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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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L’autre insistant, il lui ordonne de se taire : « Ne
sème pas la panique, laisse-nous tranquilles. Ne dérange pas le camarade
Staline. Fiche-lui la paix [1510]  !  »
Si les deux hommes sont bien entrés, s’ils ont effectivement vu Staline
allongé, inconscient, dans une flaque d’urine et sont repartis sans convoquer
de médecins, ils l’ont délibérément laissé mourir. Mais pourquoi Khrouchtchev
le cacherait-il en affirmant qu’aucun d’eux n’a pénétré dans la villa ?
Pourquoi protégerait-il Beria, qu’il fera fusiller, et Malenkov, qu’il écartera
du pouvoir ?
    Le 2 mars, à l’aube, Khrouchtchev vient annoncer à la
villa l’arrivée prochaine de cinq médecins ; ils se présentent à 7 heures
et, les mains tremblantes, examinent le patient, resté quatorze heures sans
soin après une congestion cérébrale. Ils rédigent un compte rendu
détaillé : « Le malade est allongé sur un divan ; il gît sur le
dos, la tête tournée vers la gauche, les yeux fermés ; il souffre d’une
hyperémie modérée du visage, a uriné involontairement [son vêtement est trempé
d’urine] […]. Son pouls bat à 78 pulsations minute, avec de rares
ralentissements. Les battements du cœur sont assourdis. Pression sanguine 190/110. »
Ils notent les traces d’un choc sur l’articulation du coude droit : « Le
malade est inconscient. […] Pas de mouvement des extrémités des membres droits,
frémissements agités intermittents du côté gauche. » Ils
diagnostiquent : « Hypertension, artériosclérose généralisée avec une
détérioration des vaisseaux sanguins du cerveau, hémiplégie du côté droit, à la
suite d’une hémorragie dans le secteur de l’artère cervicale moyenne du côté
gauche, cardio-sclérose artériosclérotique, nephrosclérose. La situation du
malade est extrêmement grave [1511] . »
    Convaincus que Staline est hors jeu, les quatre compères se
hâtent de prendre les premières mesures de succession. Ce 2 mars, à 10 h 40,
ils se réunissent brièvement (sans Boulganine, qui est de garde près du moribond),
dans le bureau de Staline au Kremlin, avec Vorochilov, Kaganovitch,
Pervoukhine, Sabourov, Chvernik (président du Soviet suprême), Chkiriatov,
Mikoian et Molotov. En vingt minutes, le groupe des quatre, un bref moment unis
pour la succession, informent les autres de leurs décisions. Cette réunion
marque la mort politique de Staline : les quatre ne réunissent en effet ni
le présidium du Comité central de vingt-cinq membres constitué par Staline, ni
le Bureau restreint qu’il avait fabriqué au lendemain du congrès, et ils s’associent
Mikoian et Molotov, que Staline avait mis à l’écart.
    Les médecins s’acharnent : ils appliquent à Staline
huit sangsues derrière les oreilles, lui mettent une poche de glace sur la
tête, lui retirent son dentier, lui font ingurgiter un verre de sulfate de
magnésium délayé. Ils le veillent à tour de rôle. Aucune amélioration de son
état de santé n’est perceptible au cours de cette journée du 2. Le soir, les
dirigeants qui s’étaient réunis le matin se retrouvent dans le bureau de
Staline (sauf Khrouchtchev, qui a remplacé Boulganine auprès de Staline)
pendant une heure. Ils préparent la dissolution des organismes qu’il avait mis
en place. Le ministre de la Sécurité d’État, Ignatiev, responsable de la garde
de la villa de Staline, n’est pas plus convoqué à cette réunion qu’à celle du
matin.
    Le 3 mars après-midi, Malenkov invite Svetlana à se
rendre à Kountsevo. Bien entendu, elle soupçonne un malheur. Khrouchtchev et
Boulganine l’accueillent en larmes. Une agitation désordonnée règne dans la
villa, d’ordinaire silencieuse. Les médecins autour du moribond semblent danser
un ballet effrayant. Vassili, ivre selon son habitude, déambule dans les
couloirs en criant : « Ils l’ont empoisonné, ils l’ont empoisonné ! »
Des spécialistes, hébétés devant la scène, ont apporté un énorme appareil de
respiration artificielle qui restera inutilisé. « Tout à l’entour, toute
cette maison, tout mourait déjà sous mes yeux », note Svetlana Alliluieva.
Selon elle, Beria « était excité à l’extrême » par la perspective d’accéder
bientôt au pouvoir [1512] .
    Ce jour-là, deux jeunes étudiants bulgares, l’anarchiste
Gueorgui Gueorguiev et le social-démocrate Dinev, écornent à la dynamite la
statue de Staline au centre de

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