Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
le
Gouvernement provisoire doit trancher le dilemme suivant : « … ou
bien tenter d’assurer le ravitaillement en pain en en doublant le prix, ou bien
passer directement aux mesures répressives, en organisant la réquisition du
pain […] si, en doublant le prix, nous ne nous assurons pas le pain qui nous
est nécessaire, nous serons bien entendu contraints de recourir à la force
militaire [256] . »
La guerre civile avivera encore le problème.
    Ce même 16 octobre, une nouvelle réunion du Comité
central bolchevik confirme la décision d’insurrection, malgré le vote hostile
de Zinoviev et Kamenev qui la désavouent publiquement le surlendemain dans le
journal de Gorki. Staline affirme : « Suivre les positions de Kamenev
et de Zinoviev, cela reviendrait à donner la possibilité à la contre-révolution
de s’organiser. » Mais sa conclusion est vague : « Le soviet de
Petrograd a déjà opté pour l’insurrection lorsqu’il a refusé de sanctionner la
retraite des troupes. La flotte s’est déjà insurgée puisqu’elle s’est tournée
contre Kerenski [257] . »
Ainsi s’achève son intervention dans le texte officiel reproduit jusqu’en 1929.
Or, l’insurrection n’a plus à être organisée si elle a déjà commencé, il ne
reste plus qu’à continuer. En 1947, Staline corrigera cette mollesse et, dans
le tome III de ses Œuvres complètes, déclarera avec trente ans de
retard : « Donc, nous devons nous engager fermement et
irrévocablement dans la voie de l’insurrection [258] . » Cet
ajout ultérieur confirme que, à l’époque, sa décision n’était ni ferme ni
irrévocable. L’historien Volkogonov résume sèchement la place réelle qu’il
occupe alors : « Staline se retrouva dans l’état-major de la
révolution et sur sa scène centrale […] en qualité de figurant […] qui sait
attendre et s’adapter [259] . »
Attendre en période de révolution, c’est se perdre. Mais cette faiblesse
deviendra une force lorsque la marée refluera.
    L’attitude de Staline les jours suivants s’inscrit toujours
dans cette ligne attentiste. Lénine, furieux de la dénonciation publique par
Zinoviev et Kamenev de la décision d’insurrection, exige leur exclusion du
Parti. Staline s’y oppose en catimini ; il publie dans le Rabotchi Pout du 20 octobre une lettre désinvolte de Zinoviev affirmant possible « d’ajourner
la discussion jusqu’à ce que les circonstances soient plus favorables »
et, sans consulter son collègue de la rédaction, Sokolnikov, la fait suivre d’une
note prudemment anonyme, mais dont il reconnaîtra plus tard la paternité,
affirmant l’espoir que la déclaration du camarade Zinoviev réglera la question.
Il s’en prend par ailleurs au « ton tranchant du camarade Lénine [qui] ne
change rien au fait qu’au fond nous restons des camarades politiques [260]  ». Au
Comité central du même jour, Staline s’oppose à toute sanction contre les deux
hommes : « l’exclusion du Parti n’est pas une recette ; il faut
garder intacte l’unité du Parti [261]  ».
Critiqué pour avoir publié sa note sous le nom du comité de rédaction, Staline
présente sa démission, qui est refusée.
    À tous les moments décisifs de la révolution, et jusqu’en
1923, l’ampleur dramatique des problèmes exacerbe en chacun une vision propre,
exagère la volonté d’imposer ses idées, hypertrophie ses traits de caractère.
Ainsi Kamenev et Lénine vont tous deux jusqu’au bout de leur position, chacun
menaçant de démissionner (Lénine) ou démissionnant (Kamenev) du Comité central
pour affirmer et défendre son point de vue. Le futur homme d’acier se complaît,
quant à lui, dans une position floue et conciliatrice. Enclin à suivre la ligne
de moindre résistance, il ne s’engage qu’à regret dans la lutte entre les idées
et les hommes ; il veut atténuer les oppositions profondes et accorder les
inconciliables. Cette indécision lui interdit alors de jouer un grand rôle dans
les événements, mais lui garantit dans l’appareil dirigeant la place d’un homme
propre à arrondir les angles et à recoller les morceaux. Telle est l’une des
clés de son ascension dans l’appareil du Parti.
    Le 22 octobre, « la journée du soviet de Petrograd »
rassemble des centaines de milliers de manifestants qui réclament « tout
le pouvoir aux soviets ». Dans la nuit du 23 au 24, Kerenski prend la
mouche, engage des poursuites

Weitere Kostenlose Bücher