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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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redoutables. Le 6 juillet, les SR de gauche
assassinent l’ambassadeur allemand Mirbach et se soulèvent à Moscou pour
imposer la reprise de la guerre avec l’Allemagne. Ils disposent de deux fois
plus de forces armées que les bolcheviks, dont les principaux soutiens (les
tirailleurs lettons) sont partis célébrer leur fête populaire en banlieue ;
ils ne cherchent ainsi qu’à faire pression sur le gouvernement bolchevik, non à
prendre le pouvoir. Face à une population surtout préoccupée par les problèmes
de ravitaillement, l’aventure tourne vite au fiasco.
    Des détachements franco-anglais débarquent à Mourmansk, au
nord, et installent un gouvernement dirigé par un « socialiste-populaire »
à barbe blanche, Tchaïkovski. En août, les Turcs et les Anglais occupent l’Azerbaïdjan.
Les mencheviks accueillent les Allemands en Géorgie. Le 6 août, les Tchèques
prennent Kazan, à l’est de Moscou dont la route leur est ouverte. La Russie
soviétique, réduite à l’ancien royaume de Moscovie autour de Petrograd et
Moscou, semble perdue.
    Le déchaînement de la guerre civile libère Staline des
discussions stériles de son commissariat où son activité se réduit à bien peu
de chose : il donne une interview à la Pravda (3-4 avril) sur
la future Fédération de Russie, envoie un télégramme au V e  congrès
des soviets du Turkestan (22 avril), participe à la réunion préparatoire
du congrès de fondation de la République soviétique de Tataro-Bachkirie, dont
la guerre civile empêchera la tenue, et fait un bref voyage à Koursk pour des
pourparlers de paix avec une Rada ukrainienne moribonde ; les Allemands
ont en effet installé à Kiev un fantoche ukrainien, Skoropadski, sous la
responsabilité duquel ils pillent le pays pour nourrir l’Autriche et l’Allemagne
affamées. Enfin, membre du Comité exécutif central des soviets, l’organe
officiel, de plus en plus décoratif, d’un pouvoir désormais concentré entre les
mains du Parti, Staline ne prend à peu près aucune part à son activité.
    La crise du ravitaillement, cause première de la révolution
de Février, s’aggrave au fil des mois. Les paysans ont pris la terre mais ne
veulent pas donner leur blé ; la guerre civile rampante, puis ouverte, la
désorganisation et l’insécurité des transports, la rupture des stocks, l’effondrement
de l’industrie, la constitution d’une Armée rouge qui accapare une part
croissante d’une production industrielle déclinante, aggravent la menace de
famine. En mars 1918, le gouvernement met au point un système d’échanges
en nature entre la campagne et la ville. Les paysans sont invités à apporter
leur récolte à des dépôts centraux en échange de produits industriels. Mais les
paysans rechignent à se déplacer pour un troc hypothétique, les dépôts sont
souvent pillés, le grain entassé perdu ou pillé lui aussi. Dès le printemps 1918,
la population affamée des villes part se ravitailler à la campagne. La
dislocation de l’État en une pluie de principautés plus ou moins autonomes et
la guerre civile réduisent à néant la rentrée des impôts. La planche à billets
fonctionne à tout va. Les paysans refusant d’échanger leurs produits contre des
coupures dont la valeur s’effondre, les ouvriers fabriquent dans leurs usines
de plus en plus désertées divers objets d’usage courant comme monnaie d’échange.
Une économie parallèle, dite « du sac », se développe : des
groupes font la navette entre les régions agricoles et les villes pour vendre
ou troquer du savon, du pétrole à lampe, du tissu, des clous, des briquets, du
cuir contre de la farine, des pommes de terre, du sel, du sucre. Ils se
rassemblent en bandes organisées, souvent armées, qui prennent d’assaut les
trains, rackettent parfois les passagers entassés dans des wagons crasseux,
souillés de sanies et d’excréments, assis ou allongés sur les toits, et
désorganisent le trafic ferroviaire. Comme ce trafic conjure la famine, le
pouvoir hésite entre la répression, la confiscation et le laisser-faire.
    Pour nourrir les villes et l’Armée rouge, pour surmonter
aussi les réticences des paysans aisés à livrer leur blé, le gouvernement
envoie dans les campagnes des détachements d’ouvriers et de gardes rouges pour
la réquisition, puis crée, le 11 juin 1918, les « comités de
paysans pauvres », chargés de réquisitionner les « excédents »
de grains

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