlin. Il ou elle découvre
Staline allongé sur le plancher, courbé sur son bras replié, conscient, mais
incapable de parler.
    Première bizarrerie, soulignée par Jaurès Medvedev : l’un
des quatre dirigeants au moins a certainement téléphoné ce jour-là à Staline et
a donc dû chercher à deviner les raisons d’un silence bien inhabituel. Khrouchtchev
affirme d’ailleurs dans ses souvenirs qu’il s’attendait que Staline les appelle
comme tous les jours, « c’est pourquoi de toute la journée je ne mangeais
pas, en pensant que peut-être il nous appellerait plus tôt [que d’habitude] […].
Mais toujours pas d’appel ! Je ne croyais pas qu’il pouvait sacrifier un
jour de congé à notre profit, cela ne s’était presque jamais passé [1509]  ». L’impatient
Khrouchtchev se serait-il contenté d’attendre silencieusement chez lui sans
chercher à se renseigner ? C’est peu vraisemblable. Le premier d’entre eux
qui a téléphoné a forcément prévenu son comparse (Boulganine pour Khrouchtchev,
Malenkov pour Beria), si ce n’est les trois autres, de l’étrange silence qui
régnait à Kountsevo.
    Dès la découverte du corps de Staline, à 23 heures, la
garde prévient Ignatiev. Ce dernier, vieux bureaucrate qui ne maîtrise pas l’appareil
policier et à qui Staline a menacé de couper la tête s’il ne faisait pas avouer
les médecins, téléphone à Malenkov, qui tente de joindre Beria. En vain d’abord.
Puis Beria, revenu d’on ne sait où, appelle à 00 h 30 et donne l’ordre
au personnel de Kountsevo de ne parler de la maladie de Staline à personne et
de ne téléphoner à personne.
    La journée du 1 er  mars s’achève sur un
triomphe inutile pour Staline : dans les huit circonscriptions où il s’était
présenté pour les élections aux soviets locaux, il est élu triomphalement avec
100 % des voix, au moment même où la vie le quitte. Le 2 mars, à 3 heures
du matin, les invités de la veille arrivent en voiture. Selon Khrouchtchev, ils
s’adressent au poste de permanence et, apprenant que Staline a eu une attaque
et uriné sous lui, décident de ne pas aller le voir dans un aussi piteux état.
Cette délicatesse étonne. Selon Lozgatchev et plusieurs autres, Beria et Malenkov
sont entrés dans la salle à manger, où gisait le malade. Malenkov, effrayé,
retire ses chaussures trop neuves, qui crissent. Beria prend les geignements
sourds de Staline pour des ronflements, il lui trouve l’air paisible et rabroue
l’intendant. « Qu’est-ce que tu as à semer la panique ? Le patron
dort profondément. »

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