Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
central des soviets et adopte la composition du nouveau
gouvernement, le Conseil des commissaires du peuple, présidé par Lénine.
Staline, arrivé au congrès incognito, écoute les orateurs sans mot dire ;
il est nommé commissaire aux Nationalités.
    Les démissionnaires créent un Comité de salut de la patrie et
de la révolution dans la capitale, et un Comité de salut public à Moscou. Le
gouvernement bolchevik est d’abord confronté au problème de sa propre survie ;
à Moscou, les bolcheviks sont dans une mauvaise posture. Ils ont occupé le
Kremlin, mais leur direction locale, hésitante, négocie une trêve, l’évacue, l’abandonne
aux troupes gouvernementales qui encerclent et abattent à la mitrailleuse dans
la cour près de 300 ouvriers et gardes rouges. Il faut une semaine de
combats acharnés aux bolcheviks pour contrôler la ville. À Petrograd, un
soulèvement timide des élèves officiers, puis une molle contre-offensive des 600 cosaques
du général Krasnov, sont aisément maîtrisés. Les bolcheviks libèrent Krasnov
sur sa parole de ne pas combattre la révolution. Il organisera l’Armée blanche
dans le Sud, émigrera, formera un escadron de cosaques dans la Wehrmacht en
1942, puis sera livré en 1945 par les Anglais à Staline qui le fera pendre.
    À Petrograd, la révolution est confrontée à la décomposition
galopante de la garnison sous l’effet de l’alcool. Des hordes de pillards et de
soldats dévalisent les entrepôts de vin et entament une gigantesque orgie. Les
caves du palais d’Hiver sont prises d’assaut. Les deux régiments de garde
sombrent dans les vapeurs éthyliques ; les unités qui les remplacent s’enivrent
les unes après les autres ; les équipages de chars envoyés disperser la
foule vident à leur tour les bouteilles. Les bolcheviks murent alors les entrées :
les ivrognes arrachent les grilles et passent par les fenêtres, et les pompiers
envoyés noyer les caves se noient eux aussi dans le vin… Il faudra attendre
quatre jours pour qu’un groupe de marins et de soldats mettent fin à cette
bacchanale en menaçant d’abattre tout pillard sur place et de faire sauter les
entrepôts.
    Si le péril militaire est différé, le danger politique est
plus sérieux. Un moment abattus, les partisans de la guerre jusqu’à la
victoire, de la propriété privée menacée et de la restauration monarchiste
commencent à rassembler leurs forces. La guerre civile, engagée sur le plan
social par les paysans pendant l’été, relayée par les soldats avides de paix
face à leurs officiers bellicistes, se développe ainsi sur le plan politique
avant de prendre sa forme militaire avec le concours des diverses interventions
extérieures. Le Comité de salut public invite les employés de l’État à
boycotter les ordres du Conseil des commissaires du peuple. Jamais l’appareil d’État
d’un pays occupé par une armée étrangère n’a opposé à l’envahisseur le dixième
du refus massif opposé par les fonctionnaires des ministères au nouveau
gouvernement : après avoir vidé les armoires, dissimulé ou détruit les
dossiers, détérioré les machines à écrire, nettoyé ou fermé les coffres, égaré
les clés, les fonctionnaires ministériels, gorgés de mépris et de haine pour ce
pouvoir d’« usurpateurs » et de « goujats », dont tout le
monde prévoit la chute dans deux à trois semaines, désertent en masse les
locaux. Ceux qui restent insultent les intrus. Les mencheviks et les
socialistes-révolutionnaires proposent alors la constitution d’un gouvernement
de coalition sans Lénine ni Trotsky. Plusieurs dirigeants bolcheviks, dont
Zinoviev, Kamenev et Rykov, appuient cet ultimatum ; Lénine et la majorité
du Comité central, dont Staline, le rejettent. Les conciliateurs démissionnent
du Comité central et du gouvernement, en pleine grève des employés
ministériels. Staline représente le Comité central le 3 novembre aux
négociations qui s’organisent en vue de la formation d’un gouvernement de
coalition. Hier son rôle était de négocier ; il le faisait avec habileté.
Aujourd’hui son rôle est de ne pas céder de terrain et d’amuser la galerie ;
il remplit sa mission.
    Dans L’Utopie au pouvoir, Alexandre Nekritch et
Michel Heller déclarent : « Le bolchevisme avait vaincu facilement
car il proposait l’utopie : tout pour tous et tout de suite [265] . » En
voulant imposer à la Russie cette utopie, ils

Weitere Kostenlose Bücher