Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
territoires désertiques.
    À Saint-Pétersbourg, il s’installe avec le bolchevik Aron
Solz dans une petite pièce qui flanque la cuisine du grand appartement de
Tatiana Slovatinskaia, militante elle aussi, dans l’île Vassilievski, au
nord-ouest de la ville. Les deux hommes dorment sur un étroit lit de fer d’une
personne. Koba reste calfeutré plusieurs jours avant de se présenter à la
propriétaire, qui le persuade difficilement de dormir dans une pièce plus vaste ;
elle le trouve « trop sérieux, renfermé et timide », et ajoute :
« On aurait dit qu’il craignait surtout de déranger, de gêner les gens. »
Elle l’invite en vain à manger avec les enfants le repas préparé par la femme
de ménage : il s’enferme toute la journée dans son réduit, se nourrissant
de bière et de pain [170] .
Chargé de la campagne des élections à la Douma, il doit pourtant sortir de son
repaire. Mais la police file en permanence « le Caucasien », dont
elle donne un signalement précis : « Intellectuel, âge 32-35 ans,
taille au-dessous de la moyenne, corpulence moyenne, brun, teint mat, nez
droit, barbe rase, porte un petit chapeau noir et un vieux manteau avec un col [171] . »
    Il assure alors, avec le jeune Skriabine, alias Molotov (de molot : le marteau), la direction de la Pravda. Ils s’installent tous les deux
dans un petit appartement. Molotov en a gardé un souvenir aigre-doux : « Il
m’a levé une fille, une Maroussia qui m’a quitté pour lui [172] . » Mais ils
sont sur la même longueur d’onde politique ; les divisions avec les
mencheviks attristent les deux amis qui coupent et rectifient les articles de
Lénine, truffés d’attaques virulentes contre eux. Pour mieux marquer leur
désaccord avec lui, sans pour autant l’exprimer, ils oublient d’envoyer ses
honoraires à l’auteur. Faire ses coups en douce sans mot dire, telle est déjà
sa règle de conduite.
    La quatrième Douma, dite des Seigneurs, élue en novembre 1912,
comporte, malgré la surveillance attentive des opérations électorales par la
police et le clergé, treize députés sociaux-démocrates dont six bolcheviks. Le
mouvement ouvrier retrouve alors un peu de sa vigueur. À la mi-février 1912,
l’armée massacre près de 300 grévistes de la Lena Gold Fields en Sibérie.
La colère est à l’origine d’une vague de grèves où se mêlent protestation
politique et revendications salariales. Fin 1912, la Russie compte 725 000 grévistes,
contre 105 000 à la fin de 1911. Le mécontentement social se conjugue avec
une crise politique rampante. 1913, l’année du tricentenaire de la dynastie des
Romanov, est marquée par l’affaire Beilis, ce juif de Kiev accusé de meurtre
rituel. Cette provocation antisémite du ministère de l’Intérieur est mise en
échec. Derrière les flonflons du tricentenaire, le régime se délite. L’autoritaire
Nicolas II refuse tout dialogue, même avec la majorité monarchiste de la
Douma ; il mécontente ainsi les cercles d’affaires et la noblesse, qui
accepte mal que l’on choisisse systématiquement les ministres dans les rangs de
la bureaucratie d’État et grogne contre Raspoutine.
    Lénine, installé depuis juillet 1912 à Cracovie, en
Pologne autrichienne, près de la frontière russe, y convoque Koba en novembre,
puis du 26 décembre au 1 er  janvier, avec les six députés
bolcheviks élus à la Douma en novembre, dont Malinovsky, et le Comité central.
Il est mécontent des députés et de la rédaction de la Pravda, trop
conciliants, trouve-t-il, avec les mencheviks. Les treize députés
sociaux-démocrates forment un groupe parlementaire unique. Les bolcheviks ont
appelé, le jour de l’ouverture de la Douma, à une grève que les mencheviks ont
condamnée au nom du groupe. Les députés bolcheviks, peu rancuniers, ont
néanmoins accepté de figurer dans la liste des collaborateurs du journal
menchevik Loutch (Le Rayon).
    De Cracovie, Staline écrit à Kamenev, alors à Genève et qu’il
invite à venir le rejoindre pour rompre une solitude qui l’accable : « Je
t’embrasse sur le nez à la mode esquimau […]. Je m’ennuie diablement sans toi.
Je m’ennuie à mourir, je te jure. Je n’ai personne, je n’ai personne avec qui
bavarder à cœur ouvert ! » Koba lui expose les errements des députés
bolcheviks, qu’il attribue à son absence malencontreuse : « J’ai par
hasard été absent d’une réunion de la fraction,

Weitere Kostenlose Bücher