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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« Le
marxisme et la question nationale » : « J’ai, dit-il,
effroyablement besoin d’argent. Tout cela ne serait pas grave sans ma maladie,
mais cette maudite maladie qui exige des soins (donc de l’argent) me fait
perdre mon équilibre et ma patience. J’attends [190] . » Il
rappelle sa demande de livres en allemand pour compléter et refondre ses
articles. Sa lettre à Malinovsky du même mois n’est qu’une longue plainte ;
le futur dictateur de l’URSS s’épanche avec des accents désespérés dans le
giron du provocateur policier qu’il n’a pas décelé : « Je ne me suis
jamais trouvé dans une situation aussi effroyable. Je suis à sec, j’ai attrapé
une toux suspecte à la suite d’une vague de froid (–37), mon état général est
maladif, je n’ai plus de réserves ni de pain, ni de sucre, ni de viande, ni de
pétrole (tout l’argent est parti pour les dépenses courantes, les vêtements et
les chaussures). Et ici tout est cher : le pain de seigle 4 kopecks
et demi la livre, le pétrole 15 kopecks, la viande 18 kopecks, le
sucre 25 kopecks. Il faut du lait, il faut du bois… mais l’argent, pas d’argent,
mon ami. Je ne sais pas comment je passerai l’hiver dans un tel état. » N’ayant
« ni parents riches ni riches amis », il prie les députés bolcheviks
et le président du groupe parlementaire social-démocrate, le menchevik géorgien
Tchkéidzé, de lui envoyer de toute urgence 60 roubles prélevés sur leur
fonds d’aide aux victimes de la répression. « Je n’ai plus personne à qui
m’adresser et je n’ai pas envie de crever ici sans même t’avoir écrit une seule
lettre. […] attendre plus longtemps cela signifie crever de faim, et je suis
déjà épuisé et malade. » Badaiev lui aurait envoyé 20 ou 25 roubles,
mais il a reçu en tout et pour tout, depuis son arrivée, 44 roubles de l’étranger
et 25 de Petrovski… [191]
    Malinovsky lui envoie 60 roubles. Le moral remonte
alors, et Staline pense reprendre son difficile apprentissage des langues
étrangères. Fin février, il demande par lettre au président d’une société d’aide
aux exilés russes sise à Paris de lui envoyer un dictionnaire de poche
franco-russe et quelques numéros d’un journal en anglais pour étudier la
langue. Lénine a malheureusement informé Malinovsky, qui alerte aussitôt l’Okhrana,
de son désir de faire évader Staline et Sverdlov. Au début de mars 1914, le
gouverneur de Krasnoïarsk exile Staline à Koureika, un village de pêcheurs
désolé au nord du cercle polaire sur la rivière gelée du même nom, et lui
confisque ses 60 roubles. La région est habitée par les Ostyaks, peuplade
de chasseurs, éleveurs de rennes ou pêcheurs d’origine mongole, au visage
camus, ivrognes invétérés, convertis de force à l’orthodoxie après des siècles
de paganisme. Ils combattent par la vodka le typhus, la syphilis et le froid d’un
trop long hiver. Staline va vivre plus de trois ans parmi ces populations
analphabètes, abruties par la faim, le froid, l’alcool, la crasse et la
maladie.
    De Koureika, le 10 avril 1914, Staline félicite
Malinovsky pour ses articles et ses interventions à la Douma, et lui demande de
lui faire parvenir la Pravda qu’il ne reçoit plus. Pour déjouer la
censure, il suggère naïvement que Staline est un autre que lui : « Je
dirai à I. Staline qu’il écrive plus souvent » ; il annonce de
sa part trois articles, un sur les fondements du marxisme et deux sur la
question nationale, dont un texte « populaire pleinement accessible aux
ouvriers ». In fine, il annonce à son ami son transfert à Koureika
et commente avec résignation la confiscation des 60 roubles : « C’est
la vie, frère […]. À un moment, j’ai pensé m’en aller, mais j’ai abandonné
cette idée, je l’ai définitivement abandonnée. Il y a beaucoup de raisons à cela »,
qu’il promet de lui exposer en détail [192] .
Il ne pourra faire cette imprudente confidence. Pour le nouvel adjoint du
ministre de l’Intérieur, Djounkovski, la présence d’un provocateur à la Douma
affaiblit l’institution et la discréditerait si elle était révélée. Le 8 mai 1914,
il contraint à la démission Malinovsky qui s’enfuit à l’étranger. Staline y
perd son principal correspondant.
    À la veille de la guerre, la Russie semble s’intégrer au
peloton des pays développés. Son industrie a atteint un très haut niveau

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