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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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votent à part.
Lénine veut mettre à profit le scrutin aux deux premiers degrés pour accroître
l’agitation. Mais la majorité des délégués présents, persuadés que le régime
agonise, sont hostiles à toute participation électorale. Koba le sent. Il se
prononce pour le boycott. Puisque l’on se bat dans la rue pour renverser le
pouvoir, il ne saurait être question de participer aux élections qu’il
organise. Héritage du séminaire et de la dogmatique religieuse, sa pensée est
étrangère à la dialectique dans laquelle il ne voit qu’une ruse de la raison,
il ne raisonne qu’en termes exclusifs : ou bien le combat de rue ou bien
la participation électorale. Et son plaidoyer pour le boycott relève davantage
de l’acte de foi que de la démonstration : « Il est clair que la
seule voie correcte c’est le boycott actif […]. La tactique du boycott découle
elle-même du cours de la révolution […]. La tactique révolutionnaire doit être
claire, nette et précise ; or, la tactique du boycott a précisément ces
qualités [125] . »
Pourquoi ? Il ne le dit pas, il se contente d’affirmer une conviction.
Mais la conférence vote néanmoins pour le boycott et Lénine s’y rallie.
    Koba, revenu à Tiflis au début de janvier, n’écrit pas un
mot sur la conférence et sa fameuse rencontre avec l’« aigle des montagnes »,
dont le caractère historique ne l’a pas encore frappé. Un rapport de police
affirme qu’il a été « appréhendé le 28 janvier 1906 [126]  ». En 1911,
le chef de l’Okhrana de Tiflis affirmera : « Il a été arrêté en 1906
et s’est enfui de prison [127] . »
Pourtant, la biographie officielle de Staline n’évoque ni cette arrestation ni
cette évasion. En 1948, lorsque ses rédacteurs écriront qu’il a été « huit
fois » arrêté, « sept fois » exilé et qu’il s’est enfui d’exil « six
fois », il corrigera la phrase en réduisant chaque chiffre d’une unité.
Selon certains historiens, ce serait pour dissimuler le fait qu’il s’est alors
vendu à l’Okhrana. En réalité, Koba a été appréhendé lors d’une rafle, mais la
police a jugé son rôle si mince qu’elle l’a relâché. En 1911, le chef de l’Okhrana
camoufle cette négligence en fuite. Mais le dédain policier de 1906 entachait
la gloire de Staline, qui préféra effacer l’épisode plutôt que de transformer
une simple interpellation en arrestation et un banal élargissement en évasion.
    Pour dissocier la masse paysanne de ses représentants, le
gouvernement abroge tous les arrérages de rachat à dater du 1 er  janvier 1907.
Cette mesure coûteuse apaise une paysannerie qui, malgré les saisies de terres
de grands propriétaires et les incendies de domaines, ne se dresse pas contre
le régime. En dépit de sa haine des officiers et de quelques mutineries, l’armée
des soldats-paysans ne se solidarise pas avec les révolutionnaires.
    L’année 1905 agit comme un révélateur sur les
hommes : le père du marxisme russe, Plekhanov, reste à Genève. À la classe
ouvrière réelle et vivante, il préfère le prolétariat des livres et les dépêches
de presse. Le menchevik Martov, rentré en Russie le 6 novembre, semble
dépassé par les événements ; les socialistes-révolutionnaires et leurs
bombes sont relégués au second plan. Lénine, acharné depuis 1900 à construire
un parti pour la révolution, rentré en Russie le 8 novembre, ne joue qu’un
rôle modeste et passe à côté des soviets dont il ne saisit pas alors l’importance
historique. On ne l’y reprendra pas. Seul Trotsky, rentré au pays en février,
dirigeant réel du soviet de la capitale sept semaines durant, s’est retrouvé au
cœur de l’action des masses.
    Le bilan de Koba est maigre. Militant typique de comités,
plus à l’aise dans les petites réunions de dirigeants que dans les meetings ou
les manifestations, il a distribué quelques consignes, écrit en seize mois (de janvier 1905
à avril 1906) seize articles et une brochure, prononcé trois discours,
mais il n’a pris part à aucun acte décisif. La révolution l’ébranle pourtant ;
il célèbre « la flamme de la révolution », « l’orage imminent […]
qui éclatera sur la Russie et de son puissant souffle purificateur balaiera
tout ce qui est caduc et pourri, et lavera le peuple russe de l’autocratie [128]  ». Son
apport le plus notoire est une brochure intitulée significativement Point

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