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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les aspirations nationales relèvent
de la démocratie bourgeoise, aujourd’hui dépassée par la révolution
prolétarienne. Ils rejettent donc toute idée de république nationale, et même
de région autonome, et mettent souvent en minorité Staline, qui ronge son frein
en silence puis s’esquive. « Lorsque à cause de nos discussions
interminables, racontera Pestkovski, ses réserves de patience s’étaient
épuisées, il disparaissait brusquement de façon fort habile, en
déclarant : "Je reviens dans une minute", et se cachait dans n’importe
quel recoin de Smolny ou du Kremlin, où il était presque impossible de le
trouver. Nous commencions par l’attendre, puis nous levions la séance [269] . » Ainsi,
mis en minorité, il abandonne le terrain aux autres et cherche un lieu
tranquille où fuir ces discussions qui l’ennuient. Pestkovski le trouve dans
les endroits les plus inattendus, par exemple à la cuisine, étendu sur un
divan, en train de fumer sa pipe et, selon ses dires, « d’élaborer ses
"thèses" » dont, bien évidemment, personne ne voit jamais le
texte.
    Le 20 novembre, il est désigné avec le commissaire à l’Intérieur,
Petrovski, pour prendre en main la commission chargée de convoquer l’Assemblée
constituante. Les élections, commencées le 12 novembre, s’achèvent. 41 millions
d’électeurs, soit près de 80 % du corps électoral, ont voté. Les
bolcheviks recueillent 24,5 % des voix, les socialistes-révolutionnaires
de toutes nuances 48,5 %, les mencheviks 4,5 %, dont la moitié en
Géorgie, les Cadets 4,7 %. Le reste des suffrages se répartit entre divers
groupements socialistes et/ou nationalistes. Plus de 80 % des suffrages
exprimés, dans un pays paysan, se sont donc portés sur des partis « socialistes »
déclarés, et moins de 8 % sur les partis conservateurs et libéraux. Les
bolcheviks, majoritaires dans les grandes villes, sont minoritaires dans l’ensemble
du pays (sauf en Lettonie, où ils recueillent 72 % des voix) ; les SR
sont largement majoritaires à la campagne. Tout de suite, les passions s’exacerbent.
C’est ainsi que les membres de la commission électorale, désignés avant le 26 octobre,
refusent de coopérer avec Staline et Petrovski, et que ces derniers, le 23 novembre,
débarquent à son siège, lui réclament, en vain, ses documents et, devant son
refus, arrêtent ses membres.
    Alors que les SR de gauche, exclus du parti SR le 26 octobre,
s’associent aux bolcheviks et occupent fin novembre les commissariats à l’Agriculture,
à la Justice et à l’Intérieur, la contre-révolution s’organise peu à peu. Dans
le sud de la Russie, les généraux Kornilov, Alexeiev et Denikine s’allient au
parti cadet. Le gouvernement décrète, le 28 novembre, les dirigeants de ce
parti passibles d’arrestation, puis interdit celui-ci, ainsi que ses organes de
presse ; au début de novembre, les trois généraux constituent l’Armée des
volontaires, une petite troupe d’officiers de 3 000 à 4 000 hommes
qui comporte un simple soldat pour cinquante officiers supérieurs, et n’est
donc encore guère dangereuse, même si la poétesse Marina Tsvetaieva exalte « les
gardes blancs, clous noirs/Dans les côtes de l’Antéchrist ».
    Le bruit court alors que les bolcheviks ne veulent pas
convoquer l’Assemblée. Le quotidien Vecherny Zvon publie le 6 décembre
une interview de Staline, qui reste très évasif : il jure que les élus de
gauche n’ont nullement l’intention de dissoudre l’Assemblée constituante qui,
dit-il, sera réunie dès qu’un assez grand nombre de députés (400) seront
rassemblés à Petrograd, et condamne l’idée d’une Constituante parallèle
dissidente : « Ces deux Assemblées parallèles seraient illégitimes,
dit-il, et cela marquerait la liquidation de la Constituante, ce qui serait
déraisonnable et antipatriotique [270] . »
Quelques jours plus tard au Comité central, il affirme à nouveau son inquiétude
que « deux Assemblées constituantes se préparent [271]  ».
    Les cosaques du Don, sous la direction de leur chef, l’ataman
(chef élu) Kaledine, proclament l’autonomie de leur territoire et collaborent avec
l’Armée des volontaires contre l’Armée rouge ; ils envoient à Petrograd
une délégation que Staline reçoit, en l’absence de Lénine parti se soigner en
Finlande. La délégation demande que

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