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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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cravate, grand buveur, dépensier,
bon orateur, qui pense, comme Koba, que la vulgarité fait prolétaire, l’antithèse
en un mot des phraseurs amateurs de tempêtes dans un verre d’eau. Koba ne sait
pas que, condamné jadis à trois ans de prison pour vol avec effraction, cet
individu porte le nom d’un homme dont il a dérobé les papiers d’identité et
travaille pour la police. Cela ne l’a pas empêché d’être l’un des fondateurs du
syndicat des métallurgistes de Saint-Pétersbourg en 1906 et d’avoir été arrêté
cinq fois par la police, soit parce qu’il a été raflé dans une réunion
subversive et que la police ignore qu’il travaille pour l’Okhrana, soit parce
qu’il s’est fait délibérément prendre dans une réunion qu’il a lui-même
dénoncée. Ainsi, en novembre 1910, il a été arrêté à une réunion
clandestine des délégués ouvriers d’un futur congrès antialcoolique dont il a
donné l’adresse à l’Okhrana. Il recopie les confidences de Koba. Zoria
Serebriakova, fille du vieux bolchevik Serebriakov, condamné à mort au deuxième
procès de Moscou en janvier 1937, a retrouvé un rapport de l’Okhrana
consignant ces propos et affirmant : « Koba a communiqué des
renseignements confidentiels secrets sur les derniers événements de la vie du
Parti », dont une description de plusieurs militants bolcheviks. Elle en
conclut que Koba est un agent provocateur [168] .
Mais l’Okhrana qualifie de « renseignements strictement confidentiels »
tout ce qu’un indicateur collationne et transmet. Malinovsky sait, grâce à sa
familiarité affectée, tirer les vers du nez à Koba, pour une fois trop bavard.
    À part cela, que fait Koba ? Il descend à Bakou
réorganiser l’activité des comités bolcheviks, puis à Tiflis, sans avoir
prévenu Lénine, alors installé à Paris et qui, sans nouvelles de lui, s’impatiente.
Le 28 mars 1912, il écrit à Ordjonikidzé : « Aucune
nouvelle d’Ivanovitch [l’un des nombreux pseudonymes de Koba]. Que
fait-il ? Où est-il ? Comment va-t-il [169]  ? » Il
reçoit bientôt des nouvelles qui le stupéfient. Koba, deux mois après la
rupture décidée à Prague, suggère à Lénine de s’unir avec les mencheviks !
À Bakou, il propose aux mencheviks de constituer un centre dirigeant commun et
une commission électorale commune pour les élections toutes proches à la Douma.
Kroupskaia commente : « Il est manifeste que Koba est absolument
coupé de tout, comme s’il tombait du ciel ; sinon sa lettre pourrait
produire une impression accablante. » Koba envoie le 30 mars un
article à la revue Le Social-Démocrate à propos de la réunion de Bakou.
On en chercherait en vain la trace dans ses Œuvres complètes. L’élève et
le second de Lénine prônant alors l’unité avec les mencheviks, cela faisait
désordre en 1948…
    Il repart pour Saint-Pétersbourg, le 1 er  avril.
En chemin, il s’arrête à Rostov-sur-le-Don où il transmet à Rosa Schweitzer, la
responsable du comité bolchevik, des instructions pour l’activité dans la
région du Don. Vingt ans plus tard, elle se rappellera encore sa silhouette
mince sous un manteau léger noir et un chapeau sombre qui recouvrait à moitié
son épaisse chevelure noire. De retour à Saint-Pétersbourg, le 12 avril,
il participe au lancement du journal bolchevik officiel, la Pravda, dont
le premier numéro sort le 22 avril. Koba a rédigé un éditorial
prophétique : « Un mouvement fort et vigoureux est impensable sans
controverse. Une totale conformité de vues ne peut mener qu’au cimetière. »
Il est arrêté le même jour.
    Après un séjour de trois mois en prison, Koba est condamné à
trois ans d’exil dans la région de Narym, sur le fleuve Ob en Sibérie
occidentale, à la frontière de la taïga, immense plaine recouverte de forêts et
parsemée de lacs et de marécages. Parti de Saint-Pétersbourg le 2 juillet,
il y arrive le 22. Il ne profite guère des 7 roubles 40 kopecks que
la gendarmerie verse mensuellement à chaque exilé pour couvrir ses dépenses de
nourriture (la livre de pain noir coûte alors 2 kopecks, la livre de pain
blanc 5 kopecks, la livre de sucre 18 kopecks, le poisson de rivière 2 kopecks
la livre). Il s’enfuit de ce séjour désolé et désolant le 1 er  septembre,
et revient à Saint-Pétersbourg le 12. En 1931 et 1932, il enverra près de 400 000 paysans
de tous âges mourir de faim dans ces

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