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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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collectivisation forcée de 1929 avait
annulé ce partage, et l’autocritique de Staline vise à la justifier a
posteriori. Il omet en outre un détail : lorsque Lénine, à la fin du
congrès, soumet un manifeste aux délégués bolcheviks, 26 sur 42 seulement
le signent. Sans qu’on sache pourquoi, Koba fait partie des 16 défaillants.
    Pendant le congrès, le 15 avril 1906, l’imprimerie
social-démocrate clandestine d’Avlabar à Tiflis est découverte et démantelée
par la police. Le bruit circulera que Koba y a conduit celle-ci par haine des
mencheviks. Mais il avait quitté la région depuis deux semaines pour Stockholm
quand les gendarmes la découvrirent par hasard, un hasard dans lequel Koba n’avait
joué aucun rôle.
    Après le congrès, il revient à Bakou. En novembre 1906,
les bolcheviks, convaincus que la révolution est toujours à l’ordre du jour,
réunissent une conférence clandestine des boieviki (membres des groupes
de combat) bolcheviks à Tammerfors et y constituent un bureau technique dirigé
par l’ingénieur Krassine. Koba, absent de la conférence qui se tient à l’autre
bout de l’Empire, ne figure pas dans ce bureau qui doit planifier les
opérations armées, la fabrication des bombes et des explosifs, l’organisation
des « expropriations », dites « ex », c’est-à-dire d’attaques
de banques et de bureaux du Trésor grâce auxquelles les partis révolutionnaires
défient l’État et remplissent leurs caisses. La révolution a d’abord gonflé leurs
rangs puis tari leurs ressources : les intellectuels démocrates et
bourgeois libéraux qui les finançaient ont, après un moment d’enthousiasme, été
saisis d’effroi et ont suspendu leurs dons. Or, la révolution coûte cher :
tracts, journaux, congrès, conférences, voyages, achat d’armes, fabrication d’explosifs,
etc. Puisque l’État utilise l’argent du peuple pour entretenir son armée afin
de réprimer ce dernier, pourquoi ne pas le lui reprendre de force ? Et les
« ex » se multiplient au fur et à mesure que la révolution décline et
que les partis se vident. Elles mêlent militants et aventuriers, truands à l’occasion,
auxquels le recul de la révolution laisse peu à peu la place. Finalement, les
voyous prendront le pas sur les militants. Mais cela ne semble pas gêner Koba.
    Un mois après cette conférence, il publie une épaisse
brochure de vulgarisation théorique, Anarchisme ou Socialisme  ?,
dans laquelle il cite abondamment Marx, Engels, l’anarchiste Kropotkine, et le
communard Arnould. Ses citations, parfois de seconde main et prises chez
Lénine, sont en général pertinentes, même s’il simplifie systématiquement les
problèmes traités sous forme de questions et réponses. Ainsi quand il se
demande : « Pourquoi les capitalistes embauchent-ils les prolétaires
et non l’inverse [134]  ? »
Selon lui, le monde n’a pas à choisir entre socialisme ou barbarie (même s’il
évoque un instant un tel choix – « ou bien toute la vie sociale sera
entièrement détruite ou bien le prolétariat doit tôt ou tard, mais
inévitablement, devenir le maître de la production moderne » –, cette
alternative est purement rhétorique car « le régime socialiste sera
inévitablement instauré »). Il évoque ainsi à plusieurs reprises « le
triomphe inévitable du socialisme » ou « l’inéluctabilité du
socialisme prolétarien de Marx [135]  », variante
de la Terre promise. Comme la venue du Messie, l’avènement du socialisme est
absolument certain ; seule la date en reste incertaine. Cette vision
parareligieuse et bien peu marxiste préserve Koba du découragement dans la période
de réaction galopante qui succède à l’échec de la révolution.

CHAPITRE V
Le merveilleux Géorgien
    En juillet 1906, Nicolas II place Pierre
Stolypine, alors ministre de l’Intérieur, à la tête du gouvernement. Pendant
huit mois, les deux hommes gouvernent sans Douma. Le premier ministre réprime
si brutalement les soubresauts de la révolution que la corde du gibet reçoit le
surnom de « cravate de Stolypine ». Il engage, certes, une réforme
agraire radicale visant à la création d’une classe nombreuse de petits
propriétaires fonciers. Celle-ci élargirait l’assise sociale du régime en
brisant l’unité corporative et politique du monde paysan qui fonctionnait
jusque-là en organisations communautaires, dont il veut émanciper les paysans
les

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